Aline Zeler, la voix du foot féminin
À 35 ans, Aline Zeler se trouve à l’apogée de sa carrière de joueuse, depuis son transfert au PSV. Ce qui ne l’empêche pas de penser à sa seconde vie.
- Publié le 30-11-2018 à 08h34
Un transfert aux Pays-Bas, une retraite internationale et un nouveau rôle de consultante dans le programme Complètement foot sur Vivacité, l'année 2018 de la footballeuse Aline Zeler est vraiment particulière. À 35 ans, la Perwézienne par adoption entame sa reconversion alors qu'elle ne s'est jamais autant rapprochée du monde professionnel. «À la suite de la désillusion en Suisse, avec l'élimination dans la campagne qualificative pour la Coupe du monde, j'ai décidé d'arrêter avec les Red Flames. Physiquement, ça devenait lourd. Surtout que depuis mon arrivée au PSV, je m'entraîne six fois par semaine. Je suis ravie de vivre ma première expérience à l'étranger», avoue-t-elle.
Malgré cette charge de travail supplémentaire, elle compte suivre les cours pour obtenir le diplôme UEFA A, pour devenir entraîneur. «Je bosse déjà dans le foot-élite pour l'Association des Clubs Francophones de Football. J'ai un gros caractère, vu mes origines ardennaises, et un petit côté pédagogue, donc je pense que c'est un rôle qui m'irait bien. »
109 capes avec la Belgique, capitaine des Red Flames, championne avec le Standard, Saint-Trond et Anderlecht à neuf reprises, son palmarès parle pour elle. Elle pourrait apporter sa mentalité de compétitrice aux nouvelles générations. «L'argument qui a fait pencher la balance, quand je suis passé du Standard à Anderlecht, c'était la possibilité de bénéficier d'un entraînement supplémentaire par semaine. Idem quand je suis partie à Saint-Trond. J'ai toujours voulu m'améliorer. Quand j'étais jeune, j'avais deux séances par semaine alors que j'en ai sept maintenant, à 35 ans. J'ai toujours bossé très dur, en combinant ma carrière avec ma vie professionnelle et ma vie de famille. Les joueuses actuelles peuvent profiter d'un encadrement de meilleure qualité, mais je leur conseille toujours de terminer d'abord leurs études, en intégrant par exemple une université américaine. Il y a le risque de se blesser à 21 ans et il faut avoir autre chose que le football», affirme-t-elle.
Discours assez paradoxal quand on voit l'investissement de la Red Flame dans son sport de prédilection. «Mes choix de carrière, je les ai faits en prenant en compte mon avenir. En 2011, j'ai eu la possibilité de rejoindre la Bundesliga. Hambourg me voulait, mais je n'étais pas encore nommée comme professeure d'éducation physique. J'ai décliné l'offre. Quelques mois plus tard, le sponsor principal s'est retiré et j'aurais pu me retrouver sans rien. Vu qu'il n'y a pas beaucoup d'argent dans le football féminin, il faut faire les bons choix», prévient Aline Zeler.
Intelligence et charisme, on voit mal ce qui pourrait empêcher la Perwézienne d'entamer une carrière d'entraîneur. «Mais pour le moment, je suis concentrée sur ma saison au PSV, où nous sommes actuellement premières du championnat. Ce serait formidable d'être une dixième fois championne.»
A l'aise derrière un micro
Une à deux fois par mois, Aline Zeler sera présente dans les studios de Vivacité pour participer au programme Complètement foot, en tant que consultante. Une nouvelle expérience débutée dimanche dernier. « C'était vraiment chouette de parler de toute l'actualité footballistique du week-end. Je peux apporter mes analyses et mon expérience. D'après les retours que nous avons eus, les gens ont apprécié le fait d'avoir une voix féminine. Puis, ils se rendent compte que je sais de quoi je parle. Moi, ça me permet aussi d'insérer l'actualité du football féminin et de parler des clubs qui se développent », avance-t-elle.
L'Ardennaise s'est sentie très à l'aise. « Il faut juste que je reste bien face au micro, parce que j'ai tendance à bouger tout le temps », lâche-t-elle en éclatant de rire.
La Perwézienne apporte toute sa spontanéité et ses connaissances du terrain à l’équipe de David Houdret et Pascal Scimè.
"Les joueuses n'étaient pas tendres avec moi"
Après avoir passé près de quinze ans sur les pelouses de la première division belge, Aline Zeler a évidemment quelques anecdotes croustillantes à raconter. Notamment son retour au Standard Fémina, en 2010. « Au mois de mars, j'accepte de revenir au Standard, qui allait être champion. Les Liégeoises comptaient huit points d'avance sur nous. Puis elles ont commencé à perdre des plumes et on s'est retrouvé finalement à égalité de points. On a joué un test-match à Oud-Heverlee pour déterminer le champion de Belgique. Là, on gagne 3-0 et je mets un triplé, contre ma future équipe. C'était vraiment un grand moment. Évidemment, mon accueil au Standard n'était pas très chaleureux la saison suivante. Certaines joueuses n'étaient pas tendres avec moi. Mais je m'en foutais, c'était mon premier titre à l'époque. Puis j'en ai remporté sept autres avec le Standard et encore un dernier à Anderlecht. »
Être couronnée avec trois clubs différents, c'est un sacré exploit. Et ce n'est pas le seul. « Mes meilleurs moments ? Le fait de signer au PSV féminin, c'est vraiment incroyable. Puis, bien entendu la victoire en Bene League. Je me souviens d'un match contre l'Ajax, devant plus de 1 000 personnes, avec une ambiance de fou un jeudi soir. Le niveau de jeu était terrible ! »
La défenseure belge ne garde que de bons souvenirs de cette compétition. « Je trouve qu'il faudrait même la mettre sur pied chez les hommes. Cela hausserait le niveau. Il fallait voir les affiches et l'engouement. Je trouve que la formule est très intéressante. »