Des employés de Google rejettent un projet de moteur de recherche censuré en Chine

Pour ces employés, la mise en place de ce moteur censuré créerait « un précédent qui empêcherait Google de refuser des concessions similaires à d’autres pays ».

 Des employés de Google se sont associés à Amnesty International pour dénoncer le projet de moteur de recherche censuré en Chine.
Des employés de Google se sont associés à Amnesty International pour dénoncer le projet de moteur de recherche censuré en Chine. AFP/Oscar Del Pozo

    « Nous nous opposons aux technologies qui aident les puissants qui oppriment les vulnérables, où qu'ils soient », disent-ils en ligne. Plusieurs employés du géant de l'Internet Google ont publié mardi une tribune réclamant à leur direction d'abandonner le projet « Dragonfly » (libellule), un moteur de recherche en Chine respectant les règles de censures imposées par Pékin à ses internautes.

    « Nous sommes des employés de Google et nous nous unissons avec Amnesty International en demandant à Google d'annuler le projet « Dragonfly », […], qui instaurerait une surveillance de l'Etat », peut-on lire au début de la lettre.

    « « Dragonfly » en Chine établirait un dangereux précédent à un moment d'incertitude politique, un précédent qui empêcherait Google de refuser des concessions similaires à d'autres pays », poursuit la lettre.

    Les critiques du régime autoritaire inaccessibles

    Le projet avait déjà été contesté à son annonce en août dernier. Il prévoyait de bloquer automatiquement les sites censurés par le gouvernement chinois. Les références à l'autoritarisme du régime ou à une critique de l'anticommunisme seraient donc inaccessibles via le moteur de recherche, pourtant vu comme un symbole du libéralisme américain.

    « La décision de notre entreprise survient alors que le gouvernement chinois est ouvertement en train d'étendre ses pouvoirs de surveillance et ses outils de contrôle de la population », s'inquiètent les rédacteurs de la lettre ouverte. « Nombre de ces outils reposent sur des technologies avancées, et combinent l'activité en ligne, des dossiers personnels, ainsi qu'une surveillance de masse pour pister et profiler les citoyens. »

    Le PDG de Google, Sundar Pichai, avait reconnu l'existence du projet en octobre. Il l'avait justifiée par le fait qu'il valait mieux offrir un moteur de recherche performant mais avec des restrictions que de laisser les Chinois avec des outils moins bons. Google avait renoncé au marché chinois il y a huit ans, après des cyberattaques et sous la pression des autorités.

    Ce n'est pas le premier scandale qui secoue les claviers du géant de Mountain View. Il y a un mois, une enquête du New York Times révélait des soupçons visant la direction du groupe, qui aurait couvert une série de cas de harcèlements sexuels impliquant de hauts responsables pendant des années. La révélation avait déclenché une série de manifestations des milliers d'employés de Google dans ses antennes à travers le monde.