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Abe place l'avenir de l'alliance Renault-Nissan entre les mains des actionnaires

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ABE PLACE L'AVENIR DE L'ALLIANCE RENAULT-NISSAN ENTRE LES MAINS DES ACTIONNAIRES
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dit au président français Emmanuel Macron qu'il estimait qu'il reviendrait aux actionnaires privés de se prononcer sur l'avenir de l'alliance Renault-Nissan. /Photo prise le 17 octobre 2018/REUTERS/Gonzalo Fuentes
Gonzalo Fuentes

par Kaori Kaneko et Michel Rose

TOKYO/PARIS (Reuters) - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dit au président français Emmanuel Macron qu'il estimait qu'il reviendrait aux actionnaires privés de se prononcer sur l'avenir de l'alliance Renault-Nissan, a-t-on appris vendredi auprès d'un porte-parole du chef du gouvernement japonais.

"Le Premier ministre Abe a dit qu'il était primordial de maintenir une relation stable pour ce qui a trait à l'alliance, qui est un symbole de la coopération industrielle franco-japonaise", a déclaré ce porte-parole.

"Il a toutefois dit que l'avenir de l'alliance serait déterminé par les actionnaires privé. Le gouvernement japonais ne préjuge pas de l'avenir de l'alliance."

Emmanuel Macron avait rappelé plus tôt au Premier ministre japonais Shinzo Abe qu'il était attaché à la préservation de l'alliance Renault-Nissan.

"L'échange sur Renault a été succinct, avec simplement le rappel que la procédure judiciaire devait suivre son cours", indique la présidence. "Le président a pour sa part rappelé son attachement à ce que l'alliance soit préservée de même que la stabilité du groupe."

La presse japonaise évoque une querelle diplomatique entre Paris et Tokyo à propos du rapport des forces au sein de l'alliance franco-japonaise forgée il y a 19 ans, que l'affaire Ghosn a remis sur le devant de la scène.

La justice japonaise a décidé vendredi de prolonger de dix jours la détention de Carlos Ghosn, incarcéré depuis le 19 novembre à Tokyo, toujours selon la presse nippone.

Le parquet de Tokyo s'est refusé à tout commentaire. Nissan n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.

La semaine dernière, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et son homologue japonais Hiroshige Seko se sont rencontrés à Paris et ont réaffirmé le soutien de la France et du Japon à l'alliance.

Quelques jours plus tard, Bruno Le Maire a dit à la télévision que Hiroshige Seko et lui avaient jugé préférable de maintenir la structure capitalistique actuelle de l'alliance, un engagement que la partie japonaise a nié avoir pris.

Selon le quotidien Mainichi Shimbun vendredi, Hiroshige Seko a envoyé une lettre de protestation à Bruno Le Maire.

Le ministère japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie a déclaré qu'il n'était pas en mesure de commenter dans l'immédiat cette information.

Les services de Bruno Le Maire n'ont pas souhaité faire de commentaire.

MISE EN GARDE D'UN SYNDICAT DE RENAULT

Des représentants syndicaux chez Renault ont critiqué ce qu'ils considèrent comme un faux pas de la part du ministre de l'Economie.

"Le gouvernement en fait trop, il doit rester à sa place", a dit le responsable d'un syndicat du groupe au losange. "Ça peut être contre-productif."

Les hauts dirigeants de Renault et Nissan, qui se sont rencontrés jeudi à Amsterdam, n'ont pas évoqué la question d'un changement de la structure capitalistique de l'alliance, selon Osamu Masuko, le patron de Mitsubishi Motors, troisième partenaire de l'alliance automobile franco-japonaise.

Ils ont réaffirmé leur détermination à maintenir leur alliance industrielle qui doit fêter l'an prochain ses 20 ans d'existence, mais sans lui choisir un président par intérim.

Carlos Ghosn - évincé de la présidence de Nissan et de Mitsubishi mais toujours PDG de Renault et de l'alliance - est accusé au Japon de ne pas avoir déclaré l'intégralité de ses revenus et d'avoir détourné des fonds de Nissan à des fins personnelles.

Sa première période d'incarcération de dix jours s'achève ce vendredi. Si, comme le dit la presse japonaise, il reste en prison, le parquet de Tokyo devra décider d'ici au 10 décembre de l'inculper ou de le faire libérer, à moins que de nouvelles charges soient portées contre lui et n'entraînent son maintien en détention.

L'absence brutale de l'homme fort de l'alliance a révélé toutes les fragilités de l'alliance. La partie japonaise est toujours hostile au déséquilibre entre la maison mère Renault, qui détient 43,4% de Nissan, et le groupe japonais, qui détient seulement en retour 15% de Renault sans aucun droit de vote.

Dans ce contexte, beaucoup de décisions de l'alliance sont vécues aujourd'hui au Japon comme favorables au camp français.

Le Nihon Keizai Shimbun a ainsi pris l'exemple cette semaine de la production de la Nissan Micra attribuée à l'usine Renault de Flins (Yvelines) ou encore de l'annonce lors d'un déplacement d'Emmanuel Macron à Maubeuge (Nord) de la production d'un nouveau fourgon Nissan sur le site local du groupe français.

Ces décisions, jugées pourtant emblématiques des synergies potentielles entre les deux partenaires, sont décrites par le quotidien japonais comme des preuves que "c'est le groupe français qui a souvent été favorisé".

(Avec Laurence Frost, Gilles Guillaume pour le service français, édité par Yves Clarisse)

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