Sophie, au revenu minimum depuis 20 ans : «Un combat permanent»

Avant d’occuper un poste d’agent d’entretien, Sophie, 57 ans, a connu avec sa famille une longue période de précarité.

 Pour Sophie, le RMI était « une façon de survivre. » (Illustration)
Pour Sophie, le RMI était « une façon de survivre. » (Illustration) Le Parisien/ Vincent Lesage

    De ces 20 ans au revenu minimum, Sophie* a gardé de nombreux souvenirs qui remontent régulièrement à la surface. L'angoisse qui monte avant d'ouvrir les factures. Les bons pour retirer des colis auprès des associations. Les démarches à n'en plus finir, chaque mois, auprès de la CAF (Caisse d'allocations familiales), la mairie, le département. « Ce RMI (NDLR : revenu minimum d'insertion), c'était une façon de survivre, un combat permanent pour s'en sortir », assure Sophie, 57 ans, qui travaille désormais comme agent d'entretien dans les collèges de l'Eure. C'est au début des années 1990 que cette mère de trois enfants, faute d'emploi stable, a commencé à toucher la fameuse allocation crée par Michel Rocard.

    « Pour se loger et se nourrir, nous pouvions aussi faire appel aux associations, les Restos du cœur, le Secours populaire. Sinon, je ne sais pas ce qui aurait pu se passer. J'aurais fini par voler, sans doute… », souffle-t-elle. Avec son mari, lui aussi allocataire, ils se mettent alors à cultiver un potager qu'ils louent pour une somme modique à la mairie de Louviers, près de leur domicile.

    «Je ressens un sentiment de fierté»

    « Nous avons sans cesse été dans une recherche active d'emploi, à taper à toutes les portes », soutient Sophie qui a, tour à tour, été vendeuse, serveuse, aide à domicile. En 2009, son couple est allocataire du RSA (NDLR : revenu de solidarité active), qui vient tout juste de remplacer le RMI. Tous deux continuent d'enchaîner périodes de grande précarité et emplois à la petite semaine. Ce n'est qu'en 2011, alors que Sophie se rend par hasard à un cours de danse, qu'on lui parle d'un job dans un établissement scolaire près de chez elle.

    « Aujourd'hui, je me lève à 5 heures tous les matins mais dès que je sors ma carte bancaire, je ressens un sentiment de fierté », lâche Sophie qui est aussi contente de « rencontrer des gens au quotidien », sortir de chez elle, travailler. Bref, avoir la vie sociale que procure l'activité professionnelle. « Au niveau financier, quand je fais mes calculs, rien de neuf sous le soleil. Il me reste 200 € pour vivre tous les mois », note néanmoins Sophie. Presque la même somme que lorsqu'elle était allocataire des minima sociaux et bénéficiait de nombreuses aides.

    *Le prénom a été modifié