Au moins 1.850 euros nets par mois: c'est ce que devait régler de leur poche fin 2016 la moitié des quelque 600.000 résidents de maison de retraite, après perception des allocations et des contributions des proches. Un montant édifiant qui a été estimé pour la première fois par la DREES (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, rattachée au ministère des Solidarités et de la Santé), dans le cadre d'une étude publiée ce mardi 27 novembre*. Une tendance d'autant plus édifiante que cette participation financière peut même grimper à 2.420 euros pour la moitié des résidents des établissements privés à but lucratif (contre 1.800 euros pour les autres types d'établissements).
Or, la pension moyenne des retraités vivant en France s'élevait à seulement 1.500 euros nets mensuels fin 2016. Résultat, moins du tiers des résidents (30%) affirme disposer de ressources personnelles (retraite, revenus du capital...) ou allocations suffisantes pour régler ce reste à charge. Alors comment les autres personnes âgées parviennent-elles concrètement à financer leur maison de retraite et les frais liés à la perte d'autonomie (aménagements de la chambre, appareils auditifs, aidants professionnels...) chaque mois?
L'épargne personnelle, premier moyen
En dehors de la pension ou des aides, le premier moyen déclaré par près du tiers des seniors (27%) reste l'épargne personnelle. A ce titre, les résidents "détiennent tous des livrets d'épargne (livret A, bleu, de développement durable, d'épargne populaire) ou d'épargne logement (livret, plan ou compte épargne logement) et la plupart détiennent également des produits d'assurance-vie ou d'épargne retraite", citent les auteurs de l'étude. D'autres moyens de financement sont mobilisés tels que le soutien financier de l'entourage (11% d'entre eux) et la vente d'une partie de son patrimoine (5%).
19% des seniors disposent de revenus suffisants pour financer leur maison de retraite.
A noter toutefois que l'étude n'est pas en mesure d'établir précisément les ressources mobilisées pour près du quart des résidents (24%) affirmant n'utiliser aucun des moyens de financement proposés par l'étude. "Dans certains cas, une participation financière de l'entourage peut avoir lieu sans que le résident en soit informé; dans d'autres cas, celui-ci pourrait avoir sous-estimé les revenus déclarés dans l'enquête -auquel cas ces revenus pourraient être en réalité suffisants pour couvrir les dépenses", avancent les auteurs en guise d'explication.
Des tarifs qui progressent en flèche
La tendance globale ne devrait pas s'améliorer dans les années à venir. Parmi les sondés, 36% anticipent de puiser dans leur épargne personnelle (+9 points) à l'avenir, et 16% envisagent de demander à leur entourage de payer pour eux (+5%). Une situation préoccupante alors que les tarifs de maisons de retraite ne cessent de progresser ces dernières années. "Depuis 2011, les tarifs journaliers liés à l’hébergement ont en moyenne augmenté de 4,20 euros dans les EHPAD, passant de 55,10 à 59,309 euros TTC en moyenne fin 2015, soit une augmentation près de trois fois supérieure à celle de l’inflation observée pour cette période (+7,6% et +2,8% respectivement)", soulevaient déjà les résultats de l’enquête EHPA de 2015. De quoi s'interroger sérieusement sur la démocratisation de l'accès à ces structures à l'heure du vieillissement de masse de la population.
*Méthodologie: l'enquête CARE-Institutions a été menée par la DREES avec la CNSA, fin 2016 auprès de 3.300 personnes âgées de 60 ans résidant de manière permanente dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), dans les maisons de retraite non-Ehpad et dans les établissements de soins de longue durée (SLD) et auprès de leurs aidants informels. L'établissement doit déclarer le montant mensuel de la participation financière revenant à la personne (allocations, contribution des obligés alimentaires, aide au logement...), hors participations volontaires éventuelles des proches.