Chronique « Entreprises ». La faible croissance actuelle du pouvoir d’achat salarial est la conséquence logique de faibles gains de productivité. Seule l’augmentation de ces derniers, induite par le choc encore largement à venir de l’économie numérique, permettra de retrouver une progression significative du pouvoir d’achat et ouvrira pour nos enfants la perspective d’un niveau de vie moyen supérieur au nôtre.
Dans tous les pays développés, la croissance de la productivité du travail a diminué au cours des dernières décennies. Elle y connaît désormais de bas niveaux, jamais observés depuis au moins la fin du XIXe siècle, hors les périodes de guerres mondiales. En France, ils sont en moyenne annuelle sensiblement inférieurs à 1 %, alors qu’ils étaient encore supérieurs à 1,5 % pendant la décennie antérieure et de plus de 5,2 % durant l’âge d’or des « trente glorieuses » entre 1945, après la fin de la seconde guerre mondiale, et 1973, au moment du premier choc pétrolier. Or les gains de productivité sont la source première du financement des améliorations du niveau de vie économique moyen et en particulier des gains de pouvoir d’achat des salaires.
L’idée d’un partage inéquitable entre salaires et profits des dividendes de la croissance est en revanche démentie par les faits. Ainsi, sur la dernière décennie 2008-2017, les gains de productivité annuels par travailleur ont été d’environ 0,6 %, quand les gains du pouvoir d’achat du salaire moyen par tête étaient de 0,7 %. Pour les années 2001-2007, antérieures à la crise, la croissance annuelle moyenne de ces deux indicateurs était équivalente et d’environ 1,3 %.
Dématérialisation des activités financières et bancaires
La faiblesse des gains de productivité peut étonner à une époque où les technologies de l’information et de la communication (les TIC) connaissent une large diffusion et où sont souvent évoqués les effets de l’économie numérique. De fait, grâce aux TIC, la baisse des gains de productivité a partout été ralentie pendant les trois dernières décennies. Des travaux récents et maintenant nombreux ont par ailleurs montré que les faibles gains de productivité actuels ne sont pas la conséquence d’artefacts statistiques et d’une prise en compte insuffisante de transformations récentes, comme la généralisation de l’usage d’Internet (voir, par exemple, la synthèse de Martin Feldstein, « Underestimating the Real Growth of GDP, Personal Income and Productivity », Journal of Economic Perspectives, vol. 31, n° 2, 2017).
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