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Les négociations pour un traité contre la pollution plastique se poursuivent malgré de profondes divergences

Environ 170 pays sont à Ottawa, au Canada, pour tenter de parvenir à un traité contre la pollution plastique. La nouvelle session de négociations internationales a repris mardi 23 avril, jugée cruciale par les négociateurs, car il ne restera ensuite plus qu'une rencontre en Corée du Sud, pour espérer conclure un accord dès cette année comme prévu. Or, si les différentes parties se rejoignent sur la nécessité d'un traité, elles divergent sur le fond.

Une installation représentant un robinet d'eau avec des bouteilles en plastique en cascade est exposée par des activistes près du Centre Shaw, lieu de l'avant-dernière négociation du tout premier traité mondial sur les plastiques, à Ottawa, Ontario, Canada, le 23 avril 2024.
Une installation représentant un robinet d'eau avec des bouteilles en plastique en cascade est exposée par des activistes près du Centre Shaw, lieu de l'avant-dernière négociation du tout premier traité mondial sur les plastiques, à Ottawa, Ontario, Canada, le 23 avril 2024. © Kyaw Soe Oo / Reuters
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« Le message est clair. Le monde compte sur nous pour mettre en place un nouveau traité qui guidera les actions et la coopération internationale nécessaires pour un avenir sans pollution plastique » a déclaré Luis Valdivieso, le président du Comité international de négociations (INC) de l'ONU-Environnement. Nous ne pouvons pas échouer », a-t-il ajouté en déclarant la session de négociations ouverte.

L'objectif fixé en 2022 était de finaliser un texte d'ici la fin de l'année 2024 pour lutter par des mesures concrètes contre la prolifération de déchets plastiques partout sur la planète.

Les ONG environnementales ont dénoncé jeudi 25 avril la présence accrue des lobbyistes de l'industrie du pétrole parmi les participants. Avec 196 personnes présentes, il s'agit de la plus grande délégation et ces lobbyistes sont 40 % plus nombreux que lors du précédent round de discussions qui s'était déroulé au Kenya en novembre 2023, pointe dans un communiqué le Centre pour le développement du droit international de l'environnement (Ciel).

« La présence des lobbyistes augmente progressivement alors que les appels en faveur du traité se multiplient à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des négociations », dit l'ONG.

Les entreprises n'ont pas le droit de s'inscrire aux discussions mais des lobbyistes peuvent rejoindre des associations professionnelles ou des délégations nationales pour y participer. Ils « siègent dans les délégations des États alors que les communautés les plus touchées par la crise du plastique luttent pour faire entendre leur voix », dénonce de son côté Tori Cress qui représente les peuples autochtones.

« Besoin d’un traité mondial pour réduire la pollution plastique en urgence »

Pour le ministre de l'Environnement canadien Steven Guilbeault, hôte des discussions, il n'y a pas de « solution miracle ». « Pour assurer le succès des négociations, nous devons reconnaître que nous ne pouvons pas choisir entre recycler, interdire ou innover. Nous devons faire les trois », a-t-il ajouté. Dans un entretien à l'AFP quelques jours avant la rencontre, il avait estimé que l'objectif était de « parvenir à avoir un texte avec 60 à 70% des éléments validés » à la fin des discussions à Ottawa, le 29 avril.

La question de la faisabilité est l'une des préoccupations d'Adalberto Maluf, secrétaire d’État brésilien en charge de l’Environnement urbain au sein du ministère de l’Environnement. Il participe aux négociations à Ottawa et a été joint par Lucia Muzell de la rédaction brésilienne de RFI :

 

Nous avons besoin d’arriver aux négociations finales de novembre avec, au minimum, des critères très clairs ou une liste des plastiques visés. Le monde en développement va analyser cette liste, essayer de la comprendre, et évidemment on parlera de toute sorte de responsabilité pour la faire appliquer. Nous devrons parler de financement et des moyens de mise en œuvre. Nous ne pouvons pas parler d’un accord international sans discuter de la formation, du transfert de technologie [pour le recyclage], de financement pour les pays plus fragiles. Nous avons besoin d’une approche plus systémique, de penser concrètement comment on va soutenir les mairies partout dans le monde, pour qu’elles puissent structurer des bons systèmes de gestion des déchets, réduire la quantité d’emballages, en finir avec les plastiques non recyclables ou dont le recyclage coûte cher. Au Brésil, nous avons réussi à unifier notre position. Et nous lutterons pour un accord. Le monde ne peut pas attendre : nous avons besoin d’un traité mondial pour réduire la pollution plastique en urgence. Cela ne peut pas passer de cette année.

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Pour le secrétaire d'État en charge de l’Environnement urbain, il est nécessaire de «parler de faisabilité»

 

Car si les différentes parties se rejoignent sur la nécessité d'un traité, elles divergent en effet sur le fond. Certains pays et les ONG environnementales plaident pour une forte réduction de la production plastique d'ici 2040. Mais des pays producteurs de pétrole et les lobbys de l'industrie militent davantage en faveur du recyclage.

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Pollution qui ne cesse de s'aggraver, des microplastiques dans le sang ou le lait maternel

L'enjeu est immense car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout. Des microplastiques ont même été détectés dans le sang ou le lait maternel. La pollution plastique ne cesse de s'aggraver. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Or, seulement 9% des plastiques sont recyclés.

Lors des négociations de Nairobi en novembre 2023, le projet de traité est passé de 30 à 70 pages, certains pays ayant insisté pour inclure leurs objections aux mesures plus ambitieuses telles que les limites de production ou la réduction progressive.

Parmi eux, l'Arabie saoudite et d'autres membres de l'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. À l'opposé, les 65 membres de la « Coalition de la haute ambition », présidée par le Rwanda et la Norvège, et qui compte la majorité des pays de l'Union européenne, appuient des mesures plus ambitieuses.

De leur côté, les producteurs de plastique « ne soutiennent pas la réduction de la production comme solution au problème », explique à l'AFP Stewart Harris, qui représente l'American Chemistry Council (ACC). « Nous avons besoin d'un accord qui se concentre sur l'élimination des déchets plastiques » ajoute-t-il évoquant le recyclage et l'économie circulaire.

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