25th November 2018 - Premier League Football - AFC Bournemouth v Arsenal - Unai Emery manager of Arsenal celebrates the opening goal - Photo: Marc Atkins/Offside. *** Local Caption *** (Marc Atkins/OFFSIDE/PRESSE SPO/PRESSE SPORTS)

Son staff, les tauliers de l'équipe, les supporters... Sur qui Unai Emery s'appuie à Arsenal pour mettre en place sa méthode

Voilà plus de six mois qu'Unai Emery a succédé à Arsène Wenger à Arsenal. Petit à petit, il impose sa patte sur le jeu d'Arsenal, et pour imposer son style, l'ancien entraîneur du PSG s'appuie sur des relais sur et en dehors du terrain. Avant le derby contre Tottenham, FF.fr vous propose de faire un tour d'horizon des principaux appuis d'Emery au club.

En place depuis 1996, Arsène Wenger a quitté Arsenal en avril dernier. Après de nombreuses tractations, Unai Emery a été choisi pour reprendre le flambeau et remettre le club sur de bons rails. Mais passer après une telle figure nécessite d'avoir les reins solides, et d'être prêt à bouleverser certaines anciennes habitudes. Le board d'Arsenal a préparé cette transition et mis en place des changements en profondeur. Mais du point de vue sportif, c'est bel et bien Emery le commandant en chef. Venu pour son entretien d'embauche avec plus de cent pages d'analyse sur l'équipe, le technicien espagnol avait déjà une idée précise de ce qu'il comptait faire et sur qui il pouvait s'appuyer pour appliquer ses principes de jeu.

Son staff : l'agence tous risques

Emery n'a pas débarqué seul à Londres. Dans ses bagages, il a amené plusieurs fidèles pour composer son staff et remettre un peu d'ordre dans la maison des Gunners. En premier lieu, son adjoint, Juan Carlos Carcedo. «Ce n'est pas vraiment un numéro 2, plutôt un "1 bis". Il donne beaucoup de consignes, surtout pour la partie défensive. Il est à fond sur les coups de pied arrêtés, explique Romain Molina, journaliste et auteur d'une biographie d'Unai Emery. Carcedo est quelqu'un qui peut challenger intellectuellement Emery, c'est très précieux pour lui». Il y a aussi Pablo Villanueva qui, au-delà de ses allures de personnage timide et réservé, «se transforme complètement sur un terrain d'entraînement». Le préparateur physique Julen Masach est également arrivé, accompagné de Javi Garcia, l'entraîneur des gardiens, et de Victor Manas, analyste vidéo. «Ils ont tous une personnalité différente. Selon celle du joueur, il aura toujours quelqu'un à qui se confier», analyse Molina. Tout est une question de détails et de minutie. Et de l'aveu des joueurs, le travail de tout ce personnel avec leurs nouvelles méthodes commence, non sans efforts supplémentaires, à porter ses fruits.

Torreira-Xhaka : la base centrale de l'équipe

Le coach des Gunners a beaucoup tâtonné au milieu, il a procédé a énormément d'essais, fait des tests et analysé les différentes options qu'il avait à disposition. Finalement, un duo complémentaire a émergé. D'un côté, Xhaka, en "regista", chargé de soigner la relance, d'orienter le jeu, de donner du rythme par la qualité et le timing de ses transmissions. Et puis il y a le guerrier, un pitbull du nom de Lucas Torreira, arrivé cet été à Londres en provenance de la Sampdoria pour une somme avoisinant les 30 millions d'euros. L'Uruguayen a fait beaucoup de bien à Xhaka, qui a pendant longtemps assumé un rôle défensif qui ne lui convenait pas. Il avait la charge quasi-exclusive du contrôle du milieu de terrain, presque comme un n°6, mais avec des qualités que le Suisse n'avait pas. Avec Torreira, il a trouvé chaussure à son pied. Dans les passes ou par son profil, Torreira trouve plus de verticalité que son compère, tandis que Xhaka gère à merveille les changements d'ailes et la distribution vers les côtés. Chacun, dans son registre, et avec des automatismes grandissants, assure la pérennité recherchée par Emery au milieu de terrain.

