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Chine: les tests Covid négatifs imposés à l'étranger passent très mal

Pékin a condamné ce mardi 3 janvier l'imposition de tests Covid-19 par une douzaine de pays aux voyageurs chinois venus de Chine. Des barrières sanitaires, alors que le pays s'apprête à rouvrir ses frontières, malgré une vague épidémique sans précédent.

La passagère d'un vol en provenance de Chine traverse les cabines de test Covid-19 de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle de Roissy, près de Paris, le 1er janvier 2023.
La passagère d'un vol en provenance de Chine traverse les cabines de test Covid-19 de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle de Roissy, près de Paris, le 1er janvier 2023. AFP - JULIEN DE ROSA
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Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde, et Louise May, du bureau de RFI en Chine

Pour la troisième fois consécutive, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé ce qu'il considère comme une décision non rationnelle. « Certains pays ont mis en place des restrictions visant uniquement les voyageurs en provenance de Chine (…) ces pratiques sont inacceptables », a fustigé ce mardi Mao Ning, l'une des portes-parole de la diplomatie chinoise, devant les journalistes. Pékin, ajoute-t-elle, pourra prendre des contre-mesures sur le « principe de réciprocité ».

Elle a également estimé que l'adoption par certains pays de restrictions, manquait « de base scientifique ». « Nous sommes fermement opposés aux tentatives de manipulation des mesures sanitaires pour atteindre des objectifs politiques », a-t-elle ajouté. 

Ces déclarations surviennent un mois après la levée des mesures de prévention et de contrôle de l'épidémie, qui ont déclenché un tsunami d'infections dans les mégalopoles chinoises et la saturation du système hospitalier.

Elles arrivent aussi, et surtout, après près de trois ans de fermeture des frontières chinoises, avec des mesures de restrictions sanitaires drastiques à l'entrée sur le territoire.

► À lire aussi: Covid-19: comment la Chine est passée du «zéro Covid» au «full Covid»

Ces dernières, et notamment les quarantaines, seront supprimées à compter de ce dimanche, mais un test PCR sous 48 heures, négatif, continuera d'être exigé pour les passagers arrivant de l'étranger.

Qu'en pensent les Chinois ?

Ces mesures ont également provoqué l'incompréhension chez certains Chinois. Dans un bureau de l'immigration situé dans le centre de Pékin, c'était jour d'affluence, ce mardi. Des documents d'entrée et de sortie du territoire étaient distribués alors que les Chinois peuvent de nouveau voyager.

Une famille vient de récupérer des passeports pour se rendre aux États-Unis. À la sortie, le père est ravi. « Pendant trop longtemps, on n'a pas pu voyager pour le tourisme. Maintenant, on peut le faire, c'est super ! », s'est-il réjoui. Mais le problème, « ce sont les billets. Il n'y a pas encore beaucoup d'avions », regrette-t-il. Concernant le test négatif requis, il tempère : « Ce n'est pas grand-chose en fait, c'est juste que les gens s'inquiètent de savoir s'il y a des sous-variants en Chine. »

Pas grand-chose ? Une jeune Pékinoise qui entend reprendre des études à l'étranger n'est pas de cet avis : « Je ne comprends pas ces décisions. La situation épidémique est plus grave à l'étranger. Ce sont eux qui peuvent nous infecter. Donc, je me sens discriminée. Bon, ils ont peur que le virus mute », raconte-t-elle. 

Difficile de se positionner, alors que, pendant trois ans et il y a encore quelques semaines, les frontières chinoises étaient scellées, obligeant les arrivants triés sur le volet à effectuer des quarantaines obligatoires dans des hôtels dédiés. « Tout était fermé, il n'y a pas eu de touristes, ni d'étudiants étrangers ici. Aujourd'hui, les mesures prises par ces pays sont beaucoup moins fortes que celles que nous leur imposions, donc ce n'est pas grand-chose », lance en rigolant un chauffeur de taxi.

