Paris : des accusations de harcèlement contre la mairie du XXe

Ce mercredi, un rassemblement est organisé devant la mairie du XXe. En cause : le harcèlement qu’aurait subi une femme de ménage avant sa mort, en octobre dernier.

 Mairie du XXe. La femme de ménage retrouvée morte dans une bibliothèque, en octobre, aurait été victime de harcèlement, affirme Behanzin Ièga, président de la Ligue de défense noire africaine.
Mairie du XXe. La femme de ménage retrouvée morte dans une bibliothèque, en octobre, aurait été victime de harcèlement, affirme Behanzin Ièga, président de la Ligue de défense noire africaine. Elise Viniacourt.

    Son corps a été retrouvé à la bibliothèque de Couronnes, le 17 octobre. L'employée afro-caribéenne de 59 ans avait alors succombé à un arrêt cardio-respiratoire. La CGT pointait alors du doigt les dangers du travail isolé. Mais, depuis plusieurs jours, c'est un autre problème qui est mis en cause : avant d'être affectée à la bibliothèque, la technicienne de surface travaillait dans la mairie du XX e arrondissement et y aurait été victime de « remarques racistes, sexistes et grossophobes, proférées par le directeur général des services (DGS) de la mairie », affirme le site d'une organisation, le CJL (Comité justice et liberté pour tous).

    Comme l'a révélé une enquête de StreetPress, l'affaire a été signalée à la Ligue de défense noire africaine : « On a lancé une enquête. Elle a été harcelée, victime d'insultes négrophobes, notamment par son DGS, Monsieur C. », s'insurge Behanzin Ièga, président de la ligue. L'association organise un rassemblement devant la mairie du XX e arrondissement, ce mercredi, à 17 heures.

    Danielle Simonnet, conseillère municipale, a lancé un appel aux témoignages et une pétition, récoltant 500 signatures, a été mise en ligne, réclamant la révocation de Monsieur C. « Tout le monde le sait mais personne ne souhaite parler, les employés sont terrorisés », relève Behanzin Ièga.

    Cette peur serait, selon plusieurs anciens employés de la mairie, chose courante dans les locaux de la mairie. « Monsieur C. s'en prend aux personnes de couleur, c'est connu. Il n'hésite pas à faire des remarques qui pétrifient les gens, à dire aux femmes qu'elles sont grosses, ou mal habillées… » explique l'un d'eux, qui préfère rester anonyme, et explique avoir précipité son départ. « Il me disait : « On m'a mis ici pour mettre de l'ordre, remettre du "Blanc" dans tout ça » ». Des propos racistes que Monsieur C. aurait également tenus au cours de cérémonies. « A un mariage mixte, unissant une jeune femme blanche à un homme d'origine africaine, il a dit que c'était "contre-nature" ». L'ancien employé explique avoir tenté de protester : « Les gens ont très peur et refusent de parler. Ça fait dix ans que ça dure, et il est toujours en place. »

    Un autre ancien employé de la ville insiste : « Des histoires comme ça, avec Monsieur C., on en a beaucoup. » Une autre, qui a quitté la France depuis, explique que, si elle ne l'a jamais entendu avoir de propos racistes, « il tenait cependant souvent des propos désobligeants. J'ai fini par partir à cause de ce même Monsieur C. »

    Des accusations calomnieuses pour la mairie

    Pour Monsieur C. et Frédérique Calandra, maire PS de l'arrondissement, les accusations sont infondées et viennent d'un ancien employé de la mairie : « La personne qui a certainement lancé les articles parus a été employée par la mairie. Elle avait porté plainte contre Monsieur C. pour viol après qu'un différend les avait opposés, une plainte déclarée non avenue après enquête de police », retrace Frédérique Calandra.

    Les accusations proférées seraient donc un moyen de chercher vengeance selon l'élue et de l'atteindre politiquement. Monsieur C. a déposé plainte, lundi, contre le CJL et la Ligue de défense noire africaine pour diffamation. « Je n'ai jamais et me vois très mal prononcer ce genre de propos. J'ai toujours lutté contre la discrimination. Ces accusations sont contraires à mon parcours politique et militant ! » Il insiste sur le rapport cordial qu'il entretenait avec la défunte. « Elle a travaillé dans la mairie il y a 7 ans ! Je n'étais pas son supérieur mais je me souviens d'elle comme d'une femme au caractère joyeux. Il lui arrivait encore de passer à la mairie. » Pour éclairer l'affaire, la mairie a demandé un rapport d'inspection.

    Depuis, la famille de la défunte a demandé à ce que le rassemblement soit annulé, faute de preuve suffisante et ne souhaitant pas voir « le décès de leur mère récupéré pour des motifs qui leur échappent. »