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Le chantier du barrage de Caussade a commencé malgré l’interdiction

Malgré une décision de justice interdisant les travaux, une dizaine de pelleteuses s’activent pour construire une retenue d’eau pour l’agriculture. Le préfet porte plainte.

Par  (Toulouse, correspondance)

Publié le 29 novembre 2018 à 11h47, modifié le 29 novembre 2018 à 11h47

Temps de Lecture 3 min.

Le président de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne (à droite), à Agen, en octobre 2014.

Nouveau rebondissement autour du projet de barrage de Caussade, dans le Lot-et-Garonne, porté par les agriculteurs irrigants. Malgré la décision, le 13 novembre, du tribunal administratif de Bordeaux d’interdire le chantier, des travaux de terrassement ont débuté sur le site. Une dizaine de pelleteuses et engins de chantier s’activent pour construire une retenue d’eau de 920 000 mètres cubes, sur 20 hectares, et une digue de 378 mètres de long, haute de 12,5 mètres, le tout pour irriguer une dizaine d’exploitations agricoles.

Mercredi 28 novembre, le préfet de région Nouvelle Aquitaine a annoncé une plainte de l’Etat. « Les porteurs du projet ont choisi d’enfreindre la loi en toute connaissance de cause car ils n’ont pas attendu qu’on leur impose un nouveau cahier des charges pour éventuellement entreprendre ces travaux, a précisé la préfecture. Les procédures administratives au titre de la loi sur l’eau et des espèces protégées sont lancées. A l’issue de la procédure prévue par le code de l’environnement, les mises en demeure seront notifiées et l’action pénale sera engagée. »

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La veille, France nature environnement et la Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest avaient également porté plainte et demandant « des pénalités financières pour chaque journée de travaux constatée ».

« Nous déplaçons les tulipes »

A la tête de cette fronde, le très remuant président de la chambre d’agriculture, Serge Bousquet-Cassagne (Coordination rurale). Après avoir annoncé qu’il se plierait aux décisions de justice, il a dans un premier temps réfuté que des travaux avaient commencé. « Nous déplaçons des tulipes et ce sont juste des travaux de voiries », déclarait-il au Monde la semaine du 19 novembre. Dans un communiqué daté du 22 novembre, il remettait en cause des photos du chantier publiées dans le quotidien régional Sud-Ouest : « Une fake news. Une photo d’archive des travaux de Sivens [Tarn] ». Ce barrage rappelle effectivement celui de Sivens, très contesté en 2014, et aujourd’hui abandonné.

Alors que le Syndicat départemental des collectivités irrigantes de Lot-et-Garonne était jusqu’alors soutenu par la plupart des acteurs du département – Coordination rurale, chambre d’agriculture, conseil départemental, Confédération paysanne et élus de tous bords –, des voix dissonantes commencent à se faire entendre.

« Nous sommes chez nous et le droit de propriété, c’est sacré », affirme Serge Bousquet-Casagne, de Coordination rurale

Jacques Chapolard, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, estime que « les travaux sont menés par la chambre d’agriculture, avec des salariés de la chambre d’agriculture sur des pelles mécaniques qui ont été louées par elle. Huit cent mille vont être dépensés, c’est ruineux et c’est du pur clientélisme ». La Confédération paysanne préconise désormais d’aller pomper l’eau dans le Lot pour alimenter une réserve de taille réduite, et d’abandonner les travaux.

Le projet, qui remonte aux années 1980, a refait surface en 2011 et, en 2017, le SDCI a déposé une demande d’autorisation, le tout pour un montant estimé à plus de 3 millions d’euros, financé à 100 % par le syndicat, pour des agriculteurs qui produisent des noisettes, des pruneaux, des betteraves, des oignons, de l’ail ou du maïs. Accepté dans un premier temps après une enquête publique avant l’été, il a été retoqué à l’automne, sous la pression des écologistes et les injonctions des ministères de l’agriculture et de la transition écologique.

Sur place, malgré quelques oppositions, aucune ZAD (zone à défendre) n’a vu le jour. Les opposants se gardent bien de mettre les pieds sur un terrain gardé par des vigiles. Pour Serge Bousquet-Cassagne, « Sivens a fait un mal fou au monde agricole. Nous sommes chez nous et le droit de propriété, c’est sacré. Nous ne céderons pas face à de petits préfets de province, à l’Etat ou aux écolos de Paris ». Il semble pourtant que l’Etat veuille aujourd’hui remettre de l’ordre autour des eaux troublées du petit cours d’eau de Caussade.

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