G20 - Pour la première fois de son histoire, l'Argentine accueille les chefs des plus grandes puissances mondiales lors du G20, ces vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre, à Buenos Aires. Les 20 participants sont attendus pour ce forum annuel, mais Emmanuel Macron a dit craindre un tête à tête entre la Chine et les USA qui éclipserait tous les autres sujets, tels que le climat ou les droits de l'Homme. Les deux puissances ont en effet un gros différent commercial à régler, mais ce ne sont pas les seules.
Pour y voir plus clair, Le HuffPost fait un récapitulatif -aussi exhaustif que possible- des relations en tension entre les pays participants. Et elles sont nombreuses, comme vous pouvez le constater sur notre schéma.
Depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir en 2016, les États-Unis se sont mis à dos bon nombre de pays, et notamment la France. Les retrouvailles avec Emmanuel Macron s'annoncent fraîches, peu après un tweet moqueur du président américain sur la faible cote de popularité de son homologue français, confronté ces derniers jours au mouvement des "gilets jaunes" dans l'Hexagone. Sans compter que le président français va s'efforcer d'avancer sur une réforme de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de préserver l'Accord de Paris sur le climat, alors que son homologue américain en a retiré son pays en 2017.
Enfin, la proposition d'Emmanuel Macron de créer une armée européenne a fait bondir Donald Trump, celui-ci jugeant l'idée "insultante". Bonne ambiance en perspective.
En pleine crise avec l'Ukraine dans la mer d'Azov, la Russie a été sommée par Paris de relâcher les marins ukrainiens qu'elle a fait prisonnier le 26 novembre dernier. Un épisode qui succède à la "violation du droit international" perpétrée par la Russie en 2014 lors de l'annexion de la Crimée. Un sujet de haute tension entre l'UE et le Kremlin (entre autres) et qui a notamment donné lieu à des sanctions de la part de l'Occident. En réponse, Moscou a posé un embargo sur les denrées occidentales et américaines. Celui-ci a été renouvelé pour deux ans en juillet dernier. Les relations entre l'Elysée et les médias sous influence russe en France comme RT sont un autre point de tension.
Alors que l'Allemagne dénonçait également depuis 2014 une "violation du droit international", les relations diplomatiques se sont encore gâtées avec la crise en mer d'Azov. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a jugé "inacceptable" tout blocage par la Russie du passage dans la mer d'Azov, à la suite des tensions entre Kiev et Moscou le 26 novembre.
En outre, Angela Merkel faisait également partie des leaders qui ont décidé d'expulser des diplomates russes à la suite de l'empoisonnement au Novichok de Sergueï Skripal.
Ce n'est pas à proprement parler avec la France que le Royaume-Uni entretient des tensions, mais avec l'Union Européenne. Évidemment, depuis l'annonce du Brexit, les négociations sont âpres entre le pays sortant et l'UE. Entre dialogues de sourds, démissions en cascade du côté britanniques, concessions et rétropédalage, les relations ne sont pas au beau fixe.
Des tensions que ressent donc aussi l'Allemagne, pays fondateur de l'Union Européenne.
L'arrivée de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles au pouvoir italien a foncièrement changé les relations que la péninsule pouvait entretenir avec le reste de l'Union Européenne. Face à la crise migratoire et à la question de l'accueil des migrants arrivant par bateaux depuis la mer Méditerranée, le ministre de l'Intérieur d'extrême droite, Matteo Salvini s'est montré très véhément. Refusant catégoriquement l'accueil des réfugiés, il est même allé jusqu'à fermer ses ports aux bateaux de secours.
De même, l'atmosphère est très tendue au niveau de la frontière franco-italienne, alors que l'Italie a accusé la France de ne pas avoir fait son travail pour stopper les migrants qui passent la frontière. Matteo Salvini a même dénoncé un "acte hostile" envers l'Italie en dévoilant une vidéo d'un refoulement de migrants à la frontière française. Un Salvini qui n'hésite par ailleurs pas à s'afficher avec Marine Le Pen, adversaire No1 de Macron.
Toujours sur ce thème de la crise migratoire, Matteo Salvini a menacé en octobre dernier de fermer les aéroports italiens si l'Allemagne, en application des accords de Dublin, lui renvoyait des migrants par charters. Ces accords obligent les migrants à déposer leur demande d'asile dans le premier pays européen où ils sont enregistrés. Ces vols n'étaient finalement pas prévu.
Ce sera l'une des grandes tensions de ce G20; les deux géants se livrent une guerre commerciale depuis le début de l'année 2018. Tout à commencé lorsque Donald Trump a décidé, le 22 janvier dernier, de mettre en place des taxes douanières sur des produits principalement créés en Chine. Cette dernière a donc décidé de répliquer en taxant également les produits américains. Tout au long de l'année les deux pays se sont engagés dans une escalade concernant les droits des douanes. À tel point que Donald Trump a fini par accuser la Chine d'ingérences dans les élections de mi-mandat afin de le faire perdre.
