Karine Ferri : «On ne peut pas tout se permettre pour l’audimat»

L’animatrice de 36 ans s’exprime pour la première fois depuis la diffusion d’anciennes photos d’elle dénudée et se confie sur sa carrière à TF1.

    Mardi soir, au sein de la tour TF1. L'animatrice Karine Ferri nous reçoit avant la finale de « Danse avec les stars » samedi et celle de « The Voice Kids » le 7 décembre, pour dresser un bilan de son année. Mais surtout livrer ses vérités. Au cours de l'entretien, la jeune femme de 36 ans retient ses larmes à plusieurs reprises, secouée par les semaines passées.

    Vous n'avez pas pris la parole depuis la diffusion de photos de vous dénudée dans « Touche pas à mon poste » sur C8, le 31 octobre. Quelle est l'histoire de ces photos ? Pourquoi les avez-vous faites ?

    KARINE FERRI. Si j'avais le choix je n'évoquerais plus ce sujet, mais c'est un passage obligé. J'ai fait ces photos il y a dix-huit ans, à l'âge de 18 ans : un âge où l'on est naïf et où l'on fait confiance. Elles ont été vendues à mon insu, sans que je le sache, et se sont retrouvées en Une d'un magazine et ailleurs, comme si j'avais posé pour eux. Ce qui est faux. Jamais je n'aurais fait cela. C'était du vol et de l'abus de confiance. J'ai porté plainte aussitôt. J'ai gagné le procès et en 2004 elles ont été interdites de diffusion. Dix-huit ans plus tard, ces photos ressortent sans autorisation. Pourquoi? Quelle est l'idée? On fait de la télé pour ressortir les dossiers de chacun? Cela a été fait volontairement pour nuire.

    Vous avez porté plainte contre la chaîne et la production de « Touche pas à mon poste »…

    Oui. Les choses suivent leur cours. Je fais confiance à la justice.

    TF1 a évoqué une « campagne de dénigrement » et du « harcèlement moral » de la part de Cyril Hanouna. N'est-ce pas un peu fort ?

    Je connais la définition du mot « harcèlement moral » (elle lit la définition), c'est exactement ce que j'ai ressenti. Je n'ai pas compris cette violence, cet acharnement. Moi, je n'ai jamais fait de télévision pour nuire ou faire du mal. Je n'aime pas la polémique. J'ai toujours présenté des programmes qui véhiculaient de belles valeurs, comme « The Voice » ou « Danse avec les stars ». Je fais ce métier parce que je l'aime et par amour du public, et je ne m'attendais pas à cela. Ce n'est pas la première fois que les choses dérapent dans « Touche pas à mon poste », c'est même souvent chez eux.

    Cyril Hanouna a déclaré que TF1 cherche à « tuer Touche pas à mon poste ». Pensez-vous être victime collatérale de cette guerre entre votre chaîne et Cyril Hanouna ?

    Si guerre il y a, je n'y suis pour rien. Je n'ai rien demandé. Ses attaques contre TF1 et ses dirigeants sont constantes, gratuites, injustifiables. Et au-delà de TF1, Michel Cymes ou Stéphane Bern en ont aussi été victimes. Moi, je pense aux enfants et aux jeunes qui regardent son émission, ou à certains jeunes harcelés dans les cours d'école. Quel exemple leur donne-t-il ? Diffuser ces photos lentement à une heure de grande écoute, dans une émission qui rassemble un million de téléspectateurs, dont beaucoup de jeunes, c'est inapproprié. En tant que mère de famille, je n'aimerais pas me retrouver avec mes enfants devant. C'est violent, sorti du contexte. Où est la bienveillance ? Si nous, en télé, on ne bouge pas, si nous laissons faire, où est l'exemple donné ?

    Cyril Hanouna a regretté et dit qu'il vous aimait profondément.

    Avant, nos relations étaient courtoises. Au-delà de tout ça, c'est un personnage qui a indéniablement du talent. Mais quand il parle d'amour, permettez-moi de vous dire que nous n'en avons pas la même définition. Quand on aime quelqu'un, on ne fait pas cela. Il a même dit qu'il m'avait proposé de travailler pour lui. C'est faux. Aujourd'hui, on ne peut pas tout se permettre pour faire de l'audimat.

    Vous avez aussi quitté le réseau social Twitter. Pourquoi ?

    C'est un endroit où l'on peut faire entendre sa voix, notamment dans des pays où la liberté d'expression est bafouée. C'est aussi malheureusement un lieu où l'on déverse sa haine. De nombreux collégiens ou lycéens ont pu se faire harceler sur les réseaux avec parfois des dénouements tragiques, ils n'ont pas le réflexe ou pas la force de s'en retirer. Je suis adulte. Je n'avais pas envie de m'infliger plus de souffrances. J'ai préféré quitter les réseaux sociaux pour l'instant. Et relativiser grâce aux nombreux messages de soutien. J'ai reçu des centaines de courriers à TF1. Dont beaucoup de femmes. Ça m'a aidée.

    Donc la parenthèse est fermée ?

