Ce n’est peut-être qu’un frémissement, mais l’opposition se fait entendre dans plusieurs universités ces derniers jours. En cause : l’annonce du premier ministre, le 19 novembre, d’une augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers extra-européens, qui s’élèveront à la rentrée 2019 pour les nouveaux arrivants à 2 770 euros en licence (contre 170 euros actuellement) et 3 770 euros en master et en doctorat (contre respectivement 243 euros et 380 euros).
Cette fin de la quasi-gratuité fait partie de la « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », présentée par Edouard Philippe sous la bannière « Bienvenue en France », visant à attirer quelque 500 000 étudiants internationaux à l’horizon 2027, contre 324 000 actuellement. Mais l’objectif du gouvernement – dégager ainsi une manne financière, non chiffrée à ce stade, afin d’améliorer l’accueil des étudiants internationaux et de financer des bourses – ne convainc pas une partie du monde universitaire.
Fait rare ces dernières années, un front syndical unanime appelle le gouvernement à reculer, allant des organisations étudiantes – UNEF, FAGE, Solidaires Etudiants… – aux syndicats de personnels de l’enseignement supérieur – Snesup-FSU, SGEN-CFDT, SNPTES… Plusieurs pétitions en ligne circulent, recueillant pour l’une d’elles plus de 240 000 signatures, contre ces nouveaux tarifs déjà affichés comme actés par l’agence officielle Campus France sur son site Internet.
« Très choquant »
« C’est très choquant, on s’attaque du jour au lendemain à quelque chose qui est l’une des valeurs de la France, la quasi-gratuité de l’éducation », lâche Anaïs, doctorante mexicaine à Sorbonne Université (ex-Paris-IV), qui n’aurait « jamais pu venir » à ce prix. Vendredi 23 novembre, l’étudiante s’est déplacée à l’Ecole normale supérieure de Paris pour assister à la réunion organisée contre cette mesure, dans un amphi de 200 places faisant salle comble. Depuis dix jours, une petite dizaine d’assemblées générales ont été organisées dans les universités, avec souvent au premier rang des présents : les étudiants étrangers actuellement en France. « C’est absurde de dire que cela va attirer des étudiants étrangers, on va au contraire perdre cette diversité et les classes moyennes comme la mienne, il n’y aura plus que l’élite privilégiée qui viendra en France », observe Anaïs, qui pointe des régions qui seront les premières touchées, comme l’Amérique latine, le Maghreb ou l’Afrique.
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