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Tennis : la « Dream Team » croate ramène la Coupe Davis à la maison

Favoris de la finale, les Croates de Marin Cilic, vainqueur dimanche de Lucas Pouille, n’ont laissé aucune chance aux Français et remportent leur second Saladier d’argent.

Par  (Villeneuve-d'Ascq, envoyé spécial)

Publié le 25 novembre 2018 à 16h25, modifié le 26 novembre 2018 à 07h58

Temps de Lecture 5 min.

Pour la dernière édition de l’historique Coupe Davis, les Croates remportent le Saladier d’Argent.

En sport, le plus souvent, c’est Goliath qui l’emporte. Ce qui valorise d’autant plus les rares épopées des petits poucets magnifiques. Dimanche 25 novembre, et tout au long du week-end lillois, le golgoth était croate. Plus grand, plus rapide, plus précis, meilleur que son adversaire français, Marin Cilic a sèchement battu Lucas Pouille et offert à la Croatie la seconde Coupe Davis de son histoire (7-6 [7-3], 6-3, 6-3). Une victoire sans appel, à l’image du week-end au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq (Nord). Une victoire pour l’histoire, car celle-ci retiendra que la nation au damier a remporté l’ultime édition de la compétition centenaire.

Deux ans plus tôt, dans une chaude ambiance zagreboise, le no 1 croate s’était liquéfié face à Juan Martin Del Potro, laissant filer un titre que la Croatie pensait tenir. Et à voir l’entame de rencontre du « mec normal » du tennis mondial, ce souvenir a pu remonter à un moment dimanche. Mal assuré sur ses premières balles et commettant plus d’erreurs que vendredi face à Tsonga, Marin Cilic a été quelque peu malmené dans un premier set accroché.

Ultime coup de poker de la carrière de capitaine de Yannick Noah, Lucas Pouille, dont l’annonce de la sélection a été faite une heure pile avant la rencontre, débutait le match comme il le fallait. Assurant au service, réussissant des amortis faisant frissonner le public, le Nordiste malmenait le Croate, sans pour autant parvenir à prendre l’avantage.

« On s’est fait défoncer »

Mais le bluff a ses limites. Et miser sur les faiblesses adverses – comme l’a fait Noah en choisissant la terre battue comme surface et en sélectionnant le terrien Jérémy Chardy – ne transforme pas une citrouille en carrosse. Parfois, la différence de niveau est trop importante. Après un premier set tendu, qui s’est débloqué au tie-break en faveur de Cilic, le Croate a « commencé à mieux jouer, à mieux servir » et a déroulé son tennis, ne laissant pas la moindre chance à Lucas Pouille, sèchement battu au final.

« On était dos au mur, on n’avait pas d’autre choix que de gagner si on voulait rester en vie. Je pense que j’ai fait mon match, a résumé Pouille après la rencontre. J’ai tout donné sur le terrain. Mais il a été meilleur un peu dans tous les compartiments. » De quoi atténuer les regrets d’une escouade française dont la présence en finale tenait autant de la baraka du capitaine français qu’à la profondeur de l’effectif français.

« Je ne suis pas si déçu que ça, s’est presque étonné Yannick Noah, qui rend les clés du camion France après cette campagne. On s’est fait défoncer, on n’a pas fait un break du week-end. » Si l’on met de côté le double victorieux, les Bleus ont été incapables de prendre un seul jeu de service croate en trois rencontres de simples. Conséquence logique, pour la première fois depuis 1966, une finale de Coupe Davis s’achève avec une équipe n’ayant remporté aucun set en simples.

Ultime Coupe Davis avant l’inconnu

« C’est une statistique incroyable, qui souligne notre niveau », s’est rengorgé le capitaine croate, Zeljoko Krajan, après la rencontre, conscient d’avoir assisté à « l’une des meilleures performances » de ses protégés. Au volant du rutilant bolide croate depuis sept ans, l’ancien international croate est conscient « d’avoir dirigé une “Dream Team” » depuis l’entame de la saison.

Seule équipe à inclure un joueur du top 10 (Cilic), un du top 15 (Coric) et l’un des meilleurs joueurs de double du circuit (Pavic), la Croatie a assumé son statut de favorite tout au long du week-end. Soutenue par une horde de fans ayant par moment réduit au silence les supporteurs français pourtant bien supérieurs en nombre et la présidente de leur pays, Kolinda Grabar-Kitarovic, qui n’a pas manqué une miette de la finale, l’équipe de Zeljoko Krajan s’est adjugé la dernière Coupe Davis telle qu’on la connaît.

« C’est un moment historique », a estimé Marin Cilic, heureux de « terminer en haut », lui qui, du haut de ses 30 ans, a vu passer « quelques générations de joueurs, beaucoup de victoires, et beaucoup de défaites » sous le maillot croate. Et d’espérer que la nouvelle formule de la compétition – présentée en grande pompe jeudi à Madrid par Kosmos, l’entreprise de Gerard Piqué – permettra dès l’année prochaine, de fournir « davantage d’argent aux petites fédérations pour soutenir la formation des jeunes. »

Noah s’emporte contre « les menteurs »

En l’emportant dimanche, Marin Cilic efface en sus un astérisque à l’histoire de la compétition. Désormais, chacun des sept joueurs en activité à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem (Federer, Nadal, Djokovic, Murray, Wawrinka, Del Potro et lui-même) a également un Saladier d’Argent à son palmarès. Surprenant pour « une compétition qui n’intéresse personne », comme on a pu l’entendre pour justifier la réforme drastique de son modèle. Une réforme qu’a douloureusement évoquée Yannick Noah, dans une longue tirade :

« On parle d’argent avec cette nouvelle formule, mais combien ça coûte quand on sert la main et prend une photo avec Lucas Pouille ? Combien cela vaut ? Combien vaut un rêve en dollars ? Je viens de là. Un jour quelqu’un qui m’a serré la main et m’a donné une raquette. Cela ne se produira plus jamais. J’espère vraiment qu’ils ne vont pas l’appeler la Coupe Davis, parce que ce n’est pas la Coupe Davis. Jouer deux sets, ce n’est pas la Coupe Davis. Jouer ailleurs, ce n’est pas la Coupe Davis. Quand les gens me disent que c’est la Coupe Davis, ils mentent. »

Après la génération Ljubicic en 2005 – un an avant l’arrivée de Cilic en équipe nationale –, la Croatie remporte son second trophée mondial. Face à cette France, qui avait plongé le pays dans l’effroi un soir de juillet, au terme de la finale de la Coupe du monde. Dans le stade de Moscou ce soir-là, Mate Pavic n’avait « pas trouvé ça drôle du tout ». Les quelque 27 000 spectateurs du « plus grand stade de tennis du monde », comme le présente Damien Castelain, président de la Métropole lilloise, acquiesceront. Pour la dernière fois avant de longues années, l’historique Saladier d’argent a été remis sous leurs yeux. Pas à leurs favoris, mais à la meilleure équipe, saluée par Noah : « Ils font de beaux vainqueurs. »

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