Après le Sénégal, la Côte d'Ivoire va demander à la France la restitution d'œuvres d'art
Je m’abonne pour 1€/semaineCes demandes font suite à la publication d'un rapport sur la restitution par la France d'œuvres d'art africain.
La Côte d'Ivoire va demander à la France la restitution d'une centaine d'œuvres d'art, a annoncé mercredi 28 novembre le porte-parole du gouvernement Sidi Touré, à l'issue du conseil des ministres. Une liste sera transmise "aux experts désignés par l'Etat français en vue de leur restitution", a indiqué Sidi Touré, également ministre de la Communication.
Dressée par le Musée des civilisations de Côte d'Ivoire et transmise à la France via Africom, la branche africaine du Conseil international des musées, la liste contient notamment "le Djidji Ayokwe, le tambour parleur du peuple Ebrié" (peuple de la région d'Abidjan).
"C'est un objet symbolique d'une grande importance qui a été arraché pendant la colonisation" et qui est actuellement conservé au Musée du Quai-Branly à Paris, a fait savoir à l'AFP la directrice du musée national de Côte d'Ivoire, à Abidjan, Silvie Memel Kassi.
Un rapport et des demandes
Cette déclaration fait suite à la remise, le 23 novembre, à Emmanuel Macron d'un rapport posant les jalons pour une restitution à l'Afrique subsaharienne d'œuvres d'art transférées pendant la colonisation. Dans ce rapport, Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l'université de Saint-Louis, au Sénégal, recensent des dizaines de milliers d'œuvres potentiellement concernées.
Pourquoi la restitution du patrimoine culturel africain risque de créer la polémique
L'Elysée a annoncé peu après la remise du rapport que 26 chefs d'œuvre pillés pendant la période coloniale seraient rendus au Bénin, dont les statues royales d'Abomey, actuellement propriété du Musée du Quai-Branly à Paris.
L'Académie des Beaux-Arts a elle rejeté mercredi la préconisation du rapport Savoy-Sarr, se prononçant pour la "circulation des œuvres" et n'évoquant pas une seule fois le terme "restitution", pourtant central dans le rapport des universitaires. Cette position rejoint celle du président du Musée du Quai-Branly, où se trouvent la majorité des œuvres d'art africain conservées en France, qui s'est prononcé pour une intense "circulation" de celles-ci.
Avant la Côte d'Ivoire, le rapport avait déjà suscité des demandes : le ministre sénégalais de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, avait fait savoir mardi 27 novembre qu'il souhaitait la restitution par la France de "toutes les œuvres identifiées comme étant celles du Sénégal".
A. R. (avec AFP)