Dans les écoles louviéroises, on dit «buongiorno» à l’italien
Depuis la rentrée de Toussaint, 80 élèves suivent des cours d’italien à l’école communale de Trivières. D’ici janvier, ils seront 200 dans toute l’entité louviéroise.
- Publié le 30-11-2018 à 09h41
C’est un joyeux brouhaha qui s’élève d’une classe de l’école communale de Trivières ce jeudi, après les cours obligatoires. Au milieu d’une grosse vingtaine d’élèves, Louana Lo Presti, professeure, tente de se faire entendre au milieu du vacarme et essaye transmettre quelques mots de sa langue natale, l’italien.
«J’ai appris “Buongiorno”, “Come stai”, “Bene”», égrène Giulia, cinq ans. Elle fait partie des élèves de 3e maternelle à la 6e primaire à être inscrite au cours d’italien dispensé à l’école de Trivières depuis la Toussaint. Une fois par semaine, elle prolonge sa journée d’école par 1 h 30 d’initiation à l’italien, la langue de ses aïeux.
C'est suite à une demande émanant de parents d'élèves de l'école d'Haine-Saint-Pierre que la ville de La Louvière s'est lancée dans l'organisation de cours d'italien. Face à cette demande, Michel Di Mattia, échevin à l'enseignement, était plutôt sceptique: «je demandais à voir». Rapidement, les parents ont vaincu son appréhension: ils étaient une trentaine à confirmer leur volonté d'inscrire leurs enfants à un cours d'italien.
Cours pris en charge par le consulat italien
La Ville a donc introduit une demande auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour intégrer le programme «OLC», pour «Ouvrir mon établissement aux langues et aux cultures». Il s’agit d’un partenariat entre 11 pays et la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui vise à donner aux jeunes une meilleure connaissance de leur culture d’origine, mais aussi à encourager à l’ouverture afin de lutter contre les stéréotypes et le racisme.
Concrètement, deux cours sont proposés: un cours de langue, dispensé en dehors des horaires normaux, et un cours d’ouverture aux langues et aux cultures durant l’horaire obligatoire. Ce dernier est assuré conjointement par l’instituteur de la classe et par le professeur de langue. Ce professeur est engagé et payé par le consulat italien. L’organisation des cours d’italien ne coûte rien à la ville de La Louvière, si ce n’est un peu plus de chauffage.
Après une première expérience concluante à Haine-Saint-Pierre l’année scolaire précédente, l’idée a germé d’étendre le programme à d’autres écoles, où des parents ont fait des demandes. Cette année, les cours vont se dérouler dans 4 écoles communales: Trivières, Baume, Houdeng-Aimeries et Haine-Saint-Pierre.
Dans toute l'entité louviéroise, 200 enfants devraient suivre un cours d'italien dès que les derniers obstacles administratifs seront levés. Un engouement qui a dépassé toutes les attentes: «nous nous attendions à 120 demandes», lâche Michel Di Mattia. Rien qu'à Trivières, ils sont 80 élèves inscrits. «C'est 25% des enfants inscrits à l'école», souligne Florence Zammuto, la directrice de l'implantation.
Retour aux sources
Comment interpréter cet engouement? «Nous devons entendre ce retour à certaines sources non pas comme un retour identitaire, mais comme une identité ouverte, une manière de redécouvrir une culture, mais qui n'appartient pas qu'à l'Italie. Vous avez un peu moins de la moitié du patrimoine Unesco qui s'y trouve et ça appartient à toute l'humanité», estime Michel Di Mattia, qui précise que tous les élèves à suivre les cours ne sont pas d'origine italienne.
Le programme OLC est établi pour cinq ans, renouvelable tous les ans. Les «prego», «bene» et «buongiorno» n’ont pas fini de retentir dans les classes louviéroises.
Pour Giuseppe, également sicilien et grand-père de l'autre Giulia de la classe, lui enseigner l'italien est aussi une évidence. «C'est une très belle langue. On la parle tous à la maison, même ma femme qui est belge. Mes enfants ont été à l'école italienne à l'époque et on a décidé avec les parents de Giulia de l'inscrire en italien. Parler plusieurs langues, c'est un plus et en apprendre une maintenant l'aidera sûrement à en apprendre une autre après», pense le sage grand-père.
Après quatre générations depuis l’arrivée des premiers immigrés, l’italien est toujours vivace à La Louvière.