Placement et influence dans le jeu du double-pivot Xhaka-Torreira contre Liverpool. (Source Whoscored)

Lacazette, de l'ombre à la lumière

Déjà, en janvier dernier, quand Aubameyang signait à Arsenal, la question de l'avenir de Lacazette était posée. Bis repetita en début de saison, lorsque le Gabonais reléguait le Français sur le banc. Depuis, la donne a changé. L'ancien attaquant de l'OL a pris la pointe de l'attaque avec "PEA" sur l'aile gauche. Il est devenu indispensable dans un rôle d'attaquant (très) complet. Car, à l'inverse de son compère, Lacazette participe au jeu, sert de point d'appui, sait utiliser le ballon comme il le faut, créer et utiliser les espaces et surtout, il fait jouer les autres. Même si ce n'est pas un buteur pur comme Aubameyang, il a inscrit 5 buts en Championnat. En octobre, Emery avouait en conférence de presse «qu'il avait essayé de le faire venir au PSG». Entre les deux hommes, la confiance règne. «Mon message est clair : à l'entraînement, pendant les matches, il ne faut jamais s'arrêter, il faut toujours chercher à être meilleur. Et c'est ce qu'il fait à chaque fois», confiait l'Espagnol à propos de son joueur. En début de saison, Emery cherchait un moyen de faire jouer Lacazette avec Aubameyang. L'entraîneur expliquait qu'il ne jugeait pas l'équipe assez «équilibrée» pour les faire débuter ensemble. Désormais, avec son "frère", il est indéboulonnable. Sa contribution dans le jeu d'Arsenal est primordiale, autant par sa maîtrise technique que ses qualités en pivot.

Mustafi, l'énigmatique

L'Allemand est le seul joueur d'Arsenal à avoir disputé l'intégralité des minutes en Premier League. A l'inverse, il n'a pris part à aucune rencontre de C3. En somme, il représente le profil parfait du titulaire indiscutable. Et pourtant... Mustafi n'a jamais réellement convaincu depuis son arrivée en 2016, et cette saison ne fait pas exception. Mais dans l'approche tactique d'Emery, avec l'idée de partir de derrière, avec les centraux comme première rampe de lancement, il a un rôle important. Contre Liverpool, où Arsenal a très certainement réalisé sa meilleure performance de la saison, Mustafi a touché 102 fois le ballon, pour 81 passes, avec 93% de réussite, le meilleur taux de son équipe (dont les deux-tiers vers l'avant). Le joueur, en conférence de presse, n'avait de mots assez forts pour décrire son coach : «Le plus important, c'est qu'il sait exactement ce qu'il attend de chaque joueur. Quand tu n'as pas la balle, il te dit où te placer et comment récupérer le ballon. Quand tu l'as, il t'explique les options que tu as. Je ressens cela comme un bon mélange de discipline et de liberté». Cette année, il a été associé à Sokratis et à Holding, quand le premier était blessé. Jamais Emery n'a envisagé de se passer de lui, malgré des performances souvent fébriles. Et il semblerait que l'entraîneur souhaite continuer de lui accorder sa confiance. Au joueur de trouver enfin de la régularité et de profiter de ces conseils.

Les supporters : la pierre angulaire de ce nouveau chapitre

Quand vous n'avez connu qu'un seul entraîneur en 22 ans, il est naturel de ressentir de l'excitation lorsqu'un nouveau cycle vient tout juste de démarrer. Surtout quand Arsenal, l'année passée, a vécu la pire saison de l'ère Wenger, terminant sixième du Championnat et éliminé en demi-finale de Ligue Europa par le futur vainqueur, l'Atlético Madrid. En fin d'exercice, l'Emirates paraissait parfois bien vide, délaissé par ses supporters, même les plus fervents. Après le match nul obtenu contre Liverpool début novembre, Emery revenait sur l'ambiance dans le stade : «L'atmosphère aujourd'hui était très impressionnante avec nos supporters qui nous ont poussés pendant 90 minutes». Un commentaire qui semble anodin, mais qui en fait ne l'est pas tant que cela. Le stade des Gunners est régulièrement dépeint comme une enceinte silencieuse, souvent à raison. Mais depuis le début de la saison, Emery ne cesse de louer le soutien des supporters, vital pour pousser et stimuler les joueurs. «Je veux aider les joueurs depuis le banc, je veux leur donner confiance et leur transmettre mon énergie, mais l'apport le plus important vient des supporters», avouait-il devant la presse. Message reçu, apparemment...

Jérémy Docteur