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Déjà frappé par des inondations, le Kenya en alerte avant l'arrivée du premier cyclone de son histoire

Au Kenya, la vigilance aux intempéries monte d'un cran alors que le cyclone Hidaya s'apprête à toucher la côte dans 48 heures. Depuis mars, le Kenya est frappé par de violentes pluies, liées au phénomène El Niño, qui se sont encore abattues sur le pays ces derniers jours. Ce vendredi 3 mai au matin, le dernier bilan du ministère de l'Intérieur s'élevait à 210 morts, 90 disparus et 195 000 personnes affectées. Accusé de mauvaise gestion et manque de prévoyance, le président kényan William Ruto vient d'annoncer de nouvelles mesures.

Des personnes se rassemblent sur un pont où le corps d'une femme a été récupéré, après que les eaux de crue aient emporté des maisons, dans le village de Kamuchiri Mai Mahiu, dans le comté de Nakuru, au Kenya, le mardi 30 avril 2024.
Des personnes se rassemblent sur un pont où le corps d'une femme a été récupéré, après que les eaux de crue aient emporté des maisons, dans le village de Kamuchiri Mai Mahiu, dans le comté de Nakuru, au Kenya, le mardi 30 avril 2024. © Brian Inganga / AP
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Avec notre correspondante à Naïrobi, Gaëlle Laleix

Le président kényan le reconnaît : jamais le pays n'a affronté une catastrophe naturelle pareille. Hidaya sera le premier cyclone à frapper les côtes kényanes. « Ce cyclone, nommé Hidaya, qui pourrait frapper n'importe quand maintenant, devrait provoquer des pluies torrentielles, des vents violents et des vagues puissantes et dangereuses », a déclaré le président Ruto lors d'une conférence de presse à Nairobi.

Le cabinet présidentiel s'est réuni trois fois cette semaine pour fournir un plan de réponse. Le président William Ruto, qui a placé le pays en état d'alerte, l'a alors présenté : « Le gouvernement a identifié 178 barrages et retenues d'eau qui sont déjà pleins et présentent un danger imminent pour les populations avoisinantes. Des zones sujettes aux glissements de terrain et coulées de boue dans plusieurs comtés ont été signalées comme "extrêmement dangereuses" et doivent être évacuées », a-t-il dit.

« Des avis de relocalisation ont été publiés : les mesures que nous prenons aujourd'hui visent à répondre à l'urgence, mais si nous voulons affronter cette menace sur le long terme, nous devons reconnaître le changement climatique et agir pour en inverser les effets », a-t-il ajouté.

Autres mesures annoncées : le déploiement de l'armée et de la police pour encadrer les évacuations et distribuer de l'aide humanitaire. La rentrée scolaire a également été de nouveau reportée, cette fois-ci jusqu'à nouvel ordre. Pour autant, le président n'a toujours pas déclaré le statut de « désastre naturel ».

Le cyclone Hidaya culminera avec des rafales de 165 km/h lorsqu'il touchera terre en Tanzanie voisine samedi, selon le centre climatique régional ICPAC. Les autorités tanzaniennes ont prévenu vendredi que le phénomène météorologique baptisé Hidaya « s'est renforcé pour atteindre le statut de cyclone à part entière » à 03H00 locales au moment où il était localisé à quelque 400 km du sud-est de la ville de Mtwara. « Le cyclone Hidaya a continué à se renforcer, avec des vents atteignant 130 km/h », ont-elles indiqué dans un bulletin météo.

Pluies et inondations meurtrières

Ce cyclone inquiète d'autant plus que le pays est déjà frappé par de violentes pluies et inondations qui ont causé des dizaines de morts dans le pays. À Kibera, le plus grand bidonville de la capitale, les habitants sont toujours livrés à eux-mêmes. Samuel, un habitan du quartier Lindi, regarde sa maison dévastée : « Quand il a commencé à pleuvoir, on a vu l'eau rentrer dans les maisons. Elle a emporté nos lits, nos ustensiles de cuisine ou nos vêtements. Ces maisons aujourd'hui sont toujours remplies de boue. Le gouvernement a décidé de nous déplacer, mais jusqu'à présent, rien ne se passe. On ne sait toujours pas où aller ».

Maureen vient du même quartier. Elle aussi a perdu son logement. Depuis le début de semaine, elle s’est installée avec sa famille dans un quartier plus élevé de Kibera. « Les propriétaires des maisons plus élevées augmente les loyers. Avant les inondations, on payait 1 500, aujourd'hui, c'est 3 000. J'ai perdu ma maison dont j'étais propriétaire et je dois maintenant payer un loyer alors que je n'ai pas de travail », témoigne-t-elle.

Jeudi matin, les autorités ont donné 24h aux populations en zones inondables pour évacuer les lieux. Mais encore faut-il en avoir les moyens, déplore Sarah Dafala, du centre pour la justice sociale de Kibera. « Quand les gens vivent dans les bidonvilles, ils s'installent parfois sur les berges et construisent leurs maisons. Ce sont des gens pauvres. Nous ne savons pas où ils peuvent aller », indique-t-elle. Et d'ajouter : « J'aimerais que le gouvernement puisse nous dire ce qui est en haut et qui est srr. Il n'a fourni aucun refuge ».

À Kibera, 214 personnes ont perdu leur logement, selon le Centre pour la justice sociale. Pour l’heure, elles ont trouvé refuge dans les églises et mosquées du quartier. Ici, la solidarité se met en place. 

01:30

Dans le bidonville de Kibera, la solidarité s'organise

Gaëlle Laleix

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