Il y a trois signes qui prouvent que nous sommes déjà mi-novembre : les jours raccourcissent, les températures refroidissent… et les Français cherchent soudain des moyens pour réduire leurs impôts. Même si 2018 est une année « blanche » à cause de la mise en place du prélèvement à la source (PAS) en janvier, qui portera sur les revenus 2019, plusieurs dispositifs permettent d’alléger cette année les impôts de l’an prochain !
Une année... pas tout à fait blanche
Tout d’abord, il faut savoir que le PAS exonérera les revenus « courants » des contribuables pour 2018, mais que ce ne sera pas le cas pour les revenus exceptionnels : primes, indemnités de fin de CDD, prestations de retraite perçues en capital… qui n’échapperont pas à l’impôt l’an prochain (en plus du PAS prélevé sur les revenus 2019). Mais bonne nouvelle, ils ne seront plus imposés comme auparavant à la tranche marginale du contribuable (la plus élevée, qui peut monter à 41% pour les hauts revenus) mais au seulement au taux moyen d’imposition du contribuable. Mieux vaut donc percevoir ces revenus exceptionnels avant le 31 décembre plutôt qu’en 2019, où ils seront à nouveau imposés à la tranche marginale…
Ensuite, l’année blanche n’annule pas les réductions et crédit d’impôts obtenus grâce à des investissements. « Même si le contribuable n’a eu que des revenus courants en 2018, les réductions d’impôts pour les investissements faits cette année seront versées en 2019», souligne Catherine Costa, directrice du pôle Solutions Patrimoniales chez Natixis Wealth Management. S’il est un peu tard pour les investissements d’immobilier défiscalisant (de type Pinel, Duflot, Scellier ou Censi-Bouvard…) à cause des délais administratifs de souscription, il reste quelques autres possibilités.
La plus connue est l’investissement dans des entreprises non cotées (en direct, à travers le crowdfunding, ou des fonds dédiés comme les FIP et FCPI), qui donne droit chaque année à une réduction d’impôt de 18%, dans la limite de 50.000 euros par personne (soit 9.000 euros de réduction) ou 100.000 euros pour un couple (et 18.000 euros de réduction). Pour compenser la disparition de l’ISF, le gouvernement avait même envisagé de porter la réduction d’impôt de 18 à 25% et demandé une autorisation aux autorités européennes mais le processus législatif n’est pas terminé et risque de traîner au-delà du 31 décembre. « Je suis très pessimiste sur la parution du décret à temps pour cette , année et ce sera un très mauvais signal envoyé aux investisseurs », regrette Charles Beigbeder, le président d’Audacia, une société de gestion spécialisée dans l’investissement dans les PME-ETI. Les épargnants qui investissent feraient mieux de compter sur le taux de 18% plutôt que 25%.
Mieux vaut donner aux œuvres que préparer sa retraite cette année
Le grand perdant de l’année blanche risque plutôt d’être le PERP : puisque les revenus de l’année 2018 ne sont pas imposables, le contribuable ne pourra donc pas déduire de ses impôts les cotisations PERP versées cette année, sauf en cas d’impositions de revenus exceptionnels (voir plus haut). Cependant, pour éviter que tous les contribuables suspendent leurs versements cette année et les reportent à 2019, le Parlement avait voté fin 2017 un amendement anti-optimisation : les versements de l’an prochain ne seront déductibles à 100% qu’à la condition d’avoir souscrit autant en 2018 et en 2017. Dans le cas contraire, la déduction ne sera qu’à hauteur de la moyenne des cotisations 2018 et 2019. Un dispositif contraignant et peu incitatif qui risque de détourner les épargnants du PERP jusqu’en 2020. « Renoncer à réaliser des versements en 2018 et en 2019 sur un PERP pénalisera fortement l’effet d’accumulation de cette épargne à long terme », avertissent les experts de Linxea, un site d’épargne en ligne, mais faute d’avantage fiscal…
Enfin, à l’approche des grandes manifestations caritatives de fin d’année (Sidaction, Téléthon...), les dons restent un moyen d’alléger ses impôts 2019. Avec la mise en place du PAS, le gouvernement a adapté son dispositif : les contribuables recevront en janvier un acompte de 60% de la réduction d’impôt reçue l’an dernier au titre des dons, et le solde sera versé en septembre 2019. « Si on donne plus ou moins que l’an dernier, ce sera régulé lors du versement du solde en septembre 2019. Mais attention pour ceux qui ne donneront pas cette année : il faudra rembourser au fisc l’acompte qui sera versé en janvier !», prévient Catherine Costa, de Natixis Wealth Management.