FOOTBALLSamuel Moutoussamy, enfin la lumière pour un homme de l'ombre

ASSE-FC Nantes: Samuel Moutoussamy, enfin la lumière pour un homme de l'ombre

FOOTBALLLa trajectoire du milieu de terrain des Canaris (22 ans), qui devrait encore être titulaire ce vendredi soir à Saint-Etienne, est loin d'être linéaire...
Samuel Moutoussamy face à Monaco.
Samuel Moutoussamy face à Monaco. - SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA
David Phelippeau, avec J.Lau. à Lyon

David Phelippeau, avec J.Lau. à Lyon

L'essentiel

  • Samuel Moutoussamy devrait être titulaire ce vendredi soir (20h45) à Saint-Etienne.
  • Avant d'arriver à Nantes en 2016, le milieu de terrain n'avait pas été gardé à Lyon.
  • Certains reprochent à Moutoussamy, homme discret et taiseux, d'être presque trop altruiste dans sa façon de jouer.

Va-t-il enfin entrer pour de bon dans la lumière ? Samuel Moutoussamy (22 ans), originaire de Meudon en région parisienne, devrait être titulaire avec le FCN ce vendredi soir (20h45) à Saint-Etienne. Le milieu de terrain, discret et travailleur, a passé une grande partie de sa jeune carrière dans l’ombre, et pourrait enfin briller au vu et au su de tous.

Une fierté pour le recruteur nantais de la région Bretagne et Rhône-Alpes, Sébastien Oger : « Samuel, c’est mon petit… ». C’est lui en effet qui a signalé Samuel Moutoussamy au FCN il y a presque dix ans. Le « petit » baguenaudait sur les terrains de l’INF Clairefontaine. En 2015, c’est toujours lui qui a incité Nantes à récupérer le milieu de terrain, natif de région parisienne, non conservé par l’Olympique Lyonnais.

« J’ai eu un coup de chance, se souvient Oger. Sur un match de la CFA de Lyon, j’ai eu avant tous les recruteurs la liste des éléments non gardés par l’OL… » Moutoussamy (22 ans aujourd’hui) en faisait partie. Après 5 ans passés à Tola-Vologe, l’histoire s’arrête en 2016 pour Samy, comme on le surnomme à Nantes. La concurrence accrue au milieu du terrain explique en partie la décision de l’OL.

Ranieri et Cardoso sous le charme

Philippe Lamboley, l’agent du joueur, confirme « l’embouteillage » au poste de Moutoussamy avec notamment « les recrutements de joueurs extérieurs comme Lucas Tousart et Olivier Kemen ». Mais il ajoute : « Bruno Genesio ne croyait pas en lui. Quand il était à Lyon, il avait aussi une maturité physique retardée, il lui aurait fallu un an de plus sans doute. Et puis, ce n’était pas un pur Lyonnais, un joueur du cru, ça compte… » Tandis que de nombreux clubs sont à l’affût comme Angers notamment, Nantes le prend à l’essai trois jours.

« Polyvalent, très actif, état d’esprit irréprochable, il ne calculait pas ses efforts. » Samuel Fenillat, directeur du centre de formation du FCN, et son équipe n’hésitent pas un instant. Moutoussamy signe un contrat pro d’une année. Il passera celle-ci en réserve. Jusqu’à l’arrivée de Claudio Ranieri en 2017 sur le banc nantais et le stage de présaison effectuée avec le groupe pro à Annecy.

Le 12 août, la Beaujoire découvre sa grande tignasse lors d’un Nantes-Marseille (0-1). 4 titularisations finalement avec le technicien italien. Miguel Cardoso débarque cet été. Lui aussi tombe sous le charme. Son sourire toujours en bandoulière, Moutoussamy, c’est le joueur « exemplaire, irréprochable » par excellence, selon Fenillat.

Trop gentil peut-être ?

Trop gentil même parfois ? On lui reprocherait presque de ne pas être assez égoïste. « Samuel ne peut s’exprimer que s’il est dans un collectif fort, jamais il ne dira qu’il va entrer sur le terrain pour y briller personnellement, reconnaît Cécile, sa maman, qui travaille comme directrice juridique en région parisienne. Il a une très grande humilité, et peut-être que sa façon d’être ne correspond pas aux canons classiques du foot actuel. »

Sébastien Oger, le recruteur : « Je lui dis souvent d’être plus égoïste. Ah, c’est certain, lui, il n’a pas le boulard. » Moutoussamy semble hermétique à sa popularité grandissante. « Il reste le même. Personne n’aurait à le remettre en place même s’il devenait champion du monde », poursuit Oger.

A l’OL, Armand Garrido ne l’a pas oublié

Déjà à l’OL, où l’intéressé est arrivé à 15 ans, Moutoussamy faisait l’unanimité. « C’était le moteur de notre équipe, se souvient Armand Garrido, son entraîneur en U17 nationaux. C’est-à-dire un milieu relayeur qui travaillait et même se sacrifiait avant tout pour l’équipe, avec une grosse générosité et beaucoup d’enthousiasme. C’était aussi un aboyeur sur qui je pouvais m’appuyer sur le terrain. »

Le formateur lyonnais, marqué par « l’engagement personnel exemplaire » de Samuel Moutoussamy aux entraînements, confirme « la discrétion » du garçon. « Il était plus passeur que buteur, donc on n’en entendait pas trop parler au centre de formation, un peu comme un Jordan Ferri avant lui, confie Armand Garrido. Mais quand on a cette mentalité, on est forcément récompensé à un moment. J’aurais été surpris qu’il ne trouve pas un club professionnel. »

Un garçon bien éduqué

Délice pour un entraîneur, Moutoussamy, sous contrat jusqu’en 2022 désormais, n’ennuie pas non plus beaucoup son agent. « On a dû avoir une seule fois son représentant au téléphone depuis qu’il est là… », lance un responsable du FCN. « Il est très bien éduqué », estime Oger. Issu d’un milieu d’intellectuels [son papa et sa maman sont juristes], le joueur ne fait jamais d’esclandres.

Même dans une période personnelle plus compliquée où il pourrait être animé par un sentiment d’injustice. « Je me souviens un jour lui avoir demandé s’il voulait que je lui trouve une solution car il ne jouait plus, il m’avait répondu qu’il ne souhaitait pas non, se rappelle Philippe Lamboley, son agent. Samuel part du principe que son travail va toujours finir par payer un jour. » Ce jour est peut-être arrivé pour de bon.

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