Accéder au contenu principal

Procès de l'attentat de Strasbourg: le cour se penche sur le profil du terroriste

Une semaine après l’ouverture de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, la Cour se penchait sur le profil du terroriste Cherif Chekatt. La Cour a entendu un de ses frères, son père et Michael Chiolo, un ex-codétenu qui sera jugé l’an prochain pour avoir poignardé deux surveillants en prison. Mais au terme de 9 heures d’audience, les contours du profil de Cherif Chekatt restent flous.

Des policiers montent la garde près de la salle d'audience du procès de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en 2018, au palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité, à Paris, le 29 février 2024.
Des policiers montent la garde près de la salle d'audience du procès de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en 2018, au palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité, à Paris, le 29 février 2024. © Ian Langsdon / AFP
Publicité

Compte rendu d'audience, Laura Martel

En France, quatre personnes sont jugées pour avoir participé, à divers degrés, à fournir des armes à Cherif Chekatt, Strasbourgeois de 29 ans. Ce dernier avait été abattu par les forces de l’ordre, deux jours après son parcours meurtrier du 11 décembre 2018, au cours duquel il avait tué cinq personnes.

Il y a d’abord la logorrhée du frère ainé, « théâtral, contradictoire, vindicatif et inquiétant » résume un avocat des parties, dont il ressort surtout qu’il considère son cadet comme « une victime ». « Mon frère, c’était quelqu’un de bien, mais qui a vécu beaucoup d’injustices », avance-t-il, avant de continuer : « il était doux, généreux, mais malheureusement naïf et pas adapté à vivre dans ce monde ». « Son acte est inexcusable, mais il l’a commis parce qu’il a été pourri pendant son enfance », ajoute-t-il.

Vient ensuite le père. Ce dernier a des liens distendus avec ce fils, sur qui il a finalement peu à dire, au-delà du fait qu’il était « gentil et poli » et qu’il ne l’aurait « jamais cru capable » d’un tel crime. 

À lire aussiProcès de l'attentat de Strasbourg: les contours flous du profil de Chérif Chekatt

Un attrait pour l'EI

Le plus clair est finalement Michael Chiolo. Ce partisan assumé de l’État Islamique, qui en revendiquant l’attaque de deux surveillants, avait aussi parlé de « venger » Cherif Chekatt. « Un homme qui allait au bout de ses croyances et de ses convictions », décrit-il, au milieu d’un discours calqué sur la propagande de Daesh.

« Dès 2014, Cherif avait un certain attrait pour l’EI. Il avait en tête de s’en prendre à la France », confie le témoin, puis d’expliquer : « il n’en a parlé qu’une fois. L’EI préconise des précautions pour éviter l’arrestation. À la place de Cherif, si je cherchais une arme, j’aurais évoqué un braquage. Si vous parlez d’attentat, même un ami de 15 ans peut vous dénoncer ».

Un point intéressant pour le principal accusé, qui soutient justement qu’il pensait vendre une arme à son ami délinquant pour un projet criminel, et non terroriste.

Au final, nous avons été rattrapés par les balles en France et c'est ça qui est très triste.

00:55

La parole aux parties civiles au procès de l’attentat de Strasbourg. Parmi les victimes du terroriste: Kamal Nagchband, 45 ans, Français d’origine afghane qui avait fui le terrorisme dans son pays. Sa nièce Feloza a témoigné.

Laura Martel

Le témoignage de la veuve de Kamal Nagchband, l'une des victimes

 

La parole aux parties civiles au procès de l’attentat de Strasbourg. Le 11 décembre 2018, Cherif Chekatt,29 ans, abattu deux jours plus tard par la police, avait tué cinq personnes sur le marché de Noël. Parmi elles, Kamal Nagchband, 45 ans, un Français d’origine afghane qui avait fui l’arrivée au pouvoir des talibans à la fin des années 90. Sa famille, dont sa veuve, Saghar, ont livré des témoignages très forts.

L’émotion, dans la voix entrecoupée de sanglots de Saghar est si poignante, qu’on en oublie l’interprète. Ce soir-là, Kamal, l’ingénieur agricole afghan devenu garagiste français, est exceptionnellement rentré plus tôt du travail. Il a promis à ses enfants de 2, 5 et 6 ans de leur montrer le marché de Noël. « Il m’a dit : habille-les bien, il fait froid », témoigne sa veuve.

Dans les rues animées, la famille débat où manger, prend quelques photos. « Il tenait notre fille par la main. Nos fils marchaient devant. Nous étions heureux », raconte Saghar, la voix brisée. Soudain, « l’homme est arrivé, il a touché mon mari à l’épaule. Je pensais qu’il voulait demander quelque chose, mais il a pris son pistolet ». Kamal s’effondre. « Tout est devenu sombre, la nuit s’est comme abattu », souffle-t-elle. « J’ai vu le sang sur son front. J’ai commencé à crier ».

Des témoins poussent Saghar et les petits, en état de choc, à se mettre à l’abri. L’attente dure des heures. « Je n’arrivais pas à regarder mes enfants dans les yeux » confie-t-elle. Kamal décèdera le surlendemain, dans cet hôpital qui a vu naitre leurs trois enfants, mais devant lequel elle ne peut plus passer aujourd’hui « sans avoir le souffle coupé ».

« Ces dernières années ont été très difficiles », résume simplement Saghar. Que dire à sa fille, qui, tournant fièrement dans sa robe, voudrait la montrer à son papa et demande, comme souvent, quand il reviendra ? Cette petite fille de huit ans désormais, qui comme ses frères, enlace sa maman de toutes ses forces après son témoignage.

À lire aussiLe récit glaçant sur l’attentat de Strasbourg: «15 minutes pour sauver ma vie»

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.