Evidemment, l'ambiance risque d'être très frisquette entre les deux pays frontaliers. Les frictions avec les USA sont très vives depuis l'arrivée de Trump au pouvoir en 2016. Alors que le projet de mur à la frontière mexicaine suit son cours, les tensions se sont encore avivées ces dernières semaines depuis l'arrivée de la caravane de migrants, venus notamment du Honduras, à la frontière américaine à Tijuana. La frontière entre San Diego et Tijuana a été fermée alors que des migrants ont tenté de passer sur le territoire américain. Les forces américaines ont notamment été accusées d'avoir gazé des migrants, dont des enfants, pour les repousser.
Donald Trump avait fait polémique il y a quelques semaines en publiant une vidéo qui assimilait les migrants sud-américains à des criminels.
Ces derniers mois, plusieurs événements ont contribué à émailler les relations déjà tendues entre la Turquie et les États-Unis. En effet, les récentes dissensions entre les deux pays remontent à 2016. Les deux pays sont notamment en désaccord sur le dossier syrien et le sort du prédicateur turc Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, dont la Turquie réclame l'extradition pour son implication présumée dans le putsch avorté de juillet 2016.
Plus récemment, en août dernier, Donald Trump avait doublé les tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs, entraînant ainsi une chute vertigineuse de la livre. Ce à quoi la Turquie a décidé en représailles d'augmenter les tarifs douaniers de plusieurs produits américains emblématiques avant d'appeler au boycotte des appareil électroniques à la bannière étoilée. Des tensions provoquées par la détention en Turquie du pasteur Andrew Brunson, accusé par Ankara d'espionnage et d'activités "terroristes", alors que la Maison Blanche exigeait sa libération. Ce qui a fini par arriver le 12 octobre dernier, relâchant ainsi la soupape entre les deux pays.
Donald Trump n'y est pas passé par quatre chemins pour expliquer ce qu'il pense de l'Allemagne. Sur Twitter, le 31 mai dernier, le président a assuré que le pays européen était "mauvais" pour les États-Unis. "Nous avons un ENORME déficit commercial avec l'Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu'elle ne le devrait pour l'Otan et le secteur militaire. Très mauvais pour les USA. Ça va changer", avait-il assuré sur le réseau social. Une pique assénée quelques heures après qu'Angela Merkel a déclaré que "l'époque où ils [les Allemands, ndlr] pouvaient compter sur les Etats-Unis sans la moindre hésitation était quasiment révolue".
Se sont les deux grands rivaux de ce G20. Alors que Trump avait confirmé sa rencontre avec Vladimir Poutine en marge du sommet, le président américain a finalement décidé d'annuler ce rendez-vous en raison du conflit en Ukraine.
À coup de sanctions économiques, les relations entre les deux géants se sont détériorées après l'affaire de l'empoisonnement au Novichok de Sergeï Skripal au Royaume-Uni. Un lien déjà fragile alors que le conflit en Syrie leur donne des intérêts opposés. L'Oncle Sam qui soutient l'opposition et la Russie qui soutient le régime de Bachar al-Assad.
Autres sujets de tensions: la présence américaine en Ukraine, la zone arctique - chaque puissance souhaitant étendre son territoire - et enfin les sanctions américaines contre la Russie après l'annexion de la Crimée et le conflit dans le Donbass.
Ils sont pourtant alliés de toujours, mais le tempérament de Donald Trump peut mettre à l'épreuve les plus solides des alliances. Plusieurs fois au cours de l'année passée, le président américain s'est permis de critiquer ouvertement -sur Twitter-, Theresa May. En juillet dernier, en visite au Royaume-Uni, Donald Trump avait indiqué qu'un "soft-Brexit", tel qu'il est envisagé par le gouvernement aurait des conséquences négatives : "S'ils font un tel accord, nous traiterions avec l'Union européenne au lieu de traiter avec le Royaume-Uni ", a déclaré le président des Etats-Unis, dans une interview au tabloïd The Sun.
En novembre 2017 encore, il avait relayé des vidéos, dont une extraite d'un montage réalisé par l'EI, et postées par une figure de l'extrême droite britannique stigmatisant les musulmans. Une communication que Theresa May avait qualifiée d'erreur. Ce à quoi son homologue américain a vertement répondu: "Theresa May, ne vous focalisez pas sur moi, focalisez-vous sur le Terrorisme Islamique Radical destructeur qui se produit au Royaume-Uni. Nous, nous allons très bien !"
Outre le conflit en Syrie, l'annexion de la Crimée et la crise en Ukraine, un événement majeur a sévèrement brouillé les gouvernements britannique et russe cette année: l'affaire Skripal. En effet, Theresa May a maintes fois accusé le Kremlin d'avoir empoisonné l'ancien espion russe et sa fille Iulia, à Salisbury, avec du gaz innervant, le Novichok.
Le Kremlin s'est évidemment défendu de tout acte, alors même qu'il a été prouvé que l'un des deux hommes impliqué était un ancien colonel du renseignement militaire russe.
