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Face aux «gilets jaunes», la profonde inquiétude des entreprises

Une vitrine est brisée à coups de pavés par des casseurs à Paris samedi 1er décembre. ALAIN JOCARD/AFP

VIDÉO - Les «gilets jaunes» sont à nouveau descendus dans la rue samedi, entraînant blocages et, dans certains cas, dégradations. Après la mobilisation de la semaine dernière, les acteurs de l'économie ont déjà tiré la sonnette d'alarme, chiffre d'affaires en chute à l'appui.

Les craintes nourries par le patronat la semaine dernière à l'approche de l'acte III de la mobilisation des «gilets jaunes» se sont vérifiées. De Paris à Marseille, blocages pacifiques, dégradations et incendies ont été observés ce samedi 1er décembre. Plusieurs commerces ont été saccagés voire brûlés, des véhicules retournés et/ou incendiés également, et des grands magasins parisiens ont dû évacuer leur clientèle par mesure de sécurité. Dans le «meilleur» des cas, les actions sans violence des «gilets jaunes» ont paralysé des zones d'activité ainsi que des aéroports. Dès lundi 27 novembre, après les violences intervenues le week-end précédant sur les Champs-Élysées à Paris et les différents barrages installés, les entreprises avaient fait part de leurs inquiétudes aux autorités. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait ce jour-là annoncé des mesures de soutien aux professionnels affectées par le mouvement, notamment un étalement des échéances sociales et fiscales et des mesures de chômage partiel. Il avait promis que le gouvernement «ferait en sorte» d'assurer la liberté de commercer et de circuler. Une assertion démentie par les faits ce samedi, en dépit des cris d'alarme des différentes filières.

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Jeudi, les membres du patronat reçus à Matignon ont mis en garde contre l'impact économique du mouvement de grogne. «Quand les ‘gilets jaunes' s'en prennent aux entreprises, clairement ils se trompent de cible et ils se tirent une balle dans le pied», a ainsi plaidé Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

Un troisième week-end de blocage «catastrophique» pour le commerce

Dans un communiqué, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) affirmait quant à elle qu'un troisième week-end de «blocage des magasins et des entrepôts» serait «catastrophique» pour le commerce. «Les blocages que notre pays connaît depuis désormais 12 jours ont eu des conséquences extrêmement négatives pour le commerce: magasins bloqués ou fermés, baisse de la fréquentation par les clients qui ne peuvent plus circuler, livraisons impossibles du fait du blocage des entrepôts, rupture sur de nombreux produits, sabotage des pompes à essence...», déplore la FCD.

La fédération, qui regroupe la plupart des enseignes de la grande distribution, affirme que les ventes dans le secteur ont enregistré un «recul massif de 35%» le premier samedi de mobilisation, et de 20% au cours du week-end dernier, «sans espoir de report notamment pour les produits frais». «Les conséquences sont particulièrement lourdes pour nos clients qui ne peuvent plus faire leurs achats à la veille des fêtes, pour nos fournisseurs qui ne peuvent plus nous livrer, pour nos salariés empêchés de travailler et qui risquent d'en subir les conséquences financières ou sur leur emploi, et pour nos magasins, qui enregistrent de lourdes pertes», souligne la FCD. Elle demande aux pouvoirs publics «de tout faire pour que la liberté de circulation et l'accès à nos magasins et entrepôts soient totalement respectés. C'est un droit fondamental qui ne peut souffrir d'exception», souligne la fédération.

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Dans certains secteurs d'activité «les pertes de chiffre d'affaires oscillent entre 40 % et 80 %»

De son côté, le Conseil du commerce de France (CDCF) déplore que «dans certains secteurs d'activité, comme le jouet ou l'équipement de la personne, les pertes de chiffre d'affaires oscillent entre 40% et 80%». De plus, «dans le secteur alimentaire, des commerces de proximité, surtout en centre-ville, doivent fermer faute d'approvisionnement. Sans compter les pertes d'exploitation liées aux invendus de produits frais». «La situation actuelle n'est pas tenable économiquement et socialement pour le commerce. Le mois de décembre est la période d'activité la plus importante de l'année pour tout le secteur. C'est aussi une période d'embauches pour renforcer les équipes dans les magasins et les entrepôts pour satisfaire les clients plus nombreux. Aujourd'hui, ces embauches sont suspendues. Certaines enseignes, notamment dans le secteur du bricolage et de la jardinerie, ont déjà dû mettre une partie de leurs équipes au chômage partiel», précise par ailleurs le président du CDCF, William Koeberlé.

Entre 20.000 et 25.000 réservations annulées en décembre dans les hôtels franciliens

L'hôtellerie n'est pas non plus épargnée. «Les images retransmises (fin novembre) dans le monde entier ont entraîné un certain nombre de touristes à annuler leur voyage», souligne le cabinet MKG, expert du secteur hôtelier, dans un communiqué, évoquant «un manque à gagner sur le chiffre d'affaires des hôtels pouvant aller jusqu'à 20%, soit une estimation de 10 millions d'euros». «Les événements du 24 novembre ont mis un «sérieux coup de frein au tourisme francilien», note MKG. Le cabinet estime entre 20.000 et 25.000 le nombre de nuitées annulées pour le mois de décembre, avec des pics durant les week-ends, notamment celui de la Saint-Sylvestre.

« Le mouvement des ‘gilets jaunes' ne peut continuer dans cette voie de la menace et du blocus. Il serait suicidaire pour nos entreprises que le week-end prochain perpétue incivilités et entraves »

François Pélissier, président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle

Le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle a également tiré la sonnette d'alarme ce jeudi sur les blocages des gilets jaunes dans le département, évoquant des «conséquences désastreuses» pour l'économie. «Le mouvement des ‘gilets jaunes' ne peut continuer dans cette voie de la menace et du blocus. Il serait suicidaire pour nos entreprises que le week-end prochain perpétue incivilités et entraves», a prévenu François Pélissier, président de la Chambre depuis 2011, dans un communiqué. «Revendiquer des transformations de notre société et interpeller l'État est une chose, mais (...) on ne peut accepter des opérations irresponsables de blocage des approvisionnements et des accès à nos zones d'activités et commerciales», a estimé François Pélissier, évoquant un «sabotage en règle» du tissu économique.

Selon la CCI, le chiffre d'affaires des grands et des petits commerces du département a reculé de «60 à 80% pour certains» entre le 17 novembre et la fin du mois.

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