Robots chirurgicaux : nous avons suivi une opération en direct

Alors que l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) vient d’acquérir neuf robots chirurgicaux, Le Parisien-Aujourd’hui en France a pu suivre une opération à la Pitié-Salpêtrière.

    « L'intervention consiste à retirer le rein gauche et sa tumeur cancéreuse ». Urologue et expert en chirurgie robotique à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière (Paris XIIIe), le Dr Jérôme Parra a bien voulu nous ouvrir les portes du bloc, où un jeune chirurgien opère avec un robot Intuitive, un modèle Da Vinci Xi, prédécesseur de celui qui vient d'être livré deux étages plus haut.

    Dans la salle sombre, on ne voit que lui : entièrement recouvert d'un film plastique pour garantir l'asepsie, le robot et ses bras déployés semblent occuper tout l'espace. C'est à peine si l'on aperçoit la patiente et les cinq petites incisions réalisées sur son ventre pour permettre l'accès des outils clipsés au bout des bras, dont une caméra HD.

    A deux mètres de là, assis à son poste de travail, un chirurgien tourne le dos au patient. La tête rivée dans des lunettes 3D, le pouce et l'index de chaque main insérés dans un joystick mobile et les pieds à portée de six pédales, il est concentré. Une dizaine d'écrans vidéo reproduisent ce que voit et fait le chirurgien. L'ambiance est plutôt détendue.

    Des mouvements très fluides

    Ce qui impressionne d'entrée, c'est l'absence de délai de latence entre le moment où le chirurgien actionne sa manette ou une pédale et celui où le robot repositionne ses bras. Les « mouvements » sont très fluides, les « gestes » millimétriques. Sur les écrans, on voit les ustensiles sectionner, brûler, pivoter, avancer, soulever… avec précision et délicatesse les tissus afin de détacher l'organe à extraire.

    Un des bras du robot remonte : le chirurgien a demandé que l'on installe un nouvel outil. Le nouvel ustensile est identifié, le robot donne son feu vert pour l'insérer dans le corps. « Ces outils de précision, sont fragiles et très coûteux », glisse le Dr Parra. 2000 euros pièce et une durée de vie de seulement huit interventions.

    Comme les nouveaux robots, celui-ci dispose d'un double poste de commande qui permet au chirurgien de se faire assister ou conseiller par ses pairs. Un clic et les commandes basculent d'un poste à l'autre. Grâce à des flèches de couleur, le Dr Parra, urologue aguerri à la chirurgie robotique, pointe une zone pour son « élève » : « attention à ce vaisseau » prévient-il avant de rendre les commandes.

    « Les nouveaux robots, explique le Dr Parra, offrent une gamme d'actions plus large, un angle de vision à 200 degrés et une qualité d'images – numérique – qui faciliteront encore le travail de précision. Enfin, le Xi place lui-même ses quatre bras aux bons endroits, au-dessus du patient, selon l'intervention programmée. Un vrai gain de temps. Nous allons pouvoir réaliser des opérations plus complexes tout en augmentant la sécurité du patient ».