« C'est une revanche »

La profession a particulièrement été impactée par la politique « zéro-Covid », notamment en raison de la réduction du trafic aérien. Aucun vol direct de l'étranger n'a pu se poser à Pékin depuis le printemps 2020, la capitale chinoise étant alors considérée comme une bulle sanitaire dans la bulle sanitaire.

Sauf qu'avec Omicron, la situation n'est plus la même, pense ce quarantenaire au passage piéton, qui répète mot pour mot ce que disent les journaux. « C'est une revanche, c'est évident. La Chine a mieux contrôlé l'épidémie et les autres pays sont jaloux. Et puis, ils ont peur du variant en Chine. Ces mesures ne servent à rien de toute façon, car le virus est déjà partout. Il faut regarder les choses de manière scientifiques », selon lui.

Voir les choses de manière « scientifique », c'est aussi l'argument de la diplomatie chinoise. Et paradoxalement, c'est le même argument qui est utilisé par les Américains pour justifier les mesures. En réponse aux critiques de Pékin, le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, a indiqué que « c’est une approche qui se fonde seulement et uniquement sur la science ».

Il s’agit aussi de rester en alerte en cas de toute émergence d’un nouveau variant.

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Ned Price, le porte parole du Département d’État américain

RFI
Une passagère d'un vol en provenance de Pékin quitte le terminal après avoir atterri à Madrid, le 31 décembre 2022.
Une passagère d'un vol en provenance de Pékin quitte le terminal après avoir atterri à Madrid, le 31 décembre 2022. AFP - PIERRE-PHILIPPE MARCOU

L'Union européenne persiste et signe

Une avancée, après des jours de tergiversations. Depuis ce mardi, les pays membres de l'UE sont d'accord pour se mettre d'accord, en vue d'une « approche coordonnée » afin de répondre à la flambée épidémique du Covid-19 en Chine, et la reprise des voyages avec ce pays quasi fermé depuis le début de la pandémie.

C'est lors d'une réunion des experts sanitaires des Vingt-Sept, rassemblés mardi dans le cadre du Comité de sécurité sanitaire européen, que les choses ont avancé. Jusqu'ici, il n'y avait pas de front uni. L'Italie, l'Espagne, suivis ensuite par la France, avaient unilatéralement décidé d'exiger des tests négatifs pour tous les voyageurs de Chine.

Désormais, « tous les États membres se sont mis d'accord sur une approche coordonnée », explique la Commission, et c'est un soulagement à Bruxelles, après une semaine d'indécisions et ces mesures unilatérales.

Les pays membres de l'UE étaient en effet très partagés, voyant d'un côté les autorités sanitaires européennes ne pas s'alarmer, et de l'autre, des informations en provenance de République populaire de Chine, jugées peu fiables, à propos de l'éventuelle apparition d'un nouveau variant.

Ce jour, « l'écrasante majorité » des pays de l'UE se sont prononcés en faveur de tests Covid systématiques pour les voyageurs en provenance de Chine avant leur départ pour l'Europe, insiste la Commission européenne.

D'autres mesures sont envisagées. D'abord, le port du masque obligatoire pour les passagers arrivant de Chine. Puis, aussi, tout un travail sur l'identification d'éventuels nouveaux variants, passant par le contrôle des eaux usées des avions et une augmentation du nombre de tests avec séquençage dans les aéroports.

Ces propositions seront sur la table ce mercredi à Bruxelles, lors d'une réunion de l'IPCR, un dispositif européen particulier qui doit permettre une prise de décision rapide et coordonnée au sein du Conseil européen. Les recommandations qui y seront formulées devront ensuite être avalisées par les États membres.

Correspondance de Bruxelles,
Jean-Jacques Héry

►À relire : Chine : pour 2023, Xi Jinping appelle à l'effort et à l'unité face au Covid-19

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