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Transition énergétique et « gilets jaunes » : ce qu’il faut retenir du discours de Macron

Le chef de l’Etat s’est exprimé depuis l’Elysée, mardi matin, pour redonner le cap d’une transition énergétique « acceptable », sur fond de fronde des « gilets jaunes ».

Le Monde

Publié le 27 novembre 2018 à 12h14, modifié le 27 novembre 2018 à 17h25

Temps de Lecture 5 min.

« Fin du monde et fin du mois, nous allons traiter les deux et nous devons traiter les deux. » Emmanuel Macron s’est exprimé, mardi 27 novembre, depuis l’Elysée pour redonner le cap de la transition écologique, à l’occasion de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie, et tenter de trouver une sortie de crise au mouvement des « gilets jaunes ». « Nous devons entendre les protestations d’alarme sociale », mais « sans renoncer à nos responsabilités », car « il y a aussi une alarme environnementale », a estimé Emmanuel Macron lors de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie.

Voici ce qu’il faut retenir de son discours.

« Gilets jaunes » : une fiscalité des carburants adaptée

Evoquant le mouvement des « gilets jaunes », qui a « donné lieu à des manifestations importantes et aussi à des violences inacceptables », le président a souligné ne pas « confondre » les casseurs avec « la manifestation sur laquelle ils se sont greffés ». « Je ne confonds pas les casseurs avec des concitoyens qui veulent faire passer un message », a-t-il assuré.

Emmanuel Macron a annoncé que la fiscalité des carburants sera adaptée aux fluctuations des prix afin d’en limiter l’impact pour les personnes qui utilisent beaucoup leur voiture. « Je refuse que la transition écologique accentue les inégalités entre territoires et rende plus difficile encore la situation de nos concitoyens qui habitent en zone rurale ou en zone périurbaine », a déclaré le chef de l’Etat.

Le dispositif permettant d’ajuster la fiscalité sur les carburants à l’évolution des prix sera discuté lors de l’examen, mi-décembre, en deuxième lecture du projet de loi de finances pour 2019, a précisé l’Elysée.

Le président a, par ailleurs, demandé à François de Rugy, le ministre de la transition écologique, de recevoir des membres des « gilets jaunes » mardi à l’Elysée. La délégation devrait être reçue à 19 heures, selon l’entourage du ministre.

Une « grande concertation » sur la transition écologique

Emmanuel Macron a annoncé une « grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale », qui doit permettre « dans les trois mois qui viennent » de répondre à la colère des « gilets jaunes » en élaborant des « solutions », des « méthodes d’accompagnement ». Cette concertation devra être déclinée sur tout le territoire et associer associations, élus et représentants des « gilets jaunes », notamment.

« Je retiens de ces derniers jours qu’il ne faut pas renoncer au cap quand il est juste, mais qu’il faut changer de méthode, car les concitoyens ont considéré qu’on leur imposait ce cap d’en haut. Par des décisions et changements de règles ou par des taxes, sans leur apporter de solutions concrètes », a précisé le chef de l’Etat.

A charge pour le premier ministre, Edouard Philippe, de préciser comment « construire cette méthode commune de travail ». Le président de la République a affirmé « comprendre » et « partager » la « crainte exprimée par nombre de nos concitoyens ces derniers jours : être laissés pour compte, payer la transition énergétique sans en bénéficier ».

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« Je refuse que s’installe une France à deux vitesses, où les plus riches, parce qu’ils ont fait les bons choix d’un point de vue environnemental, auront des factures allégées et les plus modestes, parce qu’ils n’auraient pas eu les moyens d’investir, qui dans un véhicule qui consomme peu, qui dans l’isolation de leur logement, devront payer encore davantage », a-t-il poursuivi. « Je refuse que la transition écologique accentue les inégalités entre territoires et rende plus difficile encore la situation de nos concitoyens qui habitent en zone rurale ou en zone périurbaine », a-t-il encore lancé.

Nucléaire et charbon

  • Entre quatre et six fermetures de réacteurs d’ici à 2028

Le président de la République a rappelé que son engagement était une trajectoire de réduction du nucléaire, en aucun cas une sortie. « Le nucléaire nous permet de bénéficier d’une énergie bas carbone et à bas coût », a-t-il expliqué.

