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Mesure d’impact social et environnemental : « La convergence entre les acteurs va porter ses fruits »

Pour Rodolphe Durand, auteur d’un rapport à paraître en décembre, les mesures d’impact finiront par s’harmoniser.

Propos recueillis par 

Publié le 29 novembre 2018 à 06h30

Temps de Lecture 2 min.

Rodolphe Durand est professeur de stratégie et titulaire de la chaire GDF-Suez à HEC-Paris.

Rodolphe Durand est professeur et directeur du Centre société et organisations (S & O) à HEC Paris. Il publie en décembre un rapport sur la mesure d’impact dans le cadre du Mouvement for Social*Business Impact (MS*BI), une manifestation qui vise à inventer une économie plus inclusive.

Où en est la recherche sur la mesure d’impact ?

Rodolphe Durand.- La révolution lente du capitalisme financier n’a pas encore trouvé la bonne aune à laquelle mesurer ses impacts sur la société ou l’environnement. C’est normal : il a fallu plusieurs siècles pour que les acteurs de l’économie adoptent tous les mêmes indicateurs pour mesurer l’efficacité d’un investissement « classique » : mesures monétaires, ratios d’endettement et de retour sur investissement… Nous en sommes encore loin concernant les mesures d’impact environnemental et social.

Comment être sûr qu’une start-up ou une entreprise établie réduit bien son empreinte écologique ou permet à de nombreux bénéficiaires d’accéder à une meilleure santé, une meilleure éducation ou un retour à l’emploi ? Pour l’épargnant en bout de chaîne, comment approcher l’impact de l’euro placé dans un fonds qui investit dans des sociétés parfois proches, parfois lointaines, et proposé par une banque de détail qui vend de multiples autres produits d’épargne et d’investissements ?

Quels sont les enjeux ?

Ils sont de deux natures. D’une part, parvenir à identifier et faire accepter la mesure d’impact comme un étalon propre à chaque secteur. Avec l’environnement, nous approchons du but, avec les équivalences exprimées en carbone – réduction d’émission de CO² par exemple. Avec l’impact social, c’est plus compliqué : quelles dimensions de l’impact social faut-il retenir ? L’emploi, l’éducation, la santé, la non-discrimination ? Comment les mesurer effectivement ?

L’autre enjeu est de convertir ces impacts environnementaux et sociaux en unités qui permettent de les comparer les uns aux autres. La solution qui se dessine est de monétiser ces impacts : le prix du carbone permet d’effectuer cette conversion. Pour l’impact social, le chemin s’annonce beaucoup plus long…

Epargnants, investisseurs privés ou institutionnels, personne ne peut ignorer le réchauffement climatique ou le creusement des inégalités dans le monde. Cela vous incite-t-il à l’optimisme ?

Ces acteurs sont en train d’intégrer progressivement les impératifs environnementaux et sociaux dans leur tableau de bord. Du côté des investisseurs, les premiers à mieux valoriser les actifs les plus résilients aux crises qui s’annoncent protégeront mieux leurs intérêts économiques et les intérêts de ceux qu’ils représentent. Du côté des entreprises, la nécessité d’apporter la preuve qu’elles génèrent des externalités positives pour l’environnement et les territoires où elles opèrent les pousse à se rapprocher des experts du monde de la finance et des chercheurs spécialisés dans la mesure des phénomènes complexes. La convergence entre ces multiples acteurs va porter ses fruits.

Quel est l’intérêt des entreprises de s’engager sur la voie de la mesure d’impact, qui représente d’abord un coût ?

Je suis de ceux qui parient que le moment approche où les mesures d’impact s’uniformiseront, où leur convertibilité monétaire s’établira, et où une mesure normalisée des impacts positifs des activités économiques se traduira en source d’avantage concurrentiel. L’alignement adviendra alors entre épargnants, investisseurs et dirigeants en quête d’investisseurs pérennes.

Le sérieux a changé de camp : il n’est plus du côté de ceux qui nient les évidences du réchauffement climatique et des inégalités de revenus. De même, demain, le risque changera de côté : proposer un retour sur investissement seulement sur les aspects financiers d’un support manquera de crédibilité. Pour accélérer ce processus et être en avance de phase, il faut donc prendre très au sérieux ces nouvelles tendances et y consacrer une partie de son épargne !

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