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Deux bronzes authentifiés comme les seuls de Michel-Ange

Jusqu'à maintenant, les spécialistes pensaient que tous les bronzes de Michel-Ange avaient disparu. JACK TAYLOR/AFP

Après plus d'un siècle d'indécision et quatre années de recherche, des scientifiques britanniques affirment que le couple de cavaliers montant des guépards du musée Fitzwilliam de Cambridge a été inventé par le génie de la Renaissance. Le dessin des abdominaux, des poils pubiens et des pieds les ont convaincus.

À cinq siècles de distance, le génie de Michel-Ange continue de resplendir. Le Guardian rapportait jeudi 15 novembre qu'une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge a authentifié deux magnifiques statues en bronze, hautes d'un mètre, comme découlant du génie du maître de la Renaissance. Exposées au musée de Fitzwilliam de Cambridge, elles seraient ainsi les seuls bronzes connus de Michel-Ange.

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En 2014, un professeur avait découvert un dessin ressemblant aux sculptures, copie réalisée par un élève de Michel-Ange. JACK TAYLOR/AFP

«Nous pensons que ce sont les originaux, fabriqués vers 1505-1507», a affirmé en conférence de presse Victoria Avery, la conservatrice en arts appliqués du musée de Fitzwilliam, professeur à l'université de Cambridge. Les scientifiques ont livré leurs conclusions après quatre années d'étude des œuvres. La communauté des spécialistes de la Renaissance va devoir maintenant se positionner.

Les sculptures représentent un jeune homme et un homme plus âgé, nus, chevauchant des panthères. Les recherches ont débuté après qu'un professeur de l'université de Cambridge a découvert en 2014 un dessin très proche, copie réalisée d'une des statues par un élève du maître. Ni terre cuite ni travaux préalables autres susceptibles d'indiquer une mise en forme n'avaient été trouvés.

Des analyses techniques des matériaux, entreprises au Rijksmuseum d'Amsterdam, ont confirmé la datation. Andrew Lacey, un fondeur en bronze spécialiste des techniques anciennes, a confirmé que les œuvres correspondent aux méthodes de cette époque.

Des poils pubiens dirigés vers le nombril

Les scientifiques ont analysé les caractéristiques physiques des deux personnages. Ce sont les poils pubiens des personnages qui ont mis le professeur Peter Abrahams de l'université de Warwick, spécialiste reconnu de l'anatomie, sur la piste: «plutôt frisés, rebelles, normaux». «Comme dans le David de Michel-Ange, ils vont dans la bonne direction, vers le nombril, ce qui n'est pas le cas de la plupart des statues de cette époque», explique-t-il au Guardian.

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Le professeur a ensuite reconnu le style de Michel-Ange dans les orteils. Alors que le gros orteil est «court, le deuxième orteil est long, un Grec parfait. Et ce deuxième orteil est poussé vers l'extérieur par le pouce avec un espace entre eux», a expliqué avec ferveur Peter Abrahams. Enfin, l'artiste dessine les abdominaux visibles en huit parties, et non en six. Une erreur physique que Michel-Ange se plaisait à commettre.

Ce n'est pas tout. Les multiples détails des corps exigent des connaissances anatomiques précises. Notamment pour représenter le sartorius, un petit muscule de la cuisse invisible pour les profanes. «Il avait l'air fasciné par cela», confirme le spécialiste. Le triangle auscultatoire, un espace sans os ni muscle du dos est également parfaitement représenté.

Lorsqu'il a un peu moins de vingt ans, Michel-Ange fait connaissance avec le prieur du couvent San Spirito à Florence. Celui-ci lui donne la possibilité de disséquer des cadavres. Il accroît considérablement par ce privilège ses connaissances du corps humain.

Une découverte importante pour l'histoire des arts

Victoria Avery, la conservatrice en arts appliqués, est aux anges: «Je le connaissais comme poète, comme architecte, comme ingénieur militaire, comme sculpteur de marbre, comme peintre à fresque, mais jamais je n'avais songé à lui comme bronzista». L'art du «bronzista» exige un savoir-faire particulier: modelage en cire, fonderie, travail des finitions.

«Nous savions par des sources de la Renaissance que Michel-Ange est à l'origine de sculptures en bronze, mais nous pensions qu'aucune d'entre elle n'avait survécu», continue-t-elle. À la lecture de lettres envoyées entre 1505 et 1508 à sa famille, on comprend que le peintre a jeté aussi son dévolu sur le bronze. Il a l'ambition de devenir un «bronzista» exceptionnel, notamment dans sa rivalité avec Léonard de Vinci. Pour Victoria Avery, pas de doute, Michel-Ange y est parvenu.

Les bronzes avaient été attribués à Michel-Ange en 1878 lorsqu'ils intégrèrent les collections des Rothschild. Au cours des 120 années suivantes, cette paternité avait été contestée en raison de l'absence de preuves solides. D'après des experts contactés par le Daily Mail , les sculptures valent dorénavant une somme estimée à 140 millions de dollars.

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L'œuvre de Michel-Ange est susceptible de réserver encore des surprises de taille. Un Hercule en marbre blanc Michel-Ange trônait jusqu'en 1713 dans les jardins de Fontainebleau. À partir de cette date, le colosse a disparu sans crier gare. Détruit? Volé puis dérobé aux regards? Le mystère subsiste.

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12 commentaires
  • Rene Mettey

    le

    "le couple de cavaliers montant des guépards"
    un peu plus loin :
    "Les sculptures représentent un jeune homme et un homme plus âgé, nus, chevauchant des panthères. "
    Après l'article plus haut sur la vache qui était un boeuf (ou vice versa), l'à peu près persiste dans ce journal...
    ce n'est pas du pinaillage, c'est de la rigueur d'esprit et de respect du lecteur.

  • Benoit S. 1

    le

    Dans sa vie Michelangelo, génie universel, n'aurait donc coulé que deux bronzes... Intéressant.

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