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Emmanuel Macron a fixé à 2035 la date de réduction à 50 % du nucléaire dans la production d’électricité, contre 75 % aujourd’hui. Pour ce faire, le gouvernement va proposer de fermer deux réacteurs nucléaires en 2027 et 2028 – en plus des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim, qui doivent s’arrêter au printemps 2020.

Deux autres pourraient fermer sur la période, si le développement des énergies renouvelables se fait à un rythme soutenu. Soit un total de quatre réacteurs. Ce scénario est inférieur à celui évoqué par Nicolas Hulot lors de sa démission. L’ancien ministre défendait la fermeture de huit réacteurs avant 2028, dont les deux de Fessenheim.

  • Quatorze fermetures d’ici à 2035

Dans le détail, les fermetures de réacteur pourraient s’accélérer après 2028, avec six à huit fermetures supplémentaires dans la période. Concrètement, si le plan du gouvernement se déroule comme prévu, cela pourrait conduire à fermer quatorze réacteurs entre 2020 et 2035, soit 20 % du parc actuel. Ces décisions devraient concerner certains des plus vieux réacteurs, notamment dans les sites de Bugey (Ain), Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche), Gravelines (Nord), Dampierre (Loiret), Blayais (Gironde), Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher).

Les réacteurs nucléaires de 900 MW en France

Cette carte représente les 58 réacteurs nucléaires, et les 34 réacteurs d'une puissance approchant les 900 mégawatts opérationnels en France. Emmanuel Macron a annoncé vouloir fermer quatorze d'entre eux d'ici 2035 : quatre à six d'ici à 2030, le reste entre 2030 et 2035.

Survolez les points pour obtenir plus d'informations sur les réacteurs
  Réacteur de 900 Mw      Réacteurs plus puissants

Le gouvernement précise toutefois qu’aucune centrale ne sera complètement fermée, pour limiter les conséquences sociales et économiques pour les territoires. Ce scénario est relativement conforme à celui avancé par EDF, qui défendait l’idée d’atterrir en 2035 avec une douzaine de fermetures. Mais le groupe espérait que ces décisions se concentrent sur la période 2028-2035.

Lire (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés « Tout le monde n’est pas d’accord pour réduire la part du nucléaire »
  • Pas de construction de nouvel EPR

Le président de la République a, par ailleurs, annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvel EPR annoncé pendant le quinquennat. Mais il n’a pas exclu d’autres constructions à terme. Il a proposé à la filière nucléaire et à EDF de proposer d’ici à la mi-2021 un plan pour la construction de nouveaux réacteurs.

  • Les centrales à charbon fermées d’ici à 2022

« Il faut aussi, pour réussir, cesser de produire ces énergies carbonées sur nos territoires. L’ensemble des centrales à charbon seront fermées d’ici à 2022 », a confirmé le président de la République.

Développer « les énergies renouvelables »

Le soutien au développement des énergies renouvelables va passer de 5 milliards actuellement « à 7 à 8 milliards d’euros par an », a annoncé le président Emmanuel Macron, évoquant un triplement de l’éolien terrestre et une multiplication par cinq du photovoltaïque d’ici à 2030.

« Nous concentrons nos efforts sur le développement des énergies renouvelables les plus compétitives, et parce que nous veillons au pouvoir d’achat des Français, nous serons exigeants avec les professionnels sur la baisse des coûts », a-t-il dit.

Dans le détail, les dépenses annuelles doivent atteindre jusqu’à 8 milliards d’ici à la fin de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui s’achève en 2028, selon l’Elysée. Cela représente un total de 71 milliards d’euros de soutien aux énergies renouvelables (électriques, biogaz, chaleur renouvelable) pour 2019-2028. « Une montée en puissance inéluctable », a affirmé le président de la République.

Emmanuel Macron souhaite multiplier par trois l'éolien et par cinq le solaire

Capacités de production installées jusqu'en 2017 et projetées jusqu'en 2028 d'après les objectifs fixés par Emmanuel Macron le 27 novembre 2018 (en partant du parc installé en 2017)
Source : RTE

 

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