Facebook va-t-il se relever ? Déjà marqué par une année très difficile, entre l'audition de son PDG Mark Zuckerberg au Congrès américain et le scandale des données aspirées par Cambridge Analytica, le réseau social affronte aujourd'hui une nouvelle tempête. Une enquête du New York Times publiée mercredi lève le voile sur la gestion de crise de l'entreprise, faite d'impréparation et de décisions contestables. Résumé des principales révélations.

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L'ingérence russe cachée au public

En novembre 2016, juste après l'élection, Mark Zuckerberg qualifiait de "folle" l'idée que les fausses informations auraient influencé les utilisateurs de Facebook jusque dans les urnes. Pourtant, l'été de la même année, raconte le New York Times, le chef de la sécurité Alex Stamos avait été informé de découvertes préoccupantes autour de comptes liés aux campagnes présidentielles alors en activité. Il a alors monté une équipe chargée de surveiller l'activité russe sur le réseau social, ce dont il a fait part à Sheryl Sandberg et Mark Zuckerberg après le déni exprimé publiquement par celui-ci. Menée dans son coin, son initiative a été mal reçue, mais les dirigeants de Facebook l'ont poursuivie.

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Ce qu'ils ont découvert était bien plus sérieux qu'imaginé. Pourtant, en public, Facebook continuait de minimiser l'ampleur de l'opération d'influence menée sur la plateforme par la Russie. Des communiqués publiés courant 2017 évitaient de pointer le Kremlin du doigt dans un souci de ne pas apparaître comme pro-démocrates aux yeux des utilisateurs républicains. Invités par Mark Zuckerberg à présenter leurs conclusions devant le comité d'audit de Facebook, Alex Stamos et Colin Stretch, le directeur juridique de l'entreprise, ont admis qu'ils n'étaient sans doute pas au bout de leurs découvertes. Un aveu de faiblesse qui a provoqué la colère de Sheryl Sandberg, raconte le New York Times.

Des méthodes contestables contre les critiques

Cerné par les critiques, Facebook est passé à l'attaque. Definers, une entreprise de relations publiques fondée par des Républicains rompus aux campagnes présidentielles, a été chargée de renverser la vapeur. Premier objectif: salir ses concurrents. Des dizaines d'articles très critiques envers Apple et Google ont ainsi fait leur apparition sur un site d'information voisin des bureaux de Definers. Les critiques du PDG d'Apple, Tim Cook, exprimées après le scandale Cambridge Analytica, ne pouvaient rester sans réponse.

Deuxième objectif, toujours selon le New York Times: décrédibiliser les critiques. Là encore, Definers était à la manoeuvre. Cet été, la firme a soumis à des journalistes un document présentant George Soros, le milliardaire américain, comme le financier derrière l'organisation Freedom for Facebook, explique le New York Times.

L'obsession pour George Soros est pourtant plus un marqueur conservateur, voire d'extrême-droite. Son engagement en faveur de la démocratie et du progressisme lui a attiré des ennemis parfois virulents, qui voient son influence partout - des soupçons souvent sans fondement et parfois même motivés par l'antisémitisme. Le philanthrope avait en l'occurrence bien financé deux groupes membres de Freedom for Facebook, mais en allant sur ce terrain, Facebook n'a certainement pas amélioré son image. Soit l'inverse du but recherché.

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