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Ligue 1 : toujours aucun Vert à Lyon pour le derby avec l’OL

Malgré le soutien de Saint-Etienne à ses supporteurs, il n’y aura cette année encore aucun Vert en tribune lors du derby à Lyon. Une situation qui perdure depuis 2013.

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Publié le 23 novembre 2018 à 11h47, modifié le 24 novembre 2018 à 12h13

Temps de Lecture 6 min.

Depuis 2013, les supporteurs des Verts n’ont plus été autorisés à faire le déplacement à Lyon pour le traditionnel derby de la Ligue 1.

L’espoir était mince mais leur détermination sans faille. Au début du mois, les ultras stéphanois avaient clairement affirmé leur mot d’ordre, « Tous à Lyon ! », dans un communiqué cinglant : « Depuis le 28 avril 2013, le peuple stéphanois ne s’est plus rendu en terre lyonnaise, ni à Gerland et encore moins au Parc OL. Il n’est pas envisageable pour nous de vivre un énième derby devant la télévision. »

Pourtant, rien n’y a fait. Vendredi 23 novembre, comme depuis cinq ans et demi, il n’y aura finalement pas de supporteurs stéphanois à Lyon à l’occasion du traditionnel derby entre les deux équipes. La faute à deux décisions distinctes : la première, celle de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) ayant sanctionné Saint-Etienne d’une fermeture du parcage visiteur à la suite des incidents de la 11e journée de Ligue 1 à Nîmes. La seconde, celle du préfet du Rhône, qui a pris un arrêté d’interdiction de déplacement des supporteurs pour ce grand rendez-vous.

« Deux éléments ont conduit à la décision, récapitule dans L’Equipe un porte-parole de la préfecture du Rhône. Le huis clos de la commission de discipline de la LFP et le passif entre les deux clubs, qui nous a montré qu’il y avait des risques importants de troubles à l’ordre public. »

Comme elle l’a déjà fait par le passé, l’ASSE a pris fait et cause pour ses supporteurs en interjetant appel de la décision de la commission et en déposant un recours auprès du tribunal administratif de Lyon contre l’interdiction de déplacement. Las ! il sera interdit d’afficher sa qualité de fan des Verts aux abords du stade du rival. Pour éviter des troubles dans les tribunes lyonnaises, le club déconseille d’ailleurs à ses supporteurs de se déplacer par leurs propres moyens. Quant aux places du parcage visiteur, l’OL les a commercialisées pour son propre public.

« Je trouve dangereux que le foot s’éloigne de ses supporteurs »

Le directeur général de l’ASSE, Frédéric Paquet, ne digère pas de devoir se passer de soutien. « Quand je vois les arguments avancés pour interdire les déplacements, je me dis qu’on est en train de se mentir. Si c’est juste une question de moyens, il faut le dire. Et ne pas utiliser des raisons vieilles de dix ans, a-t-il déclaré, Je trouve dangereux que le foot s’éloigne de ses supporteurs, qui en font pourtant partie intégrante. Il faut faire attention, car nous finirons par être tous perdants. »

A Lyon, la décision est accueillie d’une tout autre manière. Jamais le dernier pour défendre ses ultras, qui ont récemment valu à son club un huis clos pour un match de Ligue des champions, le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, ne s’est pas montré très coopératif : « S’il y a la possibilité qu’ils viennent en étant très encadrés, je ne m’y opposerai pas sur un plan personnel, mais pour le moment ce ne sont pas les plus respectueux des règles ni des installations, et le handicap est double si en plus ils viennent perturber les groupes (de supporteurs) adverses. Et notamment ceux de Lyon, qui respectent ces règles. » Une référence au match Lyon-Bordeaux du 3 novembre dernier, à l’occasion duquel quelques supporteurs stéphanois s’étaient glissés dans le parcage du Parc OL à l’invitation de leurs amis ultras bordelais.

Mobilisation pour encadrer les « gilets jaunes »

Vendredi matin, à quelques heures du match, le Conseil d’Etat a rejeté l’appel de l’association nationale des supporteurs (ANS), militante pour la cause des ultras, contre l’arrêté préfectoral.

« Cet arrêté n’évoque rien d’autre que les contentieux entre supporteurs et les incidents du passé, sans prendre en compte qu’il n’y a pas eu de déplacement depuis plus de cinq ans et que désormais le match a lieu dans un stade moderne, sécurisé, situé en périphérie, loin du centre-ville, déplore l’avocat de l’ANS, Pierre Barthélemy. Quant à l’audience au tribunal, le principal argument du rejet a été la mobilisation des forces de l’ordre dans le cadre des actions des “gilets jaunes”… »

Lors d’une réunion de préparation du 5 novembre en préfecture du Rhône, le club stéphanois avait pourtant montré sa bonne volonté. « L’ASSE était prête à collaborer autant que besoin au dispositif de sécurité, notamment en mobilisant beaucoup plus de stadiers que la norme imposée et en les plaçant dans les bus. Des horaires particuliers de trajet avaient aussi été proposés », ajoute l’avocat.

Les Stéphanois soulignent qu’en milieu de semaine le stade de Lyon accueille régulièrement plusieurs milliers de supporteurs italiens, anglais ou allemands dans son parcage « visiteurs », et qu’eux-mêmes étaient 3 000 à se déplacer à Manchester en février 2017.

« Les interdictions créent plus de troubles qu’elles n’en règlent »

Dans les faits, la mobilisation des forces de l’ordre est souvent équivalente pour faire appliquer l’interdiction de déplacement que pour organiser un déplacement sécurisé d’une soixantaine de kilomètres, en vue d’un match de football.

La preuve en avait été apportée le 12 mai, quand quelque deux cents ultras stéphanois avaient tenté de braver une interdiction lors d’une rencontre de Ligue 1 à Monaco. Pour contourner les décisions des autorités de la principauté et du préfet des Alpes-Maritimes, ils avaient tenté de passer par l’Italie mais avaient été repoussés à Menton. La mobilisation de cent personnels de police et de gendarmerie (cinq sections au total) avait été nécessaire pour vérifier les gares et les trains, sans compter ceux chargés de vérifier les routes. Une question du député de la Loire Régis Juanico avait permis de lever le voile sur l’importance du dispositif.

« Que cela soit les fermetures de parcage ou les interdictions de déplacement, elles créent plus de troubles à l’ordre public qu’elles n’en règlent, estime James Rophe, président de l’ANS et ultra parisien. En “off”, tous les acteurs disent qu’il est débile de fermer un parcage, au risque de disséminer des ultras dans le stade. On l’a vu pour le match entre le PSG et l’Etoile rouge de Belgrade [des échauffourées avaient eu lieu le 3 octobre autour du Parc des Princes, alors que la tribune des ultras parisiens était fermée, NDLR]. »

Les Stéphanois ont toujours refusé les solutions intermédiaires consistant à limiter le parcage à quelques centaines de supporteurs, au motif que « s’il est possible d’organiser une escorte pour dix bus, ça l’est aussi pour quinze », avance Tom, ultra des Green Angels et vice-président de l’ANS. « Combien de temps cette situation durera-t-elle ?, s’interroge-t-il. Est-ce qu’un jour les plus jeunes supporteurs stéphanois pourront découvrir ce qu’est un derby ? »

La dernière fois que des supporteurs stéphanois ont pu assister à une victoire de leurs protégés dans le Rhône remonte au 25 septembre 2010. Ce jour-là, Dimitri Payet avait nettoyé la lucarne d’Hugo Lloris et fait exploser un parcage stéphanois bien garni.

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