« France-Algérie : une affaire de famille », chronique des années de braise

France - Algérie : une affaire de famille

France - Algérie : une affaire de famille GILLES BASSIGNAC © GAMMA RAPHO

Sélection  Les réalisateurs Frédéric Martin et Dominique Fargues reviennent sur les relations aussi douloureuses que passionnelles entre les deux pays.

Ce passionnant documentaire en dix chapitres retrace les relations franco-algériennes depuis 1930, date du centenaire de la colonisation de l’Algérie. Va-t-il provoquer un débat ? Assurément, tant les relations entre les communautés – Algériens, binationaux, Français d’origine algérienne, pieds-noirs, harkis… – restent passionnelles. Truffé de témoignages d’historiens (Pascal Blanchard, Raphaëlle Branche…), de politiques (Hubert Védrine, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Marie Le Pen, qui prie son interviewer de définir la torture) –, de sociologues et de militants comme l’ex-figure du FLN Ali Haroun, le film débute par la polémique suscitée par Emmanuel Macron. Le 17 février 2017, à son retour d’Alger, celui qui n’est encore que candidat à la présidentielle lance un pavé dans la mare :

« La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie. Cela fait partie de ce passé que l’on doit regarder en face. »

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Il entend ainsi tourner une page importante de l’histoire franco-algérienne. Mais le passé ne passe pas. « France-Algérie : une affaire de famille » revient sur les massacres de Sétif en mai 1945, qui souffla sur les braises du nationalisme algérien, sur la guerre (1954-1962), l’indépendance, le retour des rapatriés en métropole, le sort des harkis, l’immigration, les crimes racistes. Bref, sur une histoire commune ô combien douloureuse.

Dans les années 1990, l’Algérie est frappée par ce terrorisme aveugle qui va gagner le sol français : détournement du vol Alger-Paris en décembre 1994, attentats dans le RER en 1995 – « Khaled Kelkal est le premier djihadiste de l’histoire de France », analyse le sociologue Ahmed Boubeker –, assassinat des moines de Tibhirine en 1996. Les relations s’apaisent un peu avec la victoire des Bleus en finale de la Coupe du Monde de Foot 1998 mais les relations entre les deux pays ne sauraient se résumer à un ballon rond ou au simple nom de Zinédine Zidane.

Chacune des parties a tenté de détendre les relations bilatérales et multiplié les rapprochements, malgré les tensions permanentes liées à la guerre et à ses non-dits. La France et l’Algérie forment un couple à la fois en instance de divorce et en tentative de réconciliation permanentes. Bref, le « je t’aime, moi non plus » reste de rigueur. Si l’on en croit Chevènement, « c’est une histoire d’amitié mais une amitié blessée ». La rupture étant impossible, le travail des historiens est plus qu’indispensable des deux côtés. « Quel que soit le mal qu’on s’est fait, il faut regarder vers l’avenir, ne pas oublier son passé sans en faire une condition de nos relations », résume Ali Haroun.

Jeudi 29 novembre à 21h00 sur France 2. Documentaire de Frédéric Martin et Dominique Fargues (2018). 2h04. (Disponible en replay sur france.tv).

Une soirée consacrée aux relations entre la France et l’Agérie :
A l’issue du documentaire, Laurent Delahousse revient en plateau, et s’appuyant sur des cartes, des données chiffrées et des analyses d’experts, nous explique clairement et simplement la situation actuelle et les enjeux pour l’avenir.
A partir de 23h05, « Infrarouge » présenté par Marie Drucker propose le documentaire inédit « Les Pieds-Noirs d’Algérie, une histoire française », écrit et réalisé par Jean-François Delassus.

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