    Il faut avancer. Des épreuves, j'en ai connu, j'en connaîtrai encore, je suis plus forte qu'on ne le croit. Je laisse faire le cours des choses. Je suis très bien entourée, par ma famille et mes amis. Mes confrères m'ont soutenue : Arthur, Camille Combal, Christophe Beaugrand, Sandrine Quétier, Thomas Sotto… et la direction de TF1, Gilles Pélisson, Ara Aprikian et Fabrice Bailly. Je m'exprime donc une fois sur ce sujet et ce sera la dernière.

    Samedi, ce sera la finale de « DALS ». Vous en avez été candidate il y a deux ans, puis aujourd'hui co-animatrice. Quelle place est la plus exaltante ?

    J'ai fait les choses dans l'ordre ! Je suis arrivée en demi-finale. Comme j'ai déjà dansé, je ne suis pas frustrée. Dans ce programme, plus les semaines passent, plus on a envie de rester. C'est une compétition avec soi-même.

    Y a-t-il un candidat dans lequel vous vous êtes retrouvée ?

    J'ai beaucoup aimé Héloïse Martin, arrivée complexée par son corps, mais qui a pris confiance. J'étais moi aussi complexée lorsque j'étais candidate, je venais d'accoucher, je n'avais pas perdu mes kilos de grossesse mais quand on s'assume, on est belle. Comme Lio et Pamela Anderson : à 50 ans passés, elles ont montré une belle image. Les femmes de 50 ans ont encore leur place à la télé. Les voir épanouies, c'est ultra-positif.

    Quel est votre pronostic pour cette finale entre Iris Mittenaere et Clément Rémiens ?

    Ce sera la bataille des Ch'tis ! Tous deux méritent leur place. Je ne veux influencer personne, donc que le meilleur gagne !

    Les projecteurs se sont braqués sur Camille Combal, avec lequel vous coanimez. N'est-ce pas frustrant pour vous ?

    Cela ne me pose aucun problème. C'est justifié : Camille a apporté un vent de fraîcheur. Je suis contente de partager l'affiche avec lui. On est de la même génération. Le public est au rendez-vous. Je ne suis pas du genre envieuse : j'adore quand les autres réussissent.

    Vous êtes à la fois très présente à l'antenne, avec « DALS », « The Voice » et « The Voice Kids », bientôt le bêtisier de l'année du 31 décembre avec Jarry… Mais souvent comme co-animatrice. Rêvez-vous d'être numéro un ?

    Je n'ai que 36 ans. J'anime sept programmes, bientôt neuf, c'est beaucoup. Je suis au côté de Nikos sur « The Voice » ou de Camille sur « DALS », ce sont les plus gros barnums de la chaîne. Chacun réunit 4,5 millions de téléspectateurs en moyenne. Je présente aussi une collection de documentaires sur TFX, sur des sujets comme la maladie ou la chirurgie réparatrice sur les enfants. J'ai beaucoup de chance d'être animatrice sur la première chaîne de France et d'Europe. Il faut savoir apprécier ce que l'on a. J'ai le temps !

    La télévision fait-elle suffisamment la place aux femmes ?

    On se bat et on tente de prouver qu'on est légitime. Regardez Sophie Davant, Anne-Claire Coudray, Daphné Bürki, Alessandra Sublet ou Laurence Boccolini… La télé se féminise, heureusement. Mais il y a encore du travail : aucune femme n'a eu le statut d'un Michel Drucker ou d'un Jean-Pierre Foucault. Aucune femme n'a dirigé le CSA. La route est longue, mais on est là, on revient de loin!

    Nikos, vous l'écoutez dans la matinale d'Europe 1 ?

    Il est revenu à ses premières amours : le journalisme. Il est épanoui à la radio, qui n'est pourtant pas un long fleuve tranquille, c'est une course de fond. Je lui dois beaucoup, c'est lui qui m'a fait venir sur TF1. Nikos aurait dû naître Américain, il sait tout faire : animer, présenter, photographier, écrire et être père.

    Avez-vous d'autres projets ?

    Continuer à animer de grands divertissements. Pourquoi pas un retour en radio ? J'ai aussi fait un peu de fiction grâce à TF1 : j'aimerais renouveler l'expérience. Côté associatif, j'aimerais m'engager encore plus pour l'enfance et la cause animale.

    Quel est votre rôle aujourd'hui dans la recherche médicale contre la mucoviscidose ?

    Je suis membre du conseil d'administration et marraine de l'association Grégory Lemarchal (son ancien compagnon, disparu en 2007). Je reviens d'Annecy où j'ai soutenu une opération qui aura lieu au Grand Bornand les 23 et 24 mars pour récolter des fonds. Une maison Grégory Lemarchal est en construction à Rueil-Malmaison pour accueillir des patients. J'ai fait une promesse à Grégory : que les autres ne souffrent plus de cette maladie. Je la tiens.

    Des rumeurs annoncent votre mariage prochain avec votre compagnon le footballeur Yoann Gourcuff…

    Je ne parle pas de ma vie privée. Par protection. Mais je suis une maman de deux petits anges et une femme comblée.