L’acteur de Champigny remporte le prix d’interprétation masculine de Cinébanlieue 2018

Mahamadou Coulibaly a été sacré ce vendredi soir pour son rôle dans « Bulles d’air », un court-métrage dans lequel il interprète un homme de retour d’un séjour en hôpital psychiatrique.

 Mahamadou Coulibaly (à droite) a reçu le prix d’interprétation masculine pour « Bulles d’air », du réalisateur Daouda Diakhaté (à gauche).
Mahamadou Coulibaly (à droite) a reçu le prix d’interprétation masculine pour « Bulles d’air », du réalisateur Daouda Diakhaté (à gauche). DR

    « Je ne m'y attendais pas du tout, je pensais juste aller à une projection du film ». Mahamadou Coulibaly est totalement tombé des nues, vendredi soir, en recevant le prix d'interprétation masculine de Cinébanlieue 2018. L'acteur, qui a grandi et vit toujours au Bois-l'Abbé, à Champigny, est récompensé pour son rôle dans le court-métrage « Bulles d'air » de Daouda Diakhaté. Un film de 30 minutes dans lequel il interprète Omar, 30 ans, qui sort d'un long séjour en hôpital psychiatrique. En rentrant dans le quartier où il vit avec son père et sa petite sœur, la seule chose qui l'intéresse c'est d'avoir des nouvelles de son ex-petite amie.

    « Pour décrocher ce rôle j'ai passé un casting proposé par mon agent, raconte Mahamadou Coulibaly. En lisant le scénario, j'ai eu un coup de cœur pour ce personnage, totalement à l'opposé de moi. » L'acteur qui s'est fait connaître dans « Banlieue 13 » ou la série de Canal + « Les Lascars » fuit désormais les rôles trop proches de ce qu'il est, « des clichés sur la banlieue ».

    « C'est un acteur dingue, fou, avec un immense charisme »

    Bulles d'air a aussi remporté le Grand Prix Cinébanlieue et le Prix Etudiant de l'université Paris XIII. « C'est un rôle difficile, que certains auraient refusé parce qu'on peut se planter, je suis d'autant plus content de l'avoir fait », se réjouit Mahamadou Coulibaly.

    Avec « Bulles d'air », il a fait pleurer les spectateurs de ce festival parrainé pour cette édition par Reda Kateb. « C'est un acteur dingue, fou, avec un immense charisme, qui a réussi à incarner toutes les contradictions de son personnage. Un rôle complexe interprété avec finesse », a souligné le jury de Cinébanlieue, un festival lancé après les émeutes de 2005 pour « offrir une tout autre vision de ce qu'est la banlieue ».

    Or c'est exactement le but que poursuit au quotidien Mahamadou Coulibaly. Considéré comme l'un des grands frères du Bois-l'Abbé, il a tout fait pour que le film de Kery James « Banlieusards » y soit tourné en septembre et octobre dernier. Repéré la première fois lors d'une projection Art et Banlieue dans son quartier, alors qu'il a arrêté les études après la classe de seconde, l'acteur espère que le cinéma ouvrira ses portes à d'autres. « Les cités regorgent de talents, il faut juste que chacun sache qu'il peut avoir sa chance. Pour moi, ça ressemble à un conte de fées. »