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BORIS SEMENIAKO

Sur les campus américains, la dénonciation des « microagressions » racistes fait débat

Par  (San Francisco, correspondante)
Publié le 29 novembre 2018 à 15h20, modifié le 30 novembre 2018 à 12h31

Temps de Lecture 29 min.

Un mot nouveau a fait son apparition aux Etats-Unis : « microagression ». Il est particulièrement populaire sur les campus, alimentant encore le débat sur la considération à accorder à chacun, la politique de l’identité et la liberté d’expression. Il qualifie les blessures subtiles qui affectent les individus exposés à une forme de dévalorisation par l’intermédiaire du langage. Des phénomènes indissociables de la vie en société mais qui ­atteignent particulièrement les minorités en les renvoyant à leur altérité.

Insultes ou attitudes

Le terme a été forgé dans les années 1970 par le professeur de psychiatrie Chester Pierce, de la faculté de médecine d’Harvard, pour qualifier le dénigrement racial qui, à long terme, menace la santé des individus. Il a été développé à partir de 2007 par le psychologue Derald Wing Sue, de l’université Columbia, à New York. Dans un livre publié en 2010, Microaggressions in Everyday Life. Race, Gender, and Sexual Orientation (John Wiley & Sons), le chercheur définit ainsi les microagressions : des insultes ou attitudes « intentionnelles ou non » qui « communiquent des messages hostiles ou méprisants ­ciblant des personnes sur la seule base de leur appartenance à un groupe marginalisé ».

Le phénomène n’était pas nouveau, mais le fait de lui donner un nom a « fait résonner une corde », explique Yolanda Flores Niemann, ­directrice du département de psychologie de l’université du Texas du Nord. « Cela nous a donné un langage commun pour qualifier ces expériences dont nous nous sommes rendu compte que nous les avions en commun. » ­Depuis, les « microagressions » sont partout : colloques, tribunes de presse et bien sûr ­amphis, plébiscitées par les étudiants issus de minorités et tous ceux qui contestent la domination des « mâles blancs » dans l’enseignement supérieur.

Comment détecter une microagression ? La professeure Flores Niemann, qui étudie ­depuis trente-cinq ans les liens entre « race et psychologie » aux Etats-Unis, a interrogé ses étudiants en 2017. De leurs témoignages, elle a fait un clip vidéo posté sur YouTube. Il ­fournit des exemples des trois catégories de microagressions définies par Derald Wing Sue : microassauts, micro-insultes et micro-invalidations.

Les microassauts sont intentionnels ; ils peuvent être qualifiés d’actes de discrimination : swastikas ou drapeaux confédérés (l’emblème des Etats esclavagistes pendant la guerre de Sécession, entre 1861 et 1865) dessinés dans les dortoirs, inscriptions islamophobes sur les tableaux de salles de classe (« Ban islam », « bannissez l’islam », est un classique).

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