À Lyon, la filière de la soie est plus vivante que jamais

Les professionnels de la soie se retrouvent pendant quatre jours au festival «Silk in Lyon» pour témoigner de la bonne santé de la filière.

 Le festival de la soie « Silk in Lyon » au palais de la Bourse à Lyon.
Le festival de la soie « Silk in Lyon » au palais de la Bourse à Lyon. Silk in Lyon

    Chez les Denis, la soie est une affaire de famille. À 41 ans, Bruno Denis est le troisième du nom à diriger les Tissages Denis et Fils, entreprise fondée par son grand-père en 1956. À l'époque, pour trouver de la main-d'œuvre, André Denis avait dû s'éloigner un peu de Lyon. Aujourd'hui, à une trentaine de kilomètres de la capitale régionale, à Montchal, à la frontière du Rhône et de la Loire, les Tissages Denis et fils offrent un visage prospère.

    Dans cette entreprise ultramoderne où les machines de haute technologie ont remplacé les métiers à tisser des canuts, ses 62 salariés produisent ici des soieries de luxe destinées aux grands noms de la haute couture française et italienne. « Nous sommes spécialisés sur les produits de niche », confie Bruno Denis, qui a embrassé le métier avec passion à l'âge de 19 ans, « à côté de la haute couture, nous fournissons aussi les soieries pour confectionner les costumes de scène pour l'opéra, les comédies musicales ». C'est ainsi que les étoffes chatoyantes qui sortent de ses ateliers se retrouvent dans le monde entier sur les artistes du Cirque du Soleil.

    Bruno Denis, à la tête des Tissages Denis et Fils, fabricants de soieries pour la haute couture et les costumes de scène/Catherine Lagrange
    Bruno Denis, à la tête des Tissages Denis et Fils, fabricants de soieries pour la haute couture et les costumes de scène/Catherine Lagrange Silk in Lyon

    Chez Denis et Fils, puisque l'élevage du ver à soie s'est éteint en France depuis des décennies, c'est Bruno qui va sélectionner personnellement le fil de soie en Chine ou au Brésil. À Montchal, il maîtrise ensuite toute la chaîne de fabrication, de la création artistique au tissage, en passant par l'ourdissage mais aussi, par l'intermédiaire d'entreprises associées, le moulinage, la teinture et l'ennoblissement. La crise du textile ? Si elle a effectivement frappé à la fin du XXe siècle, elle n'est plus aujourd'hui qu'un lointain souvenir. « Contrairement aux idées reçues, c'est un secteur en pleine santé et qui embauche régulièrement », explique le jeune patron, « un secteur qui offre des possibilités d'évolution, et de très nombreux métiers, stylistes, designers, tisseurs, mécaniciens, mais aussi des métiers de laboratoire, de finition, de contrôle qualité… »

    C'est pour faire passer ce message, et montrer au grand public la richesse des créations et des savoir-faire de cette filière historique de la région lyonnaise, que Bruno Denis et son équipe exposent, à partir de ce jeudi, avec une centaine de professionnels du secteur, au festival « Silk in Lyon ». Au programme de ces quatre jours où 12 000 visiteurs sont attendus, vente de soieries de luxe et d'accessoire, à prix d'usine. Mais aussi découverte, à travers expositions, films et ateliers, de toutes les étapes du travail de la soie et de ses métiers. Avec 626 entreprises, 17 460 emplois et un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'euros, la région Auvergne-Rhône-Alpes est la première région textile de France et la capitale incontestée de la filière soie.

    «Silk in Lyon», jusqu'au 18 novembre, Palais de la Bourse de Lyon.