ENGAGEMENTPourquoi Dubosc, Polnareff ou Bardot soutiennent les «gilets jaunes»?

Polnareff, Dubosc, Bardot, Kaaris… Pourquoi ces people affichent leur soutien aux «gilets jaunes»?

ENGAGEMENTMichel Polnareff, Brigitte Bardot, Patrick Sébastien, Franck Dubosc, Philippe Lellouche, ou encore Arnaud Ducret ont apporté leur soutien au mouvement des « gilets jaunes ». Opportunisme ou sincérité ?…
Franck Dubosc en Patrick Chirac dans «Camping 3».
Franck Dubosc en Patrick Chirac dans «Camping 3». - Alain Guizard
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • Michel Polnareff, Brigitte Bardot, Patrick Sébastien, Franck Dubosc, Philippe Lellouche, ou encore Arnaud Ducret ont apporté leur soutien aux «gilets jaunes».
  • Patrick Sébastien a notamment dénoncé la « fracture » entre les élites et les plus défavorisés, pas assez pris en considération.
  • Alors, engagement sincère ou opportunisme ? Le point avec la sémiologue Mariette Darrigrand.

Ils gagnent bien leur vie et ne bloquent pas les ronds-points. Et pourtant Michel Polnareff, Brigitte Bardot, Patrick Sébastien, Franck Dubosc, Philippe Lellouche, ou encore Arnaud Ducret et Kaaris ont apporté leur soutien via les médias ou les réseaux sociaux au mouvement de protestation non structuré des « gilets jaunes ». Que signifient ces prises de position de la part de célébrités aux profils aussi différents ?

Mariette Darrigrand, sémiologue qui dirige le cabinet Des Faits et Signes, spécialisé dans l’analyse du discours médiatique, auteure de J’te kiffe, je t’aime (Gallimard) souligne que « la diversité des artistes qui soutiennent le mouvement représente la variété des acteurs du mouvement. Ces prises de position relèvent en creux l’absence des artistes qui défendent le modèle démocratique, qu’ils soient de gauche ou de droite, peu importe ». Parmi les célébrités, aucun intellectuel, ce qui « montre la perte d’influence de la culture traditionnelle », remarque la sémiologue.

Patrick Chirac de « Camping », un « gilet jaune » ?

Parmi les discours de revendication des «gilets jaunes», « on observe deux tensions, celle de la réhabilitation d’un peuple, une demande de reconnaissance, et l’autre très dure, avec un désir de se battre physiquement, un désir de violence », constate la sémiologue.

Sur le plan de cette « réhabilitation », il y a eu des signes culturels avant-coureurs. « Les succès des films Camping ou Bienvenue chez les Ch’tis amorcent quelque chose, estime la sémiologue. Camping est un film populaire annonciateur du populisme à la française en train de s’exprimer ». Pas étonnant donc de voir les acteurs de la saga comme Franck Dubosc ou Philippe Lellouche apporter leur soutien aux «gilets jaunes». « Il faut que l’on soit avec vous, nous les favorisés », a ainsi publié Franck Dubosc ce mardi soir sur Facebook.

Patrick Sébastien et l’invisibilisation d’un certain public

Dans les films de la saga Camping, Franck Dubosc incarne « un héros populaire ». Avec son slip de bain moulant, son débardeur rose, sa passion pour le Benco et le camping des flots bleus, Patrick Chirac paraît certes caricatural, mais permet aussi de réhabiliter « des gens qui ne se sentent pas suffisamment considérés ». « L’intervention de Franck Dubosc est donc parfaitement cohérente », analyse la chercheuse.

D’autres prises de position peuvent également paraître logiques. « Vous êtes un gilet jaune ou pas ? », demandait Laurence Ferrari à Patrick Sébastien sur CNews ce mercredi. « C’est pas ça, c’est que moi, c’est ma France qui est dans la rue. C’est la mienne. » « C’est celle qu’on vire en même temps qu’on me vire de la télévision », poursuit-il.

L’éviction de Patrick Sébastien de France Télévisions participe-t-elle à la fameuse « invisibilisation » de la France des «gilets jaunes» ? « J’ai deux millions et demi de personnes qui me suivent et à qui on a dit : “Non, c’est pas assez bien pour vous” », estime l’ex-animateur de France 2 qui dénonce la « fracture » entre les élites et les plus défavorisés, pas assez pris en considération.

Des stars en promo ou proches de certains partis politiques

En revanche, le lien est plus difficile à comprendre entre Michel Polnareff, exilé aux Etats-Unis depuis 1973 à la suite d’un conflit avec le fisc français, et les « gilets jaunes ». Rencontré cette semaine à Las Vegas par Le Parisien à l’approche de la sortie de son nouvel album (tiens tiens ?), le chanteur affirme soutenir les « gilets jaunes », dans les rangs desquels se trouvent certains de ses fans.

Si les paroles de Polnareff peuvent laisser perplexes, le soutien de Brigitte Bardot aux gilets jaunes semble tout naturel à Mariette Darrigrand. « Brigitte Bardot est proche du FN. Elle représente cette partie du mouvement », commente l’experte. La star a publié mercredi une photo d’elle en gilet les deux pouces levés, à côté de sa Renault 4L blanche garée à l’entrée de La Madrague, sa maison de Saint-Tropez. « Avec vous ! », a écrit la star en légende.

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L'expression d'une colère

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Avec les rappeurs, on touche à la seconde tension du mouvement des « gilets jaunes » : le « désir de se battre physiquement, un désir de violence ». « Monsieur l’agent je t’enfonce le triangle et le gilet fluo », provoquait Kaaris sous un cliché de lui sur Instagram, arborant le fameux gilet, le 17 novembre, premier jour de rassemblement. Un message sans équivoque représentatif de « la colère qui s’est exprimée dans un premier temps », note la chercheuse.

« Nous allons maintenant entrer dans un second temps, le mouvement va commencer à se fixer un objectif. Les artistes peuvent aider. Certains artistes consensuels peuvent amener les Français à se réconcilier », considère la chercheuse. Ce n’est pas un hasard si Coluche est devenu la mascotte des «gilets jaunes» : « Il est hybride, tout à la fois beauf et bobo », conclut l’experte.

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