Où est le «choc d’offre» promis par le président de la République? Les promoteurs immobiliers tirent la sonnette d’alarme après la nette baisse des mises en vente de logements neufs au troisième trimestre (-17,5% par rapport au troisième trimestre 2017).

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Parmi les explications avancées, un ralentissement très fort des permis de construire. «Des promoteurs sont même poussés à ne pas déposer des permis, dénonce Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Certains élus expriment une saturation du bâti dû aux contentieux qu’ils ont eus avec des habitants ou aux nuisances générées par les chantiers.» Sans doute aussi que l’approche des élections municipales n’incite pas les maires à délivrer le fameux sésame aux promoteurs. «La politique du logement du gouvernement est paradoxale: il fixe des objectifs de construction ambitieux au niveau national mais il donne de fait un droit de veto aux maires qui délivrent les permis de construire», déplore Alexandra François-Cuxac.

La FPI souligne que le problème ne vient pas de la demande des particuliers qui, malgré un pouvoir d’achat en berne ou une réduction des aides publiques, résiste plutôt bien (-1,7% par rapport au troisième trimestre 2017, sur un an). Pour la première fois depuis 2014, les ventes en accession sont même supérieures à celles aux investisseurs. En revanche, le marché de l’investissement locatif est en nette chute (-17% par rapport au troisième trimestre 2017, sur un an), confirmant une récente étude du Crédit Foncier. «Les investisseurs ont besoin de confiance, rappelle la présidente de la FPI. Ce n’est pas le discours stigmatisant du gouvernement ou les mauvais signaux comme l’éventuelle suppression de la possibilité de louer son logement Pinel à des proches, qui vont les rassurer» (voir notre vidéo). Le gouvernement s’étant opposé à cet amendement déposé par des députés LREM, cette mesure ne devrait a priori pas être adoptée.

À cet attentisme des maires s’ajoutent des procédures trop longues et des recours abusifs. Bref, les lourdeurs administratives auxquelles la loi logement, qui doit bientôt être promulguée, doit mettre fin. Mais les promoteurs réclament une accélération de la mise en œuvre de la réforme du marché. Car qui dit baisse des mises en vente, dit baisse de la production et donc recul des ventes (-9,7% au troisième trimestre 2018, sur un an). Et qui dit baisse des ventes, dit suppressions de postes mais aussi pénurie et donc hausse des prix. «Le gouvernement doit passer à la seconde étape, celle du dialogue avec les collectivités pour éviter une fragilisation des entreprises. La politique du logement se fait dans les territoires», rappelle Alexandra François-Cuxac.

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