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« Un soleil sans espoir » : le flic qui rêvait de Kent Anderson

Roman noir. Le jour, Hanson, le héros de l’écrivain américain, fait face à la violence des rues d’Oakland, imperturbable. Mais la nuit, la guerre du Vietnam se rappelle à lui.

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Publié le 29 novembre 2018 à 06h00, modifié le 29 novembre 2018 à 06h00

Temps de Lecture 2 min.

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Un soleil sans espoir (Green Sun), de Kent Anderson, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Elsa Maggion, Calmann-Lévy, « Noir », 392 p., 22,50 €.

Manifestation contre le racisme à Oakland (Californie), sous la surveillance de la police, en août 2017.

Kent Anderson a 73 ans. L’Américain écrit peu. Quatre livres, y compris celui-ci, en trois décennies. On ne sait ce qui relève des Mémoires ou de la fiction dans la chronique romanesque du policier Hanson, auquel Anderson prête maints traits biographiques. Il s’agit, comme lui, d’un diplômé de littérature doublé d’un béret vert, revenu du Vietnam passablement cinglé, expérience que l’écrivain décrivit dans Sympathy for the Devil (1987 ; Gallimard, 1993), peut-être le récit le plus atrocement lucide inspiré par cette sale guerre. Dans Pas de saison pour l’enfer (13e note, 2013), Anderson restitua ensuite, par bribes, « sa petite existence de série B hantée par la terreur ». Suivant son exemple, son personnage est entré dans la police à l’âge de 38 ans. D’abord à Portland (Oregon) – années racontées dans Chiens de la nuit (Gallimard, 1998) –, puis à Oakland (Californie), où se situe Un soleil sans espoir, son nouveau roman, qui le voit patrouiller dans les quartiers défavorisés.

Singulier pedigree

Restons sur Hanson, dont l’auteur peaufine ici le portrait. Unique rescapé d’une unité spécialisée dans les missions d’infiltration en territoire vietcong, c’est un solitaire porté sur les livres, la tequila et l’observation des oiseaux, un spécimen progressiste au sein d’une police méprisant toujours les Noirs et les pauvres et d’abord préoccupée de statistiques. Quel que soit le motif, Hanson répond aux sollicitations du central : pillages, rixes, violences domestiques, vieillards incapables de se rappeler où est garée leur voiture, forcenés retranchés dans leur cave… Il n’élude aucune confrontation. Pas même dans un cimetière, en compagnie d’un mafieux.

Voilà le singulier pedigree que Kent Anderson a offert à la littérature policière : un îlotier humaniste, conjuguant la placidité du samouraï avec la violence d’un tueur de sang-froid. « Il se fiche de vivre ou de mourir. La plupart des gens le lisent dans ses yeux et se ravisent, hésitent, tentent de s’expliquer. Quant à ceux qui ne le voient pas, il a survécu si longtemps quand d’autres sont morts que sa réaction à la menace est instinctive, plus rapide que la pensée. Cette force de vie dépasse sa volonté. Certaines nuits, il sait qu’on ne peut pas le tuer. Il craint de vivre pour toujours. »

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