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Focus

Inculpation de Donald Trump: «À court terme, c’est un gain politique évident pour lui»

Donald Trump va se voir signifier, ce mardi 4 avril, son inculpation dans l’affaire des pots-de-vin qu’il aurait fait verser à l'ex-actrice pornographique Stormy Daniels pour acheter son silence, alors qu’il était candidat à la présidentielle. Entretien avec Corentin Sellin, historien, spécialiste des États-Unis. 

L'ancien président américain Donald Trump à Tulsa, dans l'État de l'Oklahoma (centre), le 18 mars 2023.
L'ancien président américain Donald Trump à Tulsa, dans l'État de l'Oklahoma (centre), le 18 mars 2023. © Sue Ogrocki / AP
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C’est une première dans l’histoire des États-Unis : un ex-président mis en examen. L’ex-président est arrivé à New York, où il se prépare à comparaître devant un tribunal de Manhattan. Donald Trump semble toujours combatif, malgré cette mise en examen et les nombreuses enquêtes qui le visent. Il affirmait vendredi avoir levé 4 millions de dollars en 24 heures, dans la foulée de son inculpation, pour financer sa campagne à la présidentielle de 2024.

RFI : Est-ce que cette inculpation, au lieu d’être un problème pour Donald Trump, peut lui servir politiquement ?

Corentin Sellin : Pour l’instant, et à court terme, c’est un gain politique évident pour Donald Trump. On l’a vu depuis l’annonce de l’inculpation le 31 mars : tous les républicains, y compris ceux qui se sont positionnés dans l’alternative à Trump, tous ses rivaux, y compris le plus sérieux d’entre eux, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, tous ceux-là ont volé au soutien de Donald Trump contre une inculpation présentée comme un acte de politique et non point judiciaire – sous peine d’apparaître comme de mauvais républicains. Ils n’ont pas le choix, parce que clairement, les électeurs républicains, eux, sont unanimement convaincus que c’est une persécution politique que subit Donald Trump.

Est-ce que Donald Trump pourrait, dans le même ordre d’idée, faire traîner le procès dans cette affaire pour qu’il arrive en plein milieu de la campagne pour la présidentielle de 2024 ?

Évidemment, cela pourrait être une hypothèse, ce n’est pas ce vers quoi on se dirige, parce que les avocats de Donald Trump ont laissé entendre clairement leur stratégie de défense : demander au plus vite une requête en annulation de la procédure, pour essayer de démontrer que toute la procédure du procureur démocrate de Manhattan est infondée en droit, ne tient pas. Ce qu’ils voudraient obtenir, c’est en fait que le procureur de Manhattan, le démocrate Alvin Bragg, soit désavoué par un juge. Si cela arrivait, évidemment, cela deviendrait beaucoup plus difficile pour d’autres procureurs fédéraux ou locaux de poursuivre Donald Trump.

Le fait est qu’en plus de cette première affaire dans laquelle il va être inculpé, il y a encore beaucoup d’autres enquêtes en cours qui visent l’ex-président…

Oui, effectivement, et c’est vraiment tout cet enchaînement qu’il faudra scruter. On sait que Donald Trump est actuellement sous enquête, à la fois sur son rôle dans l’insurrection du Capitole le 6 janvier 2021, mais aussi sur sa gestion des archives classifiées, qu’il a gardées pendant plus d’un an, à son domicile privé, en contravention des lois du pays. Et là évidemment, on est sûr des crimes éventuels qui sont bien plus lourds, y compris en termes de peine encourue.

Et l'on peut se demander si le procureur de Manhattan, Alvin Bragg, n’a pas fait tomber un impensé historique, c’est-à-dire inculper pour la première fois un ex-président. Ce qui pourrait alléger la tâche des autres procureurs qui enquêtent sur Donald Trump, parce que maintenant, ils n’ont plus à se soucier d’être le premier qui inculperait un ex-président – c’est fait. Et ils pourraient aller plus directement vers de nouvelles inculpations.

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Ces nouvelles inculpations pourraient avoir lieu avant la primaire républicaine et la présidentielle de 2024 ?

Les premiers scrutins de la primaire républicaine n’auront pas lieu avant février 2024, cela laisse presque une année. Donc, il peut se passer énormément de choses. Et c’est bien pour ça qu’il faut être prudent sur l’analyse politique : oui, à court terme, aujourd’hui, cela profite à Donald Trump auprès de son camp. Mais s’il devait y avoir énormément d’inculpations, est-ce que finalement certains électeurs républicains n’aimeraient pas plutôt un autre candidat, peut-être aussi radical, façon DeSantis, mais sans toutes ces « casseroles » judiciaires accrochées à un candidat ?

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