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Soudan: atmosphère pesante à Khartoum au lendemain de la répression sanglante de mercredi

La journée de manifestation de mercredi a été la plus meurtrière depuis le coup d'État du 25 septembre. Toutes les communications ayant été brouillées, de nombreux habitants de la capitale ont découvert ce jeudi 18 novembre 2021 l'ampleur de la répression. Des tirs ont de nouveau retenti dans la journée à Khartoum, à Bahri, dans la banlieue nord de Khartoum où s'est rendu l'envoyée spéciale de RFI ce jeudi.

Des manifestants pro-démocratie érigeant des barricades dans les rues de Khartoum. Le 17 novembre 2021.
Des manifestants pro-démocratie érigeant des barricades dans les rues de Khartoum. Le 17 novembre 2021. © AFP
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Avec notre envoyée spéciale à Khartoum, Florence Morice

Dans le nord de Khartoum, quelques manifestants sont restés toute la nuit sur leurs barricades, avant d’être dispersées ce jeudi matin à coup de gaz lacrymogènes. C'est là, à Bahri, que les manifestations des opposants au putsch du 25 octobre dernier ont été les plus violemment réprimées mercredi. Rien que dans ce secteur, un syndicat de médecins a recensé onze victimes mercredi soir, sur un total de quinze fauchées par des balles qui visaient « la tête, le cou ou le torse », selon l'organisation syndicale. On dénombre aussi beaucoup de blessés.

Ce jeudi soir, la situation restait confuse. La police a été déployée en nombre. À 17 heures, des témoins entendaient encore des tirs et voyaient des gaz lacrymogènes tirés par la police atterrir jusque dans les cours intérieures des maisons de ce quartier, qui semble désormais devenir un bastion de la contestation contre les putschistes. « Nous avons eu trop de morts hier », explique, en colère, le membre d’un comité local de résistance, déterminé à maintenir la pression pour obtenir le retour à un gouvernement civil.

Ailleurs à Khartoum, les défilés de mercredi ont été dispersés avant la nuit, et la circulation a repris normalement. Les ponts de la capitale traditionnellement empruntés par les manifestants ont notamment été rouverts à la circulation. Après le huis clos sanglant de la veille, il y avait un peu de sidération, parmi les habitants, ce jeudi. « On se demande ce que sera la prochaine étape dans l’escalade de la violence », explique une trentenaire.

« C’est une course de fond »

Le brouillage du réseau téléphonique a pris fin dans la nuit, les informations circulent donc progressivement. Des SMS appelant à la désobéissance civile ont d’ailleurs été envoyés, mais ne semblent pas avoir trouvé d'écho.

L’opposition va-t-elle poursuivre dans ce contexte ses appels à manifester ou changer de tactique ? « Quoi qu’il arrive nous maintiendront la pression. C’est une course de fond », explique un jeune Soudanais. La secrétaire d'État adjointe américaine pour les Affaires africaines, Molly Phe, a de son côté condamné la violence contre des manifestants pacifiques. Ces derniers jours, la diplomate fait la navette ente le Premier ministre Abdallah Hamdok et le général al-Burhan pour tenter de relancer la transition démocratique, mais le chef de l’armée est resté jusque-là inflexible à toutes les pressions.

Par ailleurs, Michelle Bachelet, la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a qualifié de « honteuses » les violences des forces de l'ordre soudanaises.  « C'est tout à fait honteux que des tirs à balle réelle aient été effectués contre les manifestants hier (mercredi) après nos multiples appels aux militaires et forces de sécurité à ne pas faire usage d'une force disproportionnée contre des manifestants », a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué.

► À lire aussi: Le Soudan, coupé du monde, a vécu sa journée la plus meurtrière depuis le putsch

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