Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Antisémitisme et facultés de médecine : « Un bizutage d’un autre type »

Dans une tribune au « Monde », les universitaires Céline Masson et Isabelle de Mecquenem, appellent à résister au climat d’antisémitisme diffus qui s’insinue dans la vie des campus.

Publié le 28 novembre 2018 à 17h00, modifié le 28 novembre 2018 à 17h42 Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

« Sachant que la médecine hyper-technicisée favorise le désengagement affectif au détriment des « lois de l’humanité » selon la belle formule du serment d’Hippocrate, nous avons lieu de nous inquiéter au sujet de l’humanisme qui fonde la pratique médicale.» Photo :  bibliothèque Inter-universitaire de médecine , Paris V René Descartes.

Tribune. Le premier ministre Edouard Philippe a révélé la hausse considérable des actes antisémites le jour même de la commémoration des pogroms de la nuit de Cristal du 9 novembre 1938. Il écrit dans cette tribune : « Chaque agression perpétrée contre un de nos concitoyens parce qu’il est juif résonne comme un nouveau bris de cristal. » Sommes-nous une société à ce point fissurée qu’au moindre coup, comme le cristal, elle se brise selon ses directions de clivage ?

Depuis plusieurs semaines, des incidents provoquent stupeur et consternation. Inscriptions antisémites visant le doyen par intérim de la faculté de médecine de Créteil, harcèlement subi par une étudiante juive en deuxième année de médecine à la faculté de médecine de l’université Paris-13. L’étudiante dénonce des « blagues » sur la Shoah, des saluts hitlériens, des « jeux » qui consistent à lancer des kippas et à les piétiner. Ces événements ont eu lieu pendant des week-ends d’intégration.

Dans une autre université, c’est une interne en médecine qui diffuse des messages racistes, antisémites et négationnistes sur son compte Twitter. Ou encore à l’université de Grenoble, tags antisémites à l’encontre du président de l’université, ou encore des jeux de mots douteux comme « Shoah must go on » ayant circulé chez des étudiants.

Interrogations lancinantes

Ces incidents répétés évoquent un climat d’antisémitisme diffus, d’autant plus insidieux qu’il s’insinue dans la vie des campus et qu’il apparaît déconnecté d’une idéologie ou d’opinions antisémites chez leurs auteurs, parfois au bord de l’état de conscience et dans une illusion d’impunité.

C’est la figure du juif et ce qui lui est associé (la Shoah) qui est dénigrée et objet de railleries

Malgré les condamnations émanant de toutes parts, et notamment de la classe politique, des interrogations lancinantes subsistent : pour quelles raisons ces incidents sont-ils survenus dans des facultés de médecine ? Pourquoi ces jeunes gens éduqués, abreuvés au devoir de mémoire, se sont-ils livrés à des actes dont ils connaissent a priori la signification ? A travers ce qui apparaît comme des provocations juvéniles, ces étudiants s’attaquent à un symbole, la Shoah, dont le fondement est historique, et c’est cette transgression majeure que nous voulons interroger en tant qu’universitaires et citoyennes.

Les étudiants impliqués, qui sont les soignants de demain, ont vraisemblablement inventé un bizutage d’un autre type à l’heure où la sexualité n’est plus le tabou majeur : là où la mort était tournée en dérision, c’est la figure du juif et ce qui lui est associé (la Shoah) qui est dénigrée et objet de railleries. Ainsi on participe à ce que l’on pourrait nommer une « Shoah party » dans un registre de dérision et de transgression mêlées dont la chanson de Dieudonné « Shoananas » est un exemple paradigmatique.

Il vous reste 61.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.