Mélenchon et Le Pen misent sur les Gilets jaunes

Les deux leaders de l’opposition populiste tablent sur un succès du mouvement des Gilets jaunes. Le leader des Insoumis manifestera avec eux samedi à Paris.

 La présidente du Rassemblement national multiplie les prises de position favorables au mouvement.
La présidente du Rassemblement national multiplie les prises de position favorables au mouvement. REUTERS/Gonzalo Fuentes

    Ils surveillent le mouvement comme le lait sur le feu. La mobilisation des Gilets jaunes est de nature et d'ampleur inédite. Un objet politique non identifié. Ni Jean-Luc Mélenchon ni Marine Le Pen n'en sont à l'origine et pourtant ils s'y retrouvent fortement tous les deux. Ils nient toute récupération! Mais l'un comme l'autre espèrent que cette colère -née de la contestation de la hausse des prix des carburants- prospère pour affaiblir davantage Emmanuel Macron.

    Depuis le début, Marine Le Pen multiplie les prises de position favorables au mouvement, « dans lequel beaucoup de ( ses ) électeurs se retrouvent », affirmait-elle dans nos colonnes. Comme elle a appelé ce jeudi le gouvernement à autoriser les Gilets jaunes à manifester samedi sur les Champs-Élysées, par « considération » pour eux, alors que cela leur avait été interdit la semaine passée.

    La patronne du Rassemblement national (ex-FN) n'ira cependant pas elle-même défiler ce week-end. Le rôle d'une dirigeante politique, « ce n'est pas d'être dans la rue », dit-elle, même si elle a appelé ses sympathisants et les cadres du parti, à y aller. « Le mouvement est plus fort s'il est indépendant », souffle un de ses conseillers. Et plus il devient fort, plus le RN en sera renforcé, croit la députée du Pas-de-Calais. Car elle reste persuadée d'être le débouché électoral naturel de ce qu'elle appelle « la France des invisibles ».

    Pour Mélenchon, l'espoir de reconvoquer les urnes

    À tort? Car Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis occupent ostensiblement le terrain. Gilet jaune sur les épaules, pour certains! Si la France insoumise rencontre aujourd'hui des turbulences liées aux européennes, ses dirigeants comptent bien capitaliser sur cette colère populaire.

    Le député (LFI) de Marseille, qui devait à l'origine être en déplacement au Mexique, sera bien à Paris pour manifester ce samedi. Pas question de rater ça ! « C'est clairement un événement politique majeur, nous sommes à la veille d'une révolution citoyenne », a-t-il commenté jeudi matin sur France 2, précisant qu'il récusait toute violence.

    Mélenchon, qui n'a jamais caché sa fascination pour l'épisode révolutionnaire de 1789, caresse l'espoir que le « peuple » oblige d'une manière ou d'une autre le pouvoir à reconvoquer les urnes. Mais depuis le début du quinquennat, aucune manifestation n'a réussi à faire reculer l'exécutif.

    Parler aux «fâchés mais pas fachos»

    « Fédérer le peuple » est au cœur de la stratégie populiste de Mélenchon et cela implique de parler à une partie de l'électorat frontiste, ceux que le Marseillais surnomme les « fâchés mais pas fachos ». Et les Gilets jaunes sont, en ce sens, un cœur de cible pour les Insoumis.

    « L'électorat qui soutient très fortement ce mouvement est celui de la protestation, ceux qui votent Rassemblement national (ex-FN) […] et, dans une certaine mesure, pour les Insoumis », expliquait récemment Jérôme Fourquet, de l'institut de sondage Ifop. Mais également, et c'est là un cœur de cible pour Le Pen comme Mélenchon, « la population détachée de la politique, abstentionniste ».

    Bien malin qui dira l'avenir de cette mobilisation. Mais LFI comme le RN sont en tout cas prêts à s'en disputer les bénéfices électoraux.