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Pourquoi Ron DeSantis a-t-il choisi Twitter pour annoncer sa candidature à la présidentielle américaine?

Le gouverneur de Floride, perçu comme le seul véritable rival de Donald Trump dans le camp républicain, a changé ses plans pour s'approprier les codes de communication du favori.

Elon Musk, patron de Twitter, et le gouverneur de Floride, Ron DeSantis (photomontage).
Elon Musk, patron de Twitter, et le gouverneur de Floride, Ron DeSantis (photomontage). AFP - ANGELA WEISS,CHENEY ORR
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Il se lance enfin face à Donald Trump après des mois de suspense et de campagne non officielle.

Le républicain Ron DeSantis a déposé mercredi auprès des autorités électorales américaines sa candidature à l'élection présidentielle de 2024. Le gouverneur de Floride a formalisé cette candidature dans un document transmis à la Commission électorale fédérale, quelques heures avant un échange prévu avec Elon Musk sur Twitter, au cours duquel l'annonce sera faite.

À 18h, à Washington, ce mercredi (minuit, heure de Paris), le gouverneur de Floride annoncera ainsi sa candidature à l’investiture républicaine de façon inédite, en direct sur Twitter, au cours d’une conversation audio - un « Space » - avec Elon Musk, modérée par l’investisseur David Sacks. 

Cette information a été rapidement confirmée par le patron du réseau social. « Je vais interviewer Ron DeSantis et il a une sacrée annonce à faire », a-t-il déclaré lors d'un échange avec le Wall Street Journal, précisant que ses questions ne seraient pas écrites à l’avance. Initialement, cette déclaration de candidature devait être faite depuis Dunedin, dans la banlieue de Tampa (Floride), la ville natale de DeSantis.

C'est que le milliardaire ne cache plus ses accointances avec la droite dure américaine, lui qui fut pourtant un soutien enthousiaste d'Obama, et un électeur « à contrecœur » de Biden, en 2020. Il a d'abord su se faire apprécier des milieux les plus conservateurs aux États-Unis, en permettant le retour de Donald Trump sur Twitter, dont le compte avait été suspendu au lendemain de l'assaut donné par ses partisans sur le Capitole. Une réhabilitation au nom de la « liberté d'expression », dont le milliardaire se veut le chantre.

Il a ensuite multiplié les déclarations sur des thèmes chers à la droite dure américaine. En décembre dernier, il étrille la gestion de la pandémie de Covid-19, en s'en prenant au docteur Anthony Fauci, ancien conseiller de la Maison Blanche et figure honnie des milieux anti-vax. En avril dernier, il « alerte » à nouveau sur un autre « virus », « woke » celui-là : « Je pense que cela dure depuis un moment. La quantité d'endoctrinement qui se passe dans les écoles et les universités est, je pense, bien au-delà de ce que les parents réalisent », précise-t-il dans l'émission Real Time With Bill Maher, à propos de cette idéologie mal-définie, centrée sur les questions d'égalité et de défense des minorités, qu'il semble abhorrer. 

Un pied-de-nez à son rival

Mais Elon Musk est-il plutôt Trump, candidat déjà déclaré à la magistrature suprême, ou DeSantis ? Souvent interrogé sur le sujet, le patron de Twitter semble avoir une idée plus précise à mesure que les mois passent. En novembre dernier, lors d'une discussion avec des utilisateurs de la plateforme, il avait donné sa préférence à l'actuel gouverneur de Floride, sans toutefois s'engager fermement, disant préférer, avant tout, un candidat « raisonnable et centriste »L’année dernière, pourtant, il l'avait déjà soutenu avant sa réélection éclatante à la tête de son État.

Cette déclaration de candidature est donc, d'une part, un beau renvoi d'ascenseur de la part de DeSantis, mais aussi un pied-de-nez de ce dernier à son concurrent direct, dont la parole a longtemps polarisé les discussions conservatrices sur le réseau social. D'autant que le nouveau challenger déclaré n'est pas vraiment un adepte des nouvelles technologies. Il ne tweete pas, pas plus qu'il n'envoie de SMS ou d'email, selon de récentes révélations de Semafor.

« Ça lui permet aussi de renouer avec une certaine image du Parti républicain, proche des entreprises – là, il montre sa proximité avec Twitter », analyse sur RFI Tamara Boussac, maîtresse de conférences en études américaines à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Cet affichage avec le libertarien Elon Musk, « très critique de l’impôt et de l’État » peut également lui permettre de grignoter des voix dans l’électorat conservateur. « Au-delà de la Floride, c’est quelque chose qui peut parler aux républicains. »

Cette annonce intervient aussi alors que les donateurs de Ron DeSantis se réunissent dans un hôtel de Miami, afin d'entamer une levée de fonds. S'il est le principal rival de l'ancien président dans la course à la Maison Blanche dans le camp républicain, le gouverneur de Floride accuse un sérieux retard dans les enquêtes d'opinion. Et il aura besoin de coups d'éclat pour exister face à un Donald Trump très à l'aise avec les polémiques, bien qu'empêtré dans une série d'affaires judiciaires.

Les soutiens de l'ancien président ont d'ailleurs rapidement réagi, fustigeant « l'un des lancements de campagne les plus déconnectés de l'histoire moderne ». 

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