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« Une présence policière à l’école demeure une solution poudre aux yeux »

Inutile de chercher aux maux de l’Education nationale des remèdes venant d’une autre institution ; c’est en son sein qu’il faut trouver la réponse, affirme Mathilde Ferez, enseignante, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 14 novembre 2018 à 06h30, modifié le 14 novembre 2018 à 13h17 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. La récente agression contre une professeure dans un lycée du Val-de-Marne a mis, pendant quelques jours au moins, le sujet de la violence à l’école sous les feux de la rampe. Mais cet événement a surtout permis à Jean-Michel Blanquer de regonfler, si besoin était, sa renommée. Ministre déjà populaire, les déclarations qui ont suivi l’affaire l’ont hissé au rang des meilleurs ministres d’Emmanuel Macron. Et une bonne partie des Français saluent son « courage », selon un sondage Odoxa réalisé les 24 et 25 octobre. Etrange qualificatif pour ce ministre qui, jusqu’alors, fait surtout ce qu’il peut. Il aurait été bien plus à propos de saluer le courage de ceux qui, chaque jour, sont face à des classes de trente élèves, afin d’essayer de leur inculquer les subtilités d’une discipline.

La vidéo de l’agression qui a circulé sur les réseaux sociaux est un exemple d’état paroxystique de la violence dans les établissements – même s’il peut se produire, et s’est même déjà produit, bien pire. La plupart du temps, les cours en collège ou en lycée, même en banlieue parisienne, se déroulent normalement. Ou plus ou moins normalement. Et c’est justement de ce « plus ou moins » que l’on ne parle jamais et que les ministres, les uns après les autres, cherchent à mettre sous le tapis.

Le vrai courage reviendrait à traiter ce plus ou moins, cet entre-deux qui épuise chaque jour les professeurs qui essaient de faire tourner la machine. Mais il est plus facile de laisser traîner cet entre-deux, puisqu’il donne l’illusion que tout fonctionne, tandis que les problèmes s’accumulent. Je n’en ferai pas la liste ici car une tribune ne suffirait pas. Concentrons-nous seulement sur la question de la violence.

Il me semble tout d’abord quelque peu naïf de s’étonner que l’école soit un lieu de violence. Il s’agit en effet d’un espace fermé où sont réunis contre leur gré pendant sept heures des élèves soumis à l’effort et à la discipline. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une violence brutale ni corporelle, mais d’un « pouvoir modeste, soupçonneux », pour reprendre les mots de Michel Foucault, qui canalise les désirs, les pulsions et, de ce fait, dresse les corps. Certains de mes élèves, qui n’ont pourtant jamais lu Foucault, nomment d’ailleurs le collège « prison ».

« Contre la violence de la règle, se heurte la résistance de l’élève. Il y a donc un entrechoquement des violences constitutif du cadre scolaire »

En tant que professeure, et comme républicaine, je vois évidemment des vertus à cette forme de violence, tant que cet arasement permet l’émergence, par la suite, d’un libre arbitre et d’une libre pensée. Cette violence disciplinaire répond à une nécessité sociale que l’on comprend aisément dès lors que l’on passe ne serait-ce que quelques heures dans un établissement. Aller chercher des élèves dans la cours de récréation pour les mener à la salle de classe relève presque de l’odyssée.

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