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Ligue des champions : Manchester City dans la tourmente des « Football Leaks »

Le champion d’Angleterre – qui se déplace mardi à Lyon – est, avec le PSG, le plus cité dans les révélations sur le contournement des règles du fair-play financier et de recrutement des mineurs.

Le Monde

Publié le 27 novembre 2018 à 06h58, modifié le 27 novembre 2018 à 18h51

Temps de Lecture 4 min.

Ils ont tous deux de riches propriétaires originaires de pays du golfe Persique (le Qatar et les Emirats arabes unis), dominent leur championnat, même si la concurrence est plus ardue pour l’un que pour l’autre (Premier League contre Ligue 1), et rêvent de conquérir l’Europe qui se refuse encore à eux. Dernier point commun entre ces deux clubs, Manchester City et le PSG, ils sont au centre des révélations des « Football Leaks », et pas seulement pour leurs infractions au fair-play financier.

En France, les affaires concernant le club de la capitale, possédé par les Qataris depuis 2011, ont logiquement connu un plus grand retentissement. Mais les Mancuniens, qui se déplacent à Lyon mardi 27 novembre pour l’avant-dernière journée de la phase de groupes de la Ligue des champions, ont également dû faire face à une volée de révélations.

Avant d’affronter l’Olympique lyonnais à 21 heures, voilà un résumé des principales « affaires » qui touchent le club appartenant, depuis 2008, au cheikh Mansour Bin Zayed Al-Nahyan.

  • Expert pour contourner le fair-play financier

Le propriétaire émirati du club ne recule devant aucune dépense pour faire de Manchester City un grand d’Europe et lui redonner son lustre d’antan en Premier League. Le jouet du cheikh Mansour est un gouffre sans fin.

Selon les révélations du consortium européen, auquel Mediapart participe en France, il avait déjà dépensé 1,23 milliard d’euros après moins de quatre ans de présidence, en 2012. Son ambition est sans limite mais, problème, l’UEFA de Michel Platini tente alors de lui en imposer.

Le fair-play financier entre en vigueur à partir de 2013 et se dresse comme un obstacle censé encadrer ces dépenses qui ne reposent sur aucune logique économique, si ce n’est l’immense fortune du propriétaire.

Deux stratégies de contournement vont être mises en place. La première consiste à gonfler artificiellement les montants des partenariats du club anglais : on modifie en cours de saison la somme prévue pour un contrat (contrat antidaté par exemple), ou on fait verser par un sponsor une prime prévue en cas de victoire en Cup alors que l’on a perdu la finale…

En réalité, l’argent ne provient pas de ces apparents partenaires mais de la fortune personnelle du propriétaire. Ainsi, pour l’année 2012, le richissime cheikh aurait payé 127,5 millions d’euros sur les 140 millions donnés à Manchester City par ses quatre supposés sponsors émiratis.

La deuxième stratégie, révélée par Der Spiegel, porte un nom pour le moins ironique, « le projet Longbow », le Longbow étant l’arc redoutable utilisé par les archers anglais contre les chevaliers français lors des batailles de Crécy (1346) et d’Azincourt (1415). La référence vise le président français de l’UEFA, Michel Platini. « Longbow » consiste en une externalisation de certaines dépenses, confiées à des sociétés parallèles financées par Mansour en personne.

Mediapart décrit le fonctionnement de l’une de celles-ci, nommée Fordham. « Fordham permet à City d’externaliser le coût des droits à l’image – ce qu’il paie à ses joueurs pour utiliser leur image dans des publicités ou du marketing. Fordham se charge de rémunérer les joueurs, et City engrange les revenus des pubs, soit presque 30 millions d’euros par an, sans rien dépenser. » Selon le média en ligne, City, dont la manœuvre a intrigué l’UEFA, a depuis cessé de vendre les droits d’images de ses joueurs à des entités extérieures.

  • Arrangements entre amis

En 2014, un an après l’instauration du fair-play financier, l’UEFA se penche sur le dossier City, qui risque une exclusion des compétitions européennes, une catastrophe économique et d’image pour le club anglais. L’instance européenne du football veut infliger une amende de 60 millions d’euros, somme que refuse de payer le président des Citizens, Khaldoon Al Moubarak.

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C’est là qu’intervient le secrétaire général de l’UEFA, Gianni Infantino, aujourd’hui… président de la FIFA. Le bras droit de Michel Platini court-circuite la chambre d’instruction de l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC), l’organe d’enquête indépendant de l’UEFA.

Infantino négocie directement avec les dirigeants mancuniens en mettant en copie dans des échanges de mail… Nicolas Sarkozy. On ne sait pas quel rôle a précisément joué l’ancien président français, supporteur du PSG. Toujours est-il que l’amende diminue de 60 à 20 millions d’euros. Infantino promet : « Les 40 millions restants ne seront dus que si le club ne revient pas à l’équilibre financier à l’avenir. »

  • Payer son entraîneur par des sociétés offshore

Entre 2009 et 2013, l’entraîneur italien Roberto Mancini a été la tête d’affiche du projet émirati à Manchester City. Dans le but d’alléger, en apparence, sa masse salariale, Mancini a été payé par le biais de sociétés offshore basées à l’île Maurice.

Le montage complexe reposait aussi sur le club émirati d’Al-Jazira (Mancini en serait consultant), propriété du cheikh Mansour, et a été facilité par l’entremise de la banque Barclays, à l’époque principal sponsor de la Premier League, dont Mansour est un actionnaire.

  • Des investissements douteux en Afrique

A l’image d’autres grands clubs européens, Manchester City cherche à s’implanter en Afrique, où le réservoir de jeunes footballeurs mineurs est immense. A la recherche de la perle rare, synonyme de bonne affaire financière, la concurrence est rude. Du coup, on considère ces potentiels futurs talents comme de vulgaires marchandises.

Pour augmenter ses chances, selon le journal danois Politiken, Manchester City a passé un accord avec le club du FC Nordsjaelland. Les propriétaires du champion du Danemark 2012 possèdent également une académie de jeunes footballeurs au Ghana, la Right to Dream Academy. Depuis 2010, City y investit chaque année plus d’1 million d’euros. En contrepartie, le club dispose d’un droit de préemption gratuit sur les meilleurs éléments, couplé à un pourcentage à la revente de 25 % sur les joueurs achetés par d’autres clubs.

En plus des problèmes éthiques que cette méthode soulève, se pose la question de la tierce propriété, interdite par la FIFA, qui a, selon la BBC, ouvert une enquête à ce sujet. Le fondateur de Right to Dream et président de Nordsjaelland, Tom Vernon, s’est défendu maladroitement : « La décision finale d’accepter ou pas un contrat appartient aux joueurs. Aucun n’a jamais et ne sera jamais forcé de faire un choix. »

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