Football: une soirée d'hommage inaboutie pour Mbappé, à l'image de son histoire avec le PSG

Comment dire au revoir au meilleur buteur de son histoire, qui a déçu sportivement une partie du public et humainement une partie de la direction cette saison ? Cette question, le PSG a refusé d'y répondre ce dimanche soir, pour la dernière apparition de Kylian Mbappé au Parc des Princes contre Toulouse. Un match comptant pour la 33e journée de Ligue 1, perdu 3-1, sans réel enjeu sportif, mais plutôt mémoriel.

« Enfant de la banlieue parisienne, tu es devenu une légende du PSG », a affiché le virage Auteuil à un quart d’heure du coup d’envoi. Ce terme de légende a fait débat ces derniers jours, pour savoir s’il fallait l'employer, ou non, au sujet du Bondynois. En réalité, ce débat aura surtout été ouvert par la déception de l’élimination inattendue en Ligue des champions, lors de laquelle « KM7 » n’a pas été au rendez-vous. Mais les ultras ont tranché ce dimanche : après plus de 300 matches joués, oui, l’homme en est une. Assez pour hisser un grand tifo en son honneur, représentant l’attaquant réalisant sa célébration signature, les bras croisés, auréolé de lauriers, entre quelques fumigènes.

De quoi effacer partiellement les huées d’une partie du Parc, alors encore peu rempli, lors de la première annonce de la composition d’équipe avant le match. Sifflets vite oubliés lors de l’ouverture du score de la part de l’intéressé, après avoir couché Guillaume Restes et fini dans le but vide, à la minute numéro 7 comme son maillot, tout un symbole. Et ce, quand bien même Toulouse en a passé trois à un PSG indigeste.

Pas de célébrations pour Mbappé

Si le Bondynois semble tout faire de travers à Paris ces derniers mois, ou en tout cas, ce sera l’image qu’on en gardera, sa communication a été irréprochable dans la dernière ligne droite. Officialisation de son départ avant sa dernière apparition au Parc, histoire de placer définitivement la balle dans le camp de la direction parisienne pour ce qui est de l’hommage ; barbecue partagé avec une partie des ultras du CUP le soir de l’annonce de son départ, histoire de finir de s’assurer du soutien du virage Auteuil pour les images éternelles de sa dernière soirée dans la capitale ; et enfin comptes réglés sans tacles malhabiles, en omettant seulement de remercier Nasser al-Khelaïfi, avec qui il est en froid depuis qu’il lui a communiqué son choix de ne pas prolonger, dans son message d’adieu posté sur Instagram et visionné plus de 100 millions de fois. 

Un message préparé en secret, ou en tout cas sans en avertir la direction. Ce que le club n’a que peu goûté évidemment, et derrière quoi il pourra se cacher à l’avenir en cas de reproches sur le manque d’épaisseur des adieux. Et reproches, il y aura. Ou des débats, a minima, sur la place qu'a donné le club à sa star dans cette soirée. D'autant plus que, dans la lignée de Thiago Silva, Edinson Cavani ou Marco Verratti, la ville lumière a eu son lot d'adieux ratés. Ce soir, Mbappé n'aura eu droit à rien.

Les feux d'artifice, l'orchestre symphonique, l'écran géant projeté au milieu de la pelouse... rien de tout cela ne lui était destiné. Seul Michel Montana, le speaker du club lui aussi sur le départ, a scandé le nom du capitaine des Bleus au micro, peut-être même à son initiative personnelle. Même dans l'avant-match animé par le club, le nom de Kylian Mbappé a été savamment évité. « L'événement du soir, c'est bien sûr le titre de champion de France », ont ainsi annoncé les présentateurs.

Paris a perdu, le club a gagné ?

Et pourtant, le Français fait ses valises en bons termes avec le reste du monde. Même avec son entraîneur, Luis Enrique, qui n’a pourtant pas tremblé quand il a fallu inscrire le nom du Bondynois au niveau des remplaçants sur les feuilles de match. Même ces deux hommes, qui ne se sont pas compris, se vouent un immense respect. C’est dire la profondeur de la fracture avec les huiles du PSG.

Ce dimanche, le Paris Saint-Germain a perdu son match, mais Kylian Mbappé a gagné le sien. Alors qu'il était perçu, parfois, comme un homme à qui le club a tout donné, même les clés du camion sur les deux dernières saisons, et auquel il n'a pas rendu la gloire espérée. Même plutôt des polémiques parfois, à coup de déclarations savamment orchestrées pour mettre sa direction sous pression, ou de story Instagram postées au moment opportun afin de faire savoir que son positionnement sur le terrain ne lui plaît pas. Cette dernière soirée dans la capitale l'a transformé en légende qu'une institution fraîchement entrée dans la cour des grands n'a pas su honorer.

Pas certain que ces festivités soient les seules en l’honneur de « KM7 ». Peut-être le club, ou même le joueur et son entourage, leur habileté de communicants n’étant plus à prouver, réservent-ils encore un au revoir dans leur manche. Mais l’image qui restera à jamais était très probablement celle de ce soir.