Scancars à Marseille : les PV pleuvent et les automobilistes craquent

Avec la mise en place des voitures qui scannent les plaques d’immatriculation, les amendes de stationnement explosent.

 Deux Scancars, qui peuvent lire 1 500 plaques d’immatriculation par heure, circulent dans les rues de Marseille.
Deux Scancars, qui peuvent lire 1 500 plaques d’immatriculation par heure, circulent dans les rues de Marseille. PhotoPQR/La Provence

    « J'ai reçu 25 PV en quelques semaines, parfois c'était trois par jour. J'en ai même eu 2 dressés à quatre minutes d'intervalle. Et à chaque fois, c'est toute une procédure pour les contester, soit par lettre recommandée A/R, soit par Internet ! J'ai dû envoyer 25 fois les mêmes pièces justificatives… » Titulaire d'un macaron handicapé qui lui donne droit au stationnement gratuit dans toute l'Europe, Christophe est un exemple du piège administratif dans lequel sont plongés les automobilistes marseillais qui veulent contester une contravention, désormais appelée « forfait post stationnement » (FPS).

    Depuis le 1er janvier, 535 000 FPS ont été distribués, un nombre qui a été multiplié quasiment par deux après que la société SAGS, qui gère le stationnement en délégation de service public pour la mairie de Marseille, a lancé dans les rues de la ville deux « scancars » : ces voitures sont capables de lire 1 500 plaques d'immatriculation par heure et de vérifier si l'horodateur a été payé. Un agent dresse alors un FPS à 17 €, qui passe à 67 € en cas de non-paiement dans les délais.

    300 automobilistes verbalisés à tort dès février

    En février, la mairie avait déjà présenté ses excuses à environ 300 automobilistes verbalisés à tort. SAGS renvoie, elle, vers son site Internet pour les réclamations. « Nous recevons beaucoup de dossiers incomplets, c'est la loi qui précise les pièces à fournir », indique son président Jean-Laurent Dirx, qui met en avant notamment la fraude aux fausses cartes handicapé.

    Ces réclamations doivent être rédigées dans un délai d'un mois, sinon, la loi prévoit qu'il faut d'abord payer puis contester devant la commission du contentieux du stationnement payant à Limoges, en Haute-Vienne. C'est ce que font par exemple des agents des impôts verbalisés régulièrement alors qu'ils stationnent sur des places réservées au Trésor public.

    Mais de nombreux automobilistes désorientés se rendent à la trésorerie Marseille amende, qui a déjà dû gérer depuis mars 100 000 plaintes pour des forfaits post-stationnement majorés sans pouvoir intervenir sur les dossiers. La tension est telle dans ce petit bureau, désormais ouvert uniquement le matin avec une queue jusque dans le couloir, que les syndicats CGT et Solidaires ont déclenché un droit d'alerte : désormais, une voiture de police est en faction devant la trésorerie tous les matins à 11 heures.

    « Les gens sont à bout »

    « Les agents se font menacer de mort, certains sont même attendus à la sortie par des gens mécontents que nous n'ayons aucune réponse à leur apporter », témoigne Frédéric Larrivée, de la CGT. « Les gens sont à bout, notamment ceux qui ne maîtrisent pas les démarches sur Internet : ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent payer et n'ont personne vers qui se tourner. »

    « Il y a un problème d'information, l'Etat n'a pas assez communiqué sur le changement de législation », reconnaît Jean-Luc Ricca, adjoint en charge du stationnement. « Mais les Marseillais ne payaient qu'à 30 % le stationnement, c'est ce qui a changé. »