Royaume-Uni: Boris Johnson auditionné sur sa gestion de la pandémie de Covid

Boris Johnson a entamé son audition par des excuses, ou presque. « Je suis désolé pour la douleur, les souffrances et les décès des victimes. » Mais dans sa déclaration préliminaire, l'ancien Premier ministre s'évite en fait des excuses personnelles, précise notre correspondante à Londres, Émeline Vin.

En amont de son audition, il avait déjà exprimé des « excuses pour les erreurs que nous avons inévitablement commises ». Pour quelles erreurs précises vous excusez-vous ?, interroge l'avocat en charge de l'audition. Boris Johnson hésite. « Face à une situation aussi inédite, vous commettez forcément des erreurs », dit-il.

Desquelles parlez-vous ?, le relance-t-on. Atermoiements de l'ancien dirigeant. L'ex-chef du gouvernement admettra notamment des ratés dans la communication de l'exécutif. Selon lui, « nous avons pu commettre des erreurs. Inévitablement, nous avons fait certains mauvais choix. Mais nous faisions de notre mieux. »

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L'avocat lui parle également des débats qui se tenaient sur WhatsApp entre lui et les autres responsables de la gestion de crise. Qui prenait les décisions, chaque ministre dans son coin ou aviez-vous le dernier mot ? « Les deux », répond BoJo. Alors, prenez-vous tout de même la responsabilité de chaque décision ? « Évidemment. »

Quelque 5 000 messages ont disparu du téléphone de Boris Johnson. « Je ne sais pas exactement pourquoi, se lance-t-il, mais je crois que… ça a un rapport avec… une panne de l'application. Ça a automatiquement effacé des messages. » Et de préciser aussitôt : « Mais je n'ai rien supprimé ! »

La présidente de l'audience a dû interrompre deux fois l'interrogatoire, entre autres parce qu'un protestataire refusait de s'asseoir et brandissait une pancarte à l'adresse de Boris Johnson : « Les morts ne peuvent pas entendre vos excuses ». Le Covid a tué plus de 232 000 personnes au Royaume-Uni.

Le 23 mars 2020, un premier confinement est imposé aux Britanniques, suivi de deux autres. Aveu de l'ex-Premier ministre pendant l'audition : le Royaume-Uni a tardé à agir. « Personne ne m'a rien fait remonter, vraiment. Mais il serait juste de dire que nous avons sous-estimé l'ampleur et l'urgence du défi. »

Quid des déclarations parfois choquantes, comme le fait que le Covid-19 puisse constituer au final une manière naturelle d'éliminer les personnes âgées ? « Ces commentaires n'avaient pas vocation à être rendus publics », justifie Boris Johnson, qui avait lui-même failli mourir du Covid au début de la crise, en avril 2020.

Puis des fêtes illégales à Downing Street durant cette période ont fait scandale après coup, et contribué à sa chute. Le chef du gouvernement avait finalement été contraint à la démission en juillet 2022. Au Royaume-Uni, comme ailleurs en Europe, la pandémie a causé de fortes tensions dans un système de santé déjà fragile.

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