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Élections municipales en Turquie: les électeurs mécontents face à une inflation galopante

Des élections municipales auront lieu en Turquie ce dimanche 31 mars. Réélu l'an dernier, le président Erdogan espère parachever sa victoire en s'emparant des grandes villes, en particulier Istanbul, passée à l'opposition en 2019. Mais sa politique économique, qui devait ralentir l'inflation, a particulièrement déçu les électeurs. 

Un Turc marche dans les rues d'Istanbul, passant devant une affiche de campagne à l'effigie du candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Ekrem Imamoglu, le maire sortant, le 25 mars 2024.
Un Turc marche dans les rues d'Istanbul, passant devant une affiche de campagne à l'effigie du candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Ekrem Imamoglu, le maire sortant, le 25 mars 2024. © YASIN AKGUL / AFP
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Contrairement à ce que le chef de l'État turc avait espéré et promis, la nouvelle politique économique mise en place à l'été dernier n'a pas encore produit les effets escomptés. Les Turcs se rendent donc aux urnes dimanche 31 mars pour voter aux élections municipales avec une inflation toujours aussi forte, et même en hausse. Cette dernière suscite la colère chez ses opposants, mais aussi chez une partie des électeurs du pouvoir. 

Juste après sa réélection l'an dernier, Recep Tayyip Erdogan avait en effet radicalement révisé sa politique économique. L'objectif était d'enrayer la très forte inflation et de présenter de bons résultats à l'approche des municipales. Principal outil : le taux directeur de la Banque centrale, qui a grimpé de 8,5 à 50% en neuf mois.

« Ce gouvernement a détruit notre pouvoir d'achat »

Pourtant, l'inflation n'a pas ralenti. Au contraire : la hausse des prix sur un an était de 40% avant les dernières élections, contre 67% le mois dernier. Les mesures tardent à faire effet, ce qui déçoit une partie des électeurs du président.

C'est le cas de Nafiye, 22 ans, caissière dans une épicerie d'Istanbul. « Mon salaire n'est pas suffisant. Toute ma famille dépend des aides sociales. J'aurais bien aimé que le président annonce une hausse du salaire minimum avant les élections », indique-t-elle, à notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.

Mais les plus mécontents sont sans doute les retraités turcs, notamment ceux qui touchent la pension minimum, soit 10 000 livres – quand le salaire minimum net est de 17 000 livres. Eux aussi attendaient un geste avant les élections.

Mehmet, rencontré dans un meeting du maire d'Istanbul, l'opposant Ekrem Imamoglu, est particulièrement remonté contre le gouvernement : « Je suis retraité, je vote pour ceux qui se soucient des retraités ! Et encore, je ne suis pas le plus à plaindre. Ce gouvernement a détruit notre pouvoir d'achat ! », lance-t-il. La plupart des économistes s'attendent à ce que les autorités mènent une politique d'austérité après les municipales.

Istanbul, « trophée » convoité du pouvoir

Dimanche, les habitants des grandes villes du pays éliront leur maire mais aussi leurs conseillers municipaux, leurs maires d'arrondissement et leur muhtar, sorte de chef de quartier. Selon les enquêtes d'opinion, Istanbul et Ankara devraient rester aux mains du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation d'opposition qui les avait conquises il y a cinq ans. 

Avec ses seize millions d'habitants et ses 30% du produit intérieur brut, Istanbul est « le plus gros trophée de la politique turque », résume Berk Esen, politiste à l'université Sabanci d'Istanbul à l'AFP. La principale ville de Turquie, qui a perdu son rang de capitale au profit d'Ankara en 1923, est une immense vitrine politique dont le président Recep Tayyip Erdogan, maire d'Istanbul dans les années 1990, a tiré profit pour se forger un destin national.

Face au maire sortant Ekrem Imamoglu, le parti AKP (islamo-conservateur) au pouvoir présente un ancien ministre peu charismatique, Murat Kurum, dont la défaite n'entamerait pas le crédit du chef de l'État.

« Dernières élections » organisées sous Erdogan

Izmir, troisième ville du pays et bastion du CHP, semble rester hors de portée de l'AKP. Le parti au pouvoir pourrait par ailleurs reculer dans plusieurs grandes villes d'Anatolie au profit d'une formation ultra-conservatrice (Yeniden Refah), comme le prédisent des analystes qui ont noté une moindre affluence aux meetings tenus en présence du chef de l'État - possiblement à cause du jeûne du ramadan. 

Au pouvoir depuis 2003, d'abord comme Premier ministre puis comme président à partir de 2014, Erdogan a annoncé début mars que ces municipales seraient les « dernières élections » organisées sous son autorité, la constitution actuelle ne l'autorisant pas à briguer un nouveau mandat, sauf en cas d'élection anticipée.

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