C’est l’un des points clé qui a alimenté les polémiques durant l’été autour de Parcoursup, le nouveau système d’admission dans l’enseignement supérieur : les bacheliers de banlieue parisienne ont-ils été discriminés par ces nouvelles règles du jeu, issues de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), adoptée en mars ?
Face aux inquiétudes de lycéens et aux critiques d’enseignants, notamment de Seine-Saint-Denis, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal n’a cessé de se défendre de cette image de ségrégation qui pouvait être accolée à sa réforme, avançant au contraire des chiffres montrant une évolution positive de la mobilité.
Il n’empêche, c’est une mission spéciale sur le sujet que s’apprête à lancer le gouvernement, avec un parlementaire de droite pour la mener. Le sénateur UDI du Val-de-Marne Laurent Lafon va se pencher sur la mobilité des candidats à l’enseignement supérieur en Ile-de-France sur Parcoursup. L’élu, qui confirme l’information parue dans Le Parisien le 15 novembre, doit recevoir le tampon de Matignon sur sa lettre de mission dans les semaines qui viennent.
Deux comités déjà nommés
« On sait qu’il existe des freins dans l’affectation des bacheliers franciliens pour accéder aux établissements parisiens, il faut mettre fin à cette ségrégation des jeunes de banlieue par rapport aux universités parisiennes », estime le sénateur, qui va rencontrer universitaires, recteurs, collectivités locales, jusqu’au mois de janvier, date où il rendra ses préconisations au gouvernement.
Dès le vote de la loi ORE, avant même l’ouverture de la procédure Parcoursup, le parlementaire de droite avait défendu un amendement – rejeté – préconisant des règles de répartition à l’échelle de la région, afin de supprimer les frontières administratives entre les trois académies franciliennes (Paris, Versailles, Créteil).
Il ne sera pas seul à tenter d’y voir plus clair sur ce sujet sensible : deux comités ont déjà été nommés par le gouvernement pour travailler notamment au bilan général de Parcoursup – le comité d’éthique et scientifique de Parcoursup, et le comité de suivi de la loi, dont les rapports sont attendus d’ici la fin de l’année. Le Défenseur des droits s’est également saisi du dossier Parcoursup autour de la question des discriminations.
L’Ile-de-France est néanmoins un cas à part, de par sa taille et la situation très attractive des établissements parisiens. Les règles appliquées cette année ont été pour le moins complexes entre ses trois académies, provoquant l’incompréhension de nombreux candidats. La gestion des quotas géographiques créés cette année – c’est-à-dire le taux de bacheliers maximum venant d’une autre académie fixé dans chaque licence par le rectorat – a donné lieu à de multiples tensions entre recteurs et présidents d’université.
Mise en concurrence des universités
Résultat : une situation assez peu lisible, puisque dans certaines disciplines très demandées, comme les Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et la Paces (première année commune des études de santé), le recrutement s’est opéré au niveau de la région, tandis que dans d’autres filières sous tension, comme le droit, les trois académies restaient la frontière administrative de référence. Avec des taux très différents d’une université à l’autre : si Nanterre pouvait accueillir un maximum d’extra-académique de 1 %, les juristes de Paris-I ont obtenu, eux, un taux de 15 %.
Mais derrière cette volonté d’ouverture, déjà affichée par le gouvernement, la question est épineuse car c’est la mise en concurrence des universités pour sélectionner les meilleurs profils d’étudiants qui se dessine. L’élu de droite se dit déjà conscient de cette double difficulté : « Les universités de la première et de la deuxième couronne revendiquent, à juste titre, que les bons élèves de leur académie n’aillent pas systématiquement sur Paris, et que cette ouverture de la mobilité ne se fasse pas au détriment des universités en banlieue. »
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