Le Royaume-Uni a expulsé ses diplomates russes et le Kremlin en a fait de même avec les diplomates britanniques. Ainsi que tous ceux dont les pays se sont rangés du côté de Theresa May.
Les tensions entre ces deux pays sont historiques, après les 35 années de colonisation japonaises en Corée du Sud. Mais depuis janvier 2018, cette dernière a remis en cause un accord signé avec le Japon. En effet, les deux pays avaient annoncé un accord "définitif et irréversible", en décembre 2015, sur la question de la responsabilité du Japon dans la mise en place d'un réseau international de traite d'esclaves sexuelles, notamment coréennes, dans ce que fut l'empire japonais en Asie-Pacifique jusqu'en 1945. Mais en janvier dernier, Séoul a rejeté le volet financier de l'accord (1 milliard de yens, ou 7,4 millions d'euros) et appelé le Japon à "davantage d'efforts". Ce a quoi Shinzo Abe s'est fermement opposé.
La bataille pour l'appartenance des îles Senkaku en mer de Chine dure depuis des années, mais en février dernier, face aux incursions chinoises dans les eaux territoriales japonaises des îles Senkaku, le Japon a décidé qu'elle allait déployer des Forces terrestres d'autodéfense sur son île la plus méridionale, Ishigaki. De quoi rafraîchir l'atmosphère.
Les relations sont tendues entre ces deux pays depuis l'annonce du violent assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul. Ils n'ont eu de cesse de se renvoyer la faute, avant que la CIA ne confirme que le meurtre a été commandité par le prince héritier Mohammed Ben Salmane.
Interrogé sur les suites de l'assassinat de Jamal Khashoggi, Macron a répondu: "j'aurai l'occasion indubitablement de l'évoquer avec le prince héritier en marge du G20". Il a réclamé à nouveau une "clarté complète" sur ce dossier qui fait grand bruit et suggéré d'associer "la communauté internationale" à l'enquête. "Je souhaite que les investigations apportent une clarté complète à la famille et aux proches et à la communauté internationale, et qu'il puisse y avoir une association de la communauté internationale", a-t-il dit lors d'un point de presse.
Les relations entre ces deux pays ont atteint un stade critique en août dernier. Le Canada, fervent défenseur des droits de l'Homme, a réclamé la libération de militantes saoudiennes des droits des femmes. Une injonction que n'a pas appréciée Riyad qui a alors ordonné l'expulsion de l'ambassadeur du Canada dans les 24 heures et a rappelé son propre ambassadeur. Le royaume a en outre décidé de "geler toutes nouvelles transactions concernant le commerce et les investissements" avec le Canada, et gelé ses vols commerciaux en provenance et à destination de Toronto. Les milliers d'étudiants saoudiens inscrits au Canada ont été invités à se trouver un nouveau pays d'études.
À ce jour, ces militantes sont toujours enfermées et des rapports de plusieurs ONG font état de tortures par électrocution et flagellation, agressions sexuelles.
L'assassinat de Khashoggi a été une nouvelle fois l'occasion pour le Canada de montrer sa désapprobation des méthodes saoudiennes.
L'une des attaques les plus virulentes de Trump contre un autre leader a visé le Premier ministre canadien, au moment même où il accueillait un sommet du G7 sur ses terres, en juin. "Très malhonnête et faible", disait-il sur fond de désaccords commerciaux entre les deux pays, en torpillant la déclaration finale des grandes puissances. Justin Trudeau avait estimé, en fin de sommet, que les nouveaux droits de douane imposés par les Etats-Unis au Canada sur l'acier et l'aluminium étaient "insultants" au regard de l'alliance entre les deux pays. Des critiques qui vont coûter "cher" aux Canadiens, avait répliqué l'Américain.
Le G20 de cette semaine a par contre été l'occasion de signer officiellement le nouveau traité de libre-échange nord-américain, qui lie les Etats-Unis, le Canada et le Mexique et qui doit remplacer le texte Aléna, en vigueur depuis 1994.
2017 a été une année précaire pour les relations entre la Turquie et l'Allemagne. Après l'arrestation de militants des droits de l'homme par Ankara, parmi lesquels figure un Allemand, l'Allemagne avait annoncé en juillet 2017 une "réorientation" complète de sa politique à l'égard de la Turquie, incluant un renforcement de ses mises en garde pour les voyages dans ce pays. Un membre du Parti social-démocrate avait accusé le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan d'être en train "de faire revenir en arrière la roue de l'histoire" dans son pays avec l'objectif "de réduire au silence toutes les voix critiques".
"Les déclarations des porte-parole allemands sont inacceptables", avait déclaré le ministère turc des affaires étrangères dans un communiqué. "Ces déclarations constituent une interférence directe dans la justice turque qui dépasse les limites".
Cependant, depuis août dernier, une légère détente s'est installée. Lors d'une rencontre entre Erdogan et Merkel, cette dernière a expliquer que l'heure était au réchauffement et a mis l'accent sur les intérêts communs avec Ankara, alors qu'une importante communauté turque vit en Allemagne.
Enfin des bonnes nouvelles...
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