Les dirigeants chinois semblent attendre avec une réelle fébrilité le dîner prévu entre le président Xi Jinping et son homologue américain, Donald Trump, lors de ce week-end en marge du G20 de Buenos Aires. Dans le meilleur des cas, celui-ci devrait mettre fin à la guerre commerciale que les Etats-Unis livrent depuis quelques mois à la Chine. Mais personne n’y croit.
Et pour cause : Washington ne cesse de faire monter la pression. Mercredi 28 novembre, le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, a ainsi dénoncé « la politique industrielle agressive menée par la Chine, qui cause de sévères dommages aux travailleurs américains ». Il s’en est notamment pris aux droits de douane chinois « particulièrement énormes » qui frappent l’industrie automobile américaine.
Donald Trump s’est même dit prêt à relever les droits de douane sur 200 milliards de dollars (177 milliards d’euros) de produits importés de Chine à 25 % contre 10 % aujourd’hui, et à taxer 267 milliards de dollars de produits importés supplémentaires. « A l’heure actuelle, la Chine n’est pas venue à la table [des négociations] avec des propositions destinées à réformer significativement » ses pratiques commerciales, a constaté M. Lighthizer.
A Pékin, d’aucuns affirment que si Xi Jinping parvenait à éviter de nouvelles taxes, ce serait déjà un succès. Il est aussi permis de penser que Donald Trump annonce ces taxes, mais se dise prêt à y renoncer si, entre-temps, les Chinois mettent en œuvre les réformes demandées.
Au cours d’une visite d’Etat en Espagne, mercredi, le numéro un chinois a paru enclin à quelques gestes de bonne volonté. « La Chine fera des efforts pour ouvrir encore plus ses portes au monde extérieur. Nous allons faire beaucoup d’efforts pour faciliter l’accès au marché [chinois], améliorer les conditions d’investissement et renforcer la protection de la propriété intellectuelle », a déclaré M. Xi.
Opération de communication très inhabituelle
C’est là où le bât blesse : jusqu’à présent, les autorités de Pékin ont multiplié ce genre de déclarations, mais les Occidentaux n’ont rien vu venir. Xi Jinping n’a pas évoqué les aides dont bénéficient les entreprises publiques, ces conglomérats énormes à la comptabilité opaque et qui jouissent de monopoles dans des secteurs aussi importants que la banque ou les télécommunications.
Mardi, le vice-ministre des sciences et technologies, Xu Nanping, avait convié une quinzaine de journalistes étrangers à un échange au cours d’une « tea party » – une opération de communication très inhabituelle. Trois points étaient à retenir. D’abord, a-t-il confié, la Chine, contrairement à ce qui est allégué, est loin d’avoir rattrapé les Etats-Unis sur le plan technologique. Si elle progresse vite, c’est grâce aux efforts déployés par les Chinois.
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