Pourquoi les Hôpitaux de Paris investissent massivement dans les robots chirurgicaux

Avec neuf nouveaux robots, pour 52 millions d’euros, l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) devient l’hôpital d’Europe le plus robotisé. Une avancée pour les médecins et les patients.

    Un vrai virage technologique et culturel. Si jusque-là l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) regardait avec circonspection l'immixtion des robots dans les salles d'opération, n'en ayant acquis que quatre jusque-là, les derniers progrès réalisés par les fabricants l'ont incité à faire un pas de géant avec l'achat de neuf « systèmes chirurgicaux assistés par robot ». Entre les appareils, la formation initiale, le contrat de maintenance et les coûteux « consommables » (pièces à changer, etc.), c'est un investissement de 52 M€ que va réaliser l'AP-HP.

    Produits en Californie par le pionnier et leader du secteur, la société Intuitive, ces robots, modèles Da Vinci Xi, ressemblent à un gros boîtier mobile d'où sortent quatre longs bras articulés capables de se positionner automatiquement sur le patient en fonction de l'intervention. Tous sont associés à un double poste de travail dédié aux chirurgiens. Dotés de mini-joysticks, de pédales (comme sur les jeux vidéo), et d'écran-lunettes permettant de s'immerger en haute résolution et en 3D dans le corps du patient grâce à des caméras. Bluffant!

    Une dépense étalée sur sept ans

    Cet investissement sans précédent, les Hôpitaux de Paris l'ont réalisé sur leurs seuls fonds propres et dans un contexte financier très tendu. « La dépense sera étalée sur sept ans », nuance François Crémieux, directeur général adjoint de l'AP-HP qui se félicite que le plus grand CHU d'Europe « se positionne au niveau mondial comme un acteur majeur de la chirurgie robotique ».

    Un des appareils vient d'être installé dans le nouveau service de chirurgie ambulatoire construit à la Pitié-Salpêtrière pour des interventions sans hospitalisation. Une première en Europe. Cinq autres robots seront installés d'ici à la fin 2018 dans les hôpitaux Cochin, Georges Pompidou (HEGP), Henri-Mondor, Robert-Debré et Tenon. Trois autres seront livrés début 2019 à Bicêtre, Bichat et Saint-Louis.

    A terme, treize disciplines en bénéficieront : chirurgie cardiaque, colorectale, digestive, hépatobiliaire, infantile, plastique, thoracique, viscérale, gynécologique, ORL, stomato, urologie et surrénalienne. Les neuf nouveaux venus réaliseront 1 600 opérations la première année, puis 3500 par an en vitesse de croisière.

    Pour les patients, les avantages sont multiples

    Non seulement l'AP-HP va devenir le groupe hospitalier qui comptera le plus de robots en Europe (13), mais « elle disposera également du plus grand nombre d'équipes médicales capables de les utiliser », insiste François Crémieux.

    Pour les patients, les avantages sont multiples. Le robot permet par exemple d'intervenir sur des organes inaccessibles en coloscopie, comme pour les tumeurs du rein, qui nécessitait jusque-là d'ouvrir le patient. Comme avec la coloscopie, quatre ou cinq petits trous suffisent pour introduire les instruments et caméra. « C'est donc moins de douleurs pour le patient, un rétablissement plus rapide et des cicatrices beaucoup plus discrètes », rapporte le Dr Christophe Vaessen, urologue et précurseur de la chirurgie robotisée à l'AP-HP, qui exerce à la Pitié-Salpêtrière.

    Pour les médecins, « c'est plus de confort et de précision : on peut enchaîner les opérations sans fatigue, contrairement aux autres techniques, précise de son côté le Pr Morgan Rouprêt, spécialisé en urologie et cancérologie. Enfin, dit-il, avec les robots on va standardiser les pratiques ce qui va encore améliorer la sécurité des patients ».