Taxes, impôt, prime à la conversion… La réponse de l’Etat aux Gilets jaunes

Lors de son allocution ce mardi matin, Emmanuel Macron a égrainé quelques pistes de «solutions concrètes et pratiques».

 Paris VIIIe, le 24 novembre. Manifestations des Gilets jaunes sur les Champs-Élysées.
Paris VIIIe, le 24 novembre. Manifestations des Gilets jaunes sur les Champs-Élysées. LP/Frédéric Dugit

    Le président de la République donne rendez-vous aux Français dans trois mois. Un délai durant lequel la concertation lancée ce mardi doit permettre de dégager des « solutions concrètes et pratiques » esquissées par Emmanuel Macron.

    Des taxes allégées en cas de hausse du brut

    Alors que les taxes sur le carburant doivent augmenter de 3 et 6 centimes en janvier, Emmanuel Macron souhaite « avoir tous les trimestres un rendez-vous qui permette, en quelque sorte, d'atténuer l'effet ( de la fiscalité ) pour nos concitoyens, s'il devait y avoir une envolée des cours mondiaux ». En clair : « Le gouvernement pourra décider de suspendre ou réduire la hausse de fiscalité intervenue en début d'année », précise-t-on à Matignon. La dernière en date remonte à 2018.

    Avec un tel mécanisme, « la hausse de la fiscalité aurait été suspendue entre juillet et octobre 2018 », assure-t-on dans l'entourage du Premier ministre. Mais, Matignon se refuse à fixer « un seuil chiffré » car la mesure sera affinée avec le Parlement. Pourtant, il y a peu, un ministre estimait qu'au-delà de « 120 dollars, 130 dollars », l'État ne pourra pas « rester les bras croisés ».

    L'activation de ce coupe-feu dépendra aussi, selon Matignon, « du rythme d'évolution des prix ». La mesure n'est pas sans rappeler la TIPP flottante mise en place dans les années 2000 pour moduler la fiscalité du carburant en fonction du cours du baril. Pour le gouvernement, pas question de revenir à la TIPP flottante.

    Les banques sollicitées pour la prime à la conversion

    La ZOE de Renault à 23 000 euros, l'hybride Prius de Toyota à 30 000 euros… Pour aider les Français à s'équiper de véhicules plus « verts », bien plus chers que les véhicules thermiques, Emmanuel Macron souhaite s'appuyer sur les organismes financiers.

    « Pour des familles, des ménages qui sont à 10, 20 ou 30 euros par mois, il n'est pas envisageable de sortir une somme aussi importante (NDLR : en une seule fois) », indiquait, mardi après-midi, Emmanuelle Wargon, la secrétaire d'État à la Transition écologique. Et de préciser : « on a besoin que les banques mettent en place des dispositifs » comme le « prêt à taux zéro ».

    Mais cette piste -coûteuse pour les finances publiques- ne fait pas l'unanimité. « Ce n'est pas à l'étude », corrige-t-on dans l'entourage de Bruno Le Maire. Ce qui tient la corde? Les banques « travaillent à intégrer le préfinancement de la prime à la conversion dans leurs offres de crédit », indique-t-on à la Fédération bancaire française (FBF), le lobby du secteur financier. Pour éviter l'attente avant de toucher le chèque de l'État, après avoir acheté une voiture propre, les banques pourraient faire l'avance de ce coup de pouce financier.

    Autre piste : proposer des taux et des frais de dossier plus attractifs aux clients qui investissent dans des véhicules verts. « Pas question, en revanche, de nous demander de prêter à des personnes qui ne peuvent pas rembourser », prévient une source bancaire. Bercy et les banques « sont en discussion pour finaliser un plan d'actions dans les prochains jours », précise-t-on à Matignon.

    Vers de nouvelles baisses d'impôts et taxes

    « Cela ne va pas assez vite », pour les Français, a reconnu le chef de l'État en égrainant les mesures fiscales -suppression progressive de la taxe d'habitation et des cotisations salariales- censées favoriser le pouvoir d'achat. Avant d'évoquer, sans en dire davantage, qu'il faudrait intensifier des « changements profonds » et réduire « les impôts et les taxes ».

    Comment ? Pour qui ? « Nous allons continuer à réduire le fardeau fiscal et à mieux rémunérer le travail », présente-t-on à Matignon sans